Le
rideau s'ouvre sur l'écran, comme un spectacle qui va commencer. Car
Twin dragons est avant tout une comédie du Nouvel An, genre
phare à Hong Kong où les acteurs viennent divertir sans vergogne le
public. C'est donc par un flash-back que commence le film, 28 ans
auparavant, c'est-à-dire en 1965, en noir et blanc. Dans un hôpital
deux jumeaux viennent de naître. Les parents (Sylvia Chang et James
Wong) sont heureux d'avoir les plus beaux bébés du monde. Ils se
rendent compte que comme eux, ils ont un grand nez, gentille pique à
la physionomie de Jackie Chan.
Mais
un méchant arrive et échappe à la police, dans une parodie des
films de John Woo, le spécialiste du film d'action qui se déroule
dans un hôpital avec un bébé dans les bras. Pour se défendre, il
vole un des enfants et s'enfuit par la fenêtre. Les parents
désespérés par le chagrin s'envolent pour les Etats-Unis pour y
recommencer leur vie. Le jumeau perdu sera élevé par une femme de
petite vertu et alcoolique et deviendra garagiste et débrouillard.
L'autre deviendra un des plus grands pianistes au monde et restera un
gars prudent.
Retour
à aujourd'hui, soit 1991 et à la couleur, Boomer, le garagiste
(Jackie chan) passe son temps avec Tyson (Teddy Robin) à faire des
petites magouilles. On remarquera que les sous-titres français
s'évertuent à nommer le personnage de Teddy Robin Tarzan, comme si
on ne savait pas qui était Tyson, allusion au physique de l'acteur,
un type rabougri soit l'inverse même de celui du boxeur américain.
On sait se marrer dans le cinéma de Hong Kong. Quant à Jackie Chan,
dans les sous-titres, il est nommé « Casse-Cou », ce qui
correspond en revanche parfaitement à son caractère.
Les
deux amis décident d'aller voir la belle Barbara (Maggie Cheung).
Tyson a fait croire à Boomer qu'elle est sa petite amie. Elle est
chanteuse de cabaret, elle a les cheveux bleus et le patron, entouré
de tous ses hommes, l'observe. Tout ce que veut cet affreux jojo,
c'est la mettre dans son lit. La pauvre si innocente ne veut pas ça.
Boomer intervient, non seulement parce qu'il a cru au mensonge de son
ami mais aussi pour sauver Barbara des griffes de ce mafieux de
pacotille qui va ensuite passer tous le reste du film à chercher à
se venger (c'est cette vengeance qui tient lieu de scénario à Twin
dragons).
Les
garçons, mais surtout Boomer, détruisent tout le décor (un des
motifs de l'action chez Jackie Chan) de l'immense boîte de nuit
karaoké et ils foutent des baffes aux sbires du mafieux. Cette scène
de combat, comme celle du grand finale dans un entrepôt de test de
voitures, est typique des combats des films de Jackie Chan, aidé
dans les chorégraphies par Yuen Woo-ping. Chaque objet du décor est
une arme potentielle qui va être jetée sur l'adversaire. A cela il
faut ajouter dans les derniers combats que les gars se battent contre
deux Jackie Chan, l'un fort et l'autre faible, ce qui déroute les
combattants.
Trente
ans plus tard, Ma Yu (Jackie Chan) rentre à Hong Kong pour donner un
grand concert – il sera chef d'orchestre. Certes, il va jouer une
œuvre de Lowell Lo, le compositeur de la musique du film, une sorte
de symphonie pour trois claviers et une batterie électrique. C'est
un peu ringard, mais il est censé être une star. Il descend dans un
palace mais le portier le prend pour Boomer. Ma Yu sera épaulé
pendant son séjour par Tang-hsin (Nina Li-chi) dont le père
aimerait tant qu'elle se marie avec Ma Yu. Par un concours de
circonstance, les deux jumeaux vont se retrouver dans les mêmes
pièces et bientôt se rencontrer puis échanger leur place.
C'est
bien entendu autour de ce burlesque de situations et de quiproquos
dont Tsui Hark connaît le secret que le deuxième tiers du film va
se tourner. Les deux filles vont échanger leur Jackie Chan, le
garagiste aller avec Tang-hsin. Le musicien avec Barbara. Personne ne
va se rendre compte qu'il y en a deux. Effets de miroir à la Marx
Brothers, baignoire remplie de mousse où Jackie est tantôt nu
tantôt vêtu, confusion de la part du personnel du palace mais aussi
des truands. Tout est bon pour faire rire. Certes, on est en terrain
connu mais l'abattage des acteurs divertit beaucoup.
Film
plaisant, un peu impersonnel, comédie du Nouvel An oblige, tourné
vite fait bien fait, il permet aussi de voir quelques guests dans des
situations drolatiques. Les deux réalisateurs et le producteur Ng
Sze-yuen font une apparition dans la scène finale où ils jouent aux
cartes. John Woo fait un prêtre. Mention spéciale à Eric Tsang au
téléphone qui propose des scénarios de porno zoophile à son
interlocuteur et à Wong Jing en guérisseur incompétent. Et encore
plein d'autres personnes connues dans des petits gags. Twin
dragons a été réalisé dans le cadre d'une réalisation de
charité pour le syndicat des réalisateurs et a évidemment été un
immense succès populaire.
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