samedi 12 octobre 2019

Twin dragons (Ringo Lam & Tsui Hark, 1991)

Le rideau s'ouvre sur l'écran, comme un spectacle qui va commencer. Car Twin dragons est avant tout une comédie du Nouvel An, genre phare à Hong Kong où les acteurs viennent divertir sans vergogne le public. C'est donc par un flash-back que commence le film, 28 ans auparavant, c'est-à-dire en 1965, en noir et blanc. Dans un hôpital deux jumeaux viennent de naître. Les parents (Sylvia Chang et James Wong) sont heureux d'avoir les plus beaux bébés du monde. Ils se rendent compte que comme eux, ils ont un grand nez, gentille pique à la physionomie de Jackie Chan.

Mais un méchant arrive et échappe à la police, dans une parodie des films de John Woo, le spécialiste du film d'action qui se déroule dans un hôpital avec un bébé dans les bras. Pour se défendre, il vole un des enfants et s'enfuit par la fenêtre. Les parents désespérés par le chagrin s'envolent pour les Etats-Unis pour y recommencer leur vie. Le jumeau perdu sera élevé par une femme de petite vertu et alcoolique et deviendra garagiste et débrouillard. L'autre deviendra un des plus grands pianistes au monde et restera un gars prudent.

Retour à aujourd'hui, soit 1991 et à la couleur, Boomer, le garagiste (Jackie chan) passe son temps avec Tyson (Teddy Robin) à faire des petites magouilles. On remarquera que les sous-titres français s'évertuent à nommer le personnage de Teddy Robin Tarzan, comme si on ne savait pas qui était Tyson, allusion au physique de l'acteur, un type rabougri soit l'inverse même de celui du boxeur américain. On sait se marrer dans le cinéma de Hong Kong. Quant à Jackie Chan, dans les sous-titres, il est nommé « Casse-Cou », ce qui correspond en revanche parfaitement à son caractère.

Les deux amis décident d'aller voir la belle Barbara (Maggie Cheung). Tyson a fait croire à Boomer qu'elle est sa petite amie. Elle est chanteuse de cabaret, elle a les cheveux bleus et le patron, entouré de tous ses hommes, l'observe. Tout ce que veut cet affreux jojo, c'est la mettre dans son lit. La pauvre si innocente ne veut pas ça. Boomer intervient, non seulement parce qu'il a cru au mensonge de son ami mais aussi pour sauver Barbara des griffes de ce mafieux de pacotille qui va ensuite passer tous le reste du film à chercher à se venger (c'est cette vengeance qui tient lieu de scénario à Twin dragons).

Les garçons, mais surtout Boomer, détruisent tout le décor (un des motifs de l'action chez Jackie Chan) de l'immense boîte de nuit karaoké et ils foutent des baffes aux sbires du mafieux. Cette scène de combat, comme celle du grand finale dans un entrepôt de test de voitures, est typique des combats des films de Jackie Chan, aidé dans les chorégraphies par Yuen Woo-ping. Chaque objet du décor est une arme potentielle qui va être jetée sur l'adversaire. A cela il faut ajouter dans les derniers combats que les gars se battent contre deux Jackie Chan, l'un fort et l'autre faible, ce qui déroute les combattants.

Trente ans plus tard, Ma Yu (Jackie Chan) rentre à Hong Kong pour donner un grand concert – il sera chef d'orchestre. Certes, il va jouer une œuvre de Lowell Lo, le compositeur de la musique du film, une sorte de symphonie pour trois claviers et une batterie électrique. C'est un peu ringard, mais il est censé être une star. Il descend dans un palace mais le portier le prend pour Boomer. Ma Yu sera épaulé pendant son séjour par Tang-hsin (Nina Li-chi) dont le père aimerait tant qu'elle se marie avec Ma Yu. Par un concours de circonstance, les deux jumeaux vont se retrouver dans les mêmes pièces et bientôt se rencontrer puis échanger leur place.

C'est bien entendu autour de ce burlesque de situations et de quiproquos dont Tsui Hark connaît le secret que le deuxième tiers du film va se tourner. Les deux filles vont échanger leur Jackie Chan, le garagiste aller avec Tang-hsin. Le musicien avec Barbara. Personne ne va se rendre compte qu'il y en a deux. Effets de miroir à la Marx Brothers, baignoire remplie de mousse où Jackie est tantôt nu tantôt vêtu, confusion de la part du personnel du palace mais aussi des truands. Tout est bon pour faire rire. Certes, on est en terrain connu mais l'abattage des acteurs divertit beaucoup.


Film plaisant, un peu impersonnel, comédie du Nouvel An oblige, tourné vite fait bien fait, il permet aussi de voir quelques guests dans des situations drolatiques. Les deux réalisateurs et le producteur Ng Sze-yuen font une apparition dans la scène finale où ils jouent aux cartes. John Woo fait un prêtre. Mention spéciale à Eric Tsang au téléphone qui propose des scénarios de porno zoophile à son interlocuteur et à Wong Jing en guérisseur incompétent. Et encore plein d'autres personnes connues dans des petits gags. Twin dragons a été réalisé dans le cadre d'une réalisation de charité pour le syndicat des réalisateurs et a évidemment été un immense succès populaire.

























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