On
peut aisément dire que The Unbelievable truth et Trust me
forment un diptyque tant les deux films se complètent et se
répondent, Simple men est dans la même veine mais ne parvient pas à
établir la troisième partie d'une trilogie. Cette fois, Hal Hartley
réunit ses deux acteurs précédents, Robert Burke et Martin
Donovan, le premier en personnage principal (Bill McCabe), le
deuxième en personnage secondaire qui n'apparaît qu'au bout d'un
petit moment dans le film et n'a pas d'existence propre, il est juste
là.
Tout
commence par un cambriolage raté, Bill McCabe se fait planter par sa
petite amie Vera qui décide de s'enfuir avec le butin et le
troisième comparse. Hal Hartley démarre son film à New York par un
casse mais bifurque vite cette piste narrative (la vengeance
qu'imagine Bill tombe immédiatement à l'eau) en plongeant dans les
histoires de famille. Arrive le petit frère de Bill, Dennis (Bill
Sage) et tous deux partent à la recherche de leur père William dont
les journaux n'arrêtent pas de parler.
Simple
men s'entame alors comme un road movie mais où les voitures vont
vite s'arrêter, vont faire une étape dans un patelin de Long Island
pour ne plus jamais démarrer. Assez vite, on constate que le ton de
The Unbelievable truth et Trust me, ces histoires de
famille compliquées cèdent la place à une plus grande simplicité.
Certes on discute encore plus mais les dialogues se soldent à des
suites de monologues, à vrai dire, les personnages ne discutent pas
entre eux, ils passent leur temps à pose des questions au lieu de
donner des répondes.
Dennis
est précisément parti dans la quête de son père pour lui poser
une question essentielle pour lui (il le fera à la fin, en vitesse,
comme pour conclure un épisode de ce père dont on parle tout le
temps sans jamais le voir). Son petit air sage (l'acteur porte bien
son nom) avec ses petites lunettes le porte à être le plus
raisonnable des deux frères. Tellement sage et gentil qu'il s'excuse
tout le temps, n'ose jamais entamer et se permet à peine de draguer
la jeune femme qu'il croise dans le village Elina (Elina Löwenshon).
A
côté, Bill est plus aventureux, c'est un baratineur et n'arrête
jamais de causer. Un vrai moulin à paroles. Lui a choisi de séduire
Kate (Karen Sillas), une femme chez il échoue, une femme au visage
d'une immense tristesse et qui a peur que son ex ne débarque chez
elle. Au départ, Bill voulait se venger sur n'importe quelle femme,
faire en sorte qu'elle tombe amoureuse et ensuite l'humilier, mais il
va renoncer à son projet, là encore une bifurcation narrative, une
manière différente de procéder à un road movie.
Encore
une fois on lit dans ce troisième film de Hal Hartley, le père qui
ressemble bigrement à Samuel Fuller avec son manteau, fait réciter
un traité sur l'anarchie à ses ouailles (Elina, Dennis et Martin
Donovan). Mais surtout on parle comme dans un livre, très
littérairement tel ce flic déprimé qui veut arrêter Bill. Le film
rend surtout un grand hommage à Bande à part avec une longue
scène de café où les trois dansent ensemble comme le faisaient
Anna Karina et ses deux comparses.
Enfin
voilà, j'ai vu ces trois premiers films de Hal Hartley sans avoir
pour l'instant très envie de poursuivre. Pour l'anecdote, quand
Trust me était sorti au printemps 1992 (c'était le premier à
aller dans les salles françaises, avant The Unbelievable truth
et Simple men) avec quelques amis nous nous étions séparés
au cinéma, certains étaient allé voir Trust me, les autres La
Sentinelle d'Arnaud Desplechin, je crois que je n'ai jamais
regretté mon choix, je suis définitivement dans le camp d'Arnaud
Desplechin.
1 commentaire:
Alors, cela donne quoi un film de Hal Hartley
vingt ans après ? Il y a un ton, un univers,
incontestablement, mais aussi une très forte monotonie :
mêmes valeurs de plans durant tout le film (du gros plan et
du plan moyen, j'ai noté un seul plan d'ensemble), trois riffes
de guitare qui deviennent vite énervant, un rythme atone,
une insouciance qui se veut "godardienne" mais qui semble bien
factice, des comédiens qui font la gueule ...
Le charme est passé, le film n'est plus qu'un objet creux
et terriblement superficiel.
Ah, que le temps est cruel !
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