L'idéal
serait de rentrer dans The Walk au bout de 45 minutes, à
partir du moment où Philippe Petit (Joseph Gordon-Levitt) arrive à
New York pour accomplir ce que le funambule français appelle son
« coup » (en français dans le texte). Si vous arrivez
dès le début du film, vous devrez subir la longue présentation des
personnages. D'abord Philippe Petit qui s'adresse au spectateur du
haut de la flamme de la statue de la Liberté, en regard caméra.
Robert Zemeckis avait déjà lancé Forrest Gump de cette
manière, avec son protagoniste éponyme comme narrateur omniscient.
Joseph
Gordon-Levitt joue un Français et parle donc français quand le film
commence puisqu'il vit à Paris. Paris de 1973 est filmé en noir et
blanc avec force reconstitution de l'époque, 2CV et 4L roulent dans
les rues pavées sur une chanson de Claude François ou de Johnny
Hallyday. L'acteur a un léger accent américain, forcément, aussi
peu naturel que son accent français quand il parle anglais. Au bout
d'un moment, les couleurs reviennent à Paris et Philippe Petit parle
anglais car il veut se faire passer pour un new-yorkais.
On
rencontre ses futurs complices pour son projet fou : traverser
les 43 mètres qui séparent les deux tours jumelles à 420 mètres
d'altitude. D'abord son mentor, le patron d'un cirque (Ben Kingsley,
même souci d'accent français) qui lui apprend les techniques du
funambule. Puis Annie (Charlotte Le Bon) qui deviendra sa chérie,
Jean-Louis (Clément Sibony) qui sera son photographe officiel (et
pourtant on ne verra aucune image de l'époque, pas même dans le
générique de fin) et aussi Jean-François (César Domboy), un prof
de maths, utile pour calculer la juste tension des câbles.
Il
aurait suffi de vingt bonnes minutes pour la partie française qui
nage dans un romantisme cucul la praline assez fastidieux. Ainsi
quand The Walk démarre vraiment, à New York, on se réveille.
La préparation pour installer les câbles entre les tours jumelles
est mise en scène comme dans un film de braquage. Petit va
surveiller les allers et venues des gardiens, des ouvriers (l'un des
tours est encore en construction), il va imaginer théoriser comment
monter jusqu'au 101ème étage et comment tendre relier, sans se
faire choper, les câbles.
Cette
partie à l'humour diffus où les futurs complices de Philippe Petit
doutent de la santé mentale du héros, est suivie par la traversée
filmée en temps réel. On a beau savoir que tout est filmé en
effets spéciaux et connaître l'issue de ce voyage, on tremble de
tous nos sangs. Le vertige nous prend soudain, on est quelques
minutes Philippe Petit. La magie numérique et la 3D opèrent à
merveille. Le film s'achève avec une assertion sur le rêve
américain : le funambule a donné son âme à ces tours que les
habitants de New York détestaient jusque là. Le rêve américain,
Robert Zemeckis ne va pas se refaire.
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