Quel
étrange film que ce Sangue del mio sangue dernier film de
Marco Bellocchio qui revient cinquante ans après son premier film,
Les Poings dans les poches, tourner dans sa ville natale
Bobbio, dans l'Emilie-Romagne. Plongée immédiate dans le film
d'époque, disons le 17ème siècle dans un couvent. L'obscurité est
tout autant dans le couvent, à peine éclairé quand Federico Mai
(Piergiorgio Bellocchio) vient bruyamment frapper à la porte
cochère, que dans la mentalité des protagonistes. Federico débarque
en plein procès pour sorcellerie, la belle Benedetta (Lidiya
Liberman) est accusée par l'inquisiteur (Alberto Cracco) d'avoir
fait un pacte avec le malin. Le couvent est en fait une prison, au
sens propre comme au sens figuré.
Benedetta
est une nonne accusée d'avoir couché avec le moine Fabrizio, frère
de Federico. Pour la faire avouer, l'inquisiteur lui fait subir les
épreuves de l'eau ou du feu, pures aberrations religieuses montrées
dans leur jus, avec les visages sérieux et pénétrés des
religieux, certains d'accomplir une mission divine. Le moine blond
qui annonce les tortures avec un calme certain est hallucinant. Le
cinéaste, film après film, continue de décrire l'absolutisme
religieux, en l'occurrence catholique. Tout le monde est filmé comme
une bande de fous, sauf Benedetta qui ne répondra jamais à ces
questions insensées. Le film aurait pu virer au film d'horreur
teinté d'érotisme, il se glisse plutôt volontiers vers un
fantastique feutré.
Folie
de l'époque donc. Federico a toujours le glaive à la main prêt à
dégainer. Impulsif et fougueux, il tombe lui aussi follement
amoureux de Benedetta dès qu'il revêt l'habit de moine. Il est
accueilli par deux sœurs vieilles filles aux longs cheveux roux à
qui il va faire découvrir les plaisirs charnels. Une étrange
figure sombre apparaît dans la rivière qui coule dans Bobbio avant
de disparaître dans le torrent avec comme fond sonore une chanson de
Metallica chantée par un chœur d'enfants. On ne sait jamais où
Marco Bellocchio va emmener le spectateur, la deuxième partie
reprend les mêmes acteurs mais à notre époque avec un patriarche
mystérieux (Roberto Herlitzka). Je laisse aux aventureux des salles
obscures le soin de découvrir Sangue del mio sangue.
1 commentaire:
On suit avec un plaisir certain ce curieux film de vampire et de
sorcière, réalisé avec peu de moyens que compense
parfaitement la maîtrise de Bellochio.
Et l'on peut entendre son propos, plutôt modeste,
avec un pointe de curiosité :
si Billio est le monde, alors l'état de celui-ci est encore et
toujours une histoire de domination, celle des hommes sur
les femmes, où le désir inavoué des uns ne débouche que sur
la veulerie, la cruauté et la concupiscence à l'encontre
des autres.
Étonnant, non ?
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