Comme
Augustine, le premier film d'Alice Winocour, Maryland
est un titre en un seul mot. Il ne s'agit pas de l'état américain,
mais du nom de l'immense maison d'Antibes où vit Jessie (Diane
Kruger), épouse d'un homme d'affaires libanais et mère de leur fils
Ali. La visite de cette propriété au très grand jardin est faite
par Vincent (Matthias Schoenaerts), soldat entre deux missions qui
est embauché avec quelques uns de ses collègues pour faire les
vigiles un soir où de nombreuses personnalités doivent venir à une
fête organisée par le mari de Jessie. Vincent se rend dans toutes
les pièces, traverse tous les couloirs et observe grâce à de
nombreuses caméras de surveillance tout ce petit monde qui s'agite.
La cinéaste a comme objectif de faire de Maryland un personnage à
part entière du film, voire son personnage principal, comme le titre
du film l'indique bien.
Avant
de se lancer dans le vif du sujet, Maryland fait un détour
par le réel du travail, comme dans de nombreux films français du
moment (Grand central, Les Combattants). Vincent
s’entraîne au ralenti, il subit une visite médicale, il rencontre
d'autres soldats blessés comme lui. Vincent souffre de quelques
troubles (c'est important pour la suite du film) et tente de les
dissimuler. La cinéaste a une fascination pour son acteur qu'elle
filme de long en large, de dos avec sa carrure impressionnante ou en
gros plans sur son visage. Elle insiste sur son regard qui fusille
chaque personnage. Là commencent les problèmes du film. Alice
Winocour ne lésine pas sur les effets sonores pour créer son
ambiance, une ambiance lourde à grands coups de musique lancinante,
une sorte de techno lo-fi, de bruits hors-champ et de distorsions
sonores qui montrent un dérèglement chez Vincent.
Le
vif du sujet est un thriller où la maison devient le lieu de tous
les dangers. Pour justifier l'assaut par des hommes cagoulés de la
propriété, la cinéaste propose un sombre histoire de corruption
que Vincent résout en deux minutes avec un clic sur son smartphone
et la lecture de trois relevés de banque. Autant dire qu'Alice
Winocour ne s'est pas foulé. Elle est plus inspirée pour l'attaque
nocturne. On pense plus au Panic room de David Fincher plus
qu'au Assaut de John Carpenter. La cinéaste se révèle très
inspirée pour les scènes d'action, coups de feu et bastons entre
Vincent et les assaillants. C'est tellement rare dans le cinéma
français, qu'il faut s'en réjouir. Le film est alourdi par la
description des rapports entre Jessie et Vincent qui la regarde comme
un objet du désir, comme le médecin qu'incarnait Vincent Lindon
scrutait Augustine. La tension érotique est aussi mal abordée que
le motif géopolitique. Le film est plus physique que mental, c'est
pour cela qu'il s'appelle Maryland et pas Vincent.
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