Le
mois dernier, Dane DeHaan interprétait James Dean dans Life
d'Anton Corbijn. Quelques mois plus tôt, il incarnait dans Kill
your darlings (Tuer vos idoles), Lucien Carr, l'un des fondateurs
de la Beat Generation. Le film qui sort directement en vidéo, sans
passage par la salle de cinéma, évoque la rencontre littéraire
entre Lucien et Allen Grinberg (Daniel Radcliffe) sur fond de
rivalité amoureuse. En 1943, Allen et Lucien sont deux étudiants à
l'Université de Columbia où les professeurs s'entêtent à leur
apprendre la littérature académique. Visite de la librairie où
Lucien monte sur la table pour lire du Henry Miller, auteur interdit
au public et dont les livres sont en accès restreint. Cours de
poésie avec un professeur qui enseigne qu'un poème ne doit pas
sortir du carcan « Et Walt Whitman ? », demande
Ginsberg, un dégénéré répond l'enseignant.
Il
faut changer tout ça, sortir du carcan pensent Allen et Lucien.
Inspirés pas Yates et suivis par Jack Kerouac (Jack Huston) et
William S. Burroughs (Ben Foster), les deux garçons vont tout
remettre en cause. Lucien fait boire son premier verre de vin à
Allen qui tombe immédiatement amoureux, le dévorant des yeux avec
fièvre à chacun de leur rencontres. (Il faudra un jour se demander
pourquoi les jeunes acteurs passer par des grosses franchises se
sentent obligés de jouer un homo, Robert Pattinson a fait ce pas
avec Little ashes, romance entre Salvador Dali et Federico
Garcia Lorca). Vin, drogue, jazz, insomnie, tout est bon pour se
lancer dans l'écriture. Tout serait parfait s'il n'y avait pas cet
homme gênant qu'est David Kammerer (Michael C. Hall), prof de
littérature qui écrit les compositions de Lucien en échange de
rapports sexuels.
Comme
souvent dans ces films en costumes à faible budget, la
représentation de l'époque se résume à quelques lieux, surtout
des intérieurs, appartement ou l'université. L'activité littéraire
est montrée dans ces fameuses séquences d'évolution des
personnages en montage alterné sur une musique entraînante, ce que
dans le jargon on appelle le montage « Pretty woman ».
Les acteurs sont un peu laissés à eux-mêmes, DeHaan et Michael C.
Hall dans l'emphase, Ben Foster très sobre et énigmatique (il m'a
donné envie de me replonger dans Le Festin nu de David
Cronenberg, jamais revu depuis sa sortie). Le meurtre de Kammerer par
Lucien est au cœur du récit, que tout le monde a vécu
différemment. Chaque personnage raconte sa vérité, au spectateur
de créer sa propre histoire à partir des bribes de récit,
exactement comme le faisaient Lucien et Allen dans leur chambre en
découpant des pages de roman.
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