Le
générique de Lolo rappelle de vieux souvenirs : ces
petites séquences animées des films de Claude Zidi ou de Pierre
Richard, bref une plongée dans les années 1970 de deux minutes
avant de revenir à 2015, à Biarritz où deux copines parisiennes
font une thalasso. Les deux filles, Karin Viard et Julie Delpy
(accompagnées d'Elise Larnicol qu'on ne reverra plus) parle de leur
absence de sexualité. Le ton est cru comme il faut, dans un mélange
de vulgarité et de snobisme qui donne une bonne dose d'humour. Ainsi
quand deux pécheurs du coin arrivent, dont Danny Boon, les deux
filles acceptent bien de faire un coup de sexe hygiénique mais pas
plus. Comme on a bien vu cette affiche en quatre quarts, on a compris
que Danny Boon, ingénieur informatique, va tomber amoureux de Julie
Delpy. Et vice-versa.
Julie
Delpy, ici dans une triple position
d'actrice-scénariste-réalisatrice, parvient à faire passer cette
opposition entre la super parisienne bobo jusqu'au bout des ongles et
le provincial monté à Paris pour le boulot. Son personnage
travaille dans la mode, lui fabrique des logiciels pour les banques.
Il habite à Beaugrenelle, elle dans les beaux quartiers. Le comique
fonctionne car elle parvient à se moquer, toujours gentiment, des
deux univers qui s'emboutissent. Effectivement, voir Dany Boon raide
comme un piquet dans un défilé de mode en train de faire un selfie
avec Karl Lagerfeld vaut le repas à la cantine du quartier de la
Défense que partagent Danny Boon avec Julie Delpy. L'incongruité se
déploie pour les deux personnages avec un certain sens du réalisme,
un tantinet exagéré pour créer de l'humour. C'était ce qui
manquait aux derniers films de Dany Boon pour vraiment faire rire.
Cette
merveilleuse symbiose pourrait continuer tranquillement si le fils de
Julie Delpy, l'affreux Lolo, incarné donc par Vincent Lacoste,
faisait tout pour saboter cette idylle. Avec son petit sourire de
faux-cul, son air de bobo chemise ouverte sur ses trois poils et son
boxer orange dans le salon, l'adulescent ne veut pas voir de ce futur
beau-père plouc. C'est là que le concept du comique des années
1970 qui fait mouche : Lolo va pirater le couple. Julie Delpy le
filme tel quel, comme un personnage secondaire qui veut devenir le
metteur en scène. On croit qu'il ne fait que de mignonnes crasses à
Dany Boon, mais tout devient subitement violent et malsain, tout
comme l'était la relation des personnages dans tous les films
précédents de Julie Delpy. La cinéaste ne négocie pas tout à fin
bien la fin de son film, expédiant le finale et la révélation,
mais les dialogues sont tellement savoureux qu'on lui pardonne
facilement.
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