La
seconde guerre mondiale était au centre de Qu'as-tu fait à la
guerre papa ?, trois ans plus tard Blake Edwards évoque la
première guerre mondiale dans Darling Lili. Le burlesque
laisse place à une romance sur fond d'espionnage. Lili Smith (Julie
Andrews dans son premier film de son époux) est une chanteuse à
succès qui va soutenir les troupes alliées en chantant pour les
soldats. Le film s'ouvre sur une chanson, « Whistling in the
dark », en intégralité où le cinéaste sublime son actrice
dans un long plan séquence où elle virevolte. Seules quelques
lumières l'éclairent. Ce lancement apparait comme une déclaration
d'amour à son épouse.
Après
une alerte à la bombe qui rappelle aux soldats et spectateurs la
dure réalité de la guerre, Lili entonne quelques chants anglais.
Puis, l'artiste poursuit sa tournée en France où elle retrouve son
immense demeure et son amant Kurt (Jeremy Kemp), qu'elle fait passer
pour son oncle suisse. Elle soutient les soldats dans les hospices
mais en vérité Lili Smith s'appelle Lili Schmidt est c'est une
espionne à la solde du Kaiser, comme le rappelle un général
allemand à Kemp qui aimerait que sa maitresse abandonne sa mission
car la guerre touche à sa fin et qu'il veut surtout la garder pour
lui.
Son
prochain but est d'approcher un pilote américain, le major Larrabee
(Rock Hudson) pour lui soutirer des renseignements. Le soldat se
laisse vite séduire par la belle chanteuse avec qui il entame une
liaison faite de soirées mondaines, de promenades dans la campagne
française et de carresses d'alcove. Le reste du temps, Lili complote
pour éviter les soupçons et Larrabee prend l'avion pour affronter
le « Baron Roug », son ennemi allemand dans des scènes
aériennes réalistes et filmées d'un avion. C'était une première.
Le
scénario de Darling Lili est assez simple, voire simpliste
suivant un leitmotiv tout simple : faites l'amour pas la guerre.
Lili est censée ne pas tomber amoureuse du pilote qu'elle doit
espionner, mais le charme de l'Américain agit sur elle. Rock Hudson
avec ses yeux de braise est un peu à côté de la plaque, jouant
comme dans un mélo des années 50. Face à la tornade de Julie
Andrews, le couple qu'il doit former avec elle ne fonctionne jamais.
Les scènes burlesques, comme celle dans la chambre quand sa chemise
est mouillée, manquent de rythme.
De
nombreux couples et duos parsèment le film. Outre Lili avec Kurt ou
Larrabee (un ménage à trois), on apprend que Larrabee a une autre
maîtresse, un danseuse de nu surnommée Crèpe Suzette. Duos
comiques : Les deux agents secrets français loufoques et
maladroits, sortes de Dupont et Dupond. Larrabee et son compère
anglais T.C. qui porte une grande moustache et ne vole que soûl.
Duos sinistres : Bedford et Lili, couple dans la chambre mais
domestiques de Lili, complices de ses méfaits. Le général allemand
et son porte flingues, âmes damnées du Kaiser.
Le
film est soigné, les décors sont nombreux et fastueux, la
reconstitution est souvent grandiose, mais l'ennui pointe parfois
tant les scènes se répètent avec seulement quelques variations. Le
film dure 2 heures et 17 minutes (pas moins) avec de nombreuses
chansons romantiques d'Henry Mancini, chantée par Julie Andrews in
extenso. Plus qu'un film de guerre, le sujet du film est donc la
duplicité, le double et l'ambivalence, comme le sera le génial
Victor Victoria, ticket gagnant du couple Blake Edwards –
Julie Andrews.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire