lundi 26 octobre 2015

L'Armée Brancaleone (Mario Monicelli, 1966)

 
L'Empereur saxon a attribué la ville d'Auracastro dans les Pouilles a un valeureux chevalier. Pas de chance pour lui, chemin faisant, il tombe sur une horde de barbares hongrois venus piller la ville et massacrer les habitants. Et ceux que le chevalier avait aidé à se défendre contre les barbares, sont des vauriens et des voleurs qui en profitent pour s'emparer de ses biens et notamment du parchemin qui déclare l'investiture impériale.

Ces vauriens, ce sont Abacuc, le vieux Juif colporteur qui vit dans son coffre, Mangoldo et son fils Gros-Talon qui s'étaient cachés dans un tonneau, et Pecoro, bandit de grands chemins. N'étant pas eux-mêmes de bonnes familles, ils décident de partir en route d'un chevalier aussi désargenté qu'eux, un chevalier qui acceptera d'aller jusqu'aux Pouilles. Et cet homme providentiel est Brancaleone de Norcie (Vittorio Gassman).

Le Moyen-âge que présente L'Armée Brancaleone dans sa séquence d'ouverture est poisseux, crasseux et violent, les Hongrois tranchent les chairs de leurs sabres, sont pouilleux et vitupérant, les habitants du lieu vivent dans la boue et la fange. Les compagnons de l'armée sont à moitié nus. L'imagerie chevaleresque du cinéma hollywoodien (je pense à des films comme Ivanhoë ou Prince Vaillant) faite de belles images et de romantisme est balayée par Mario Monicelli.

Le héros du film est au diapason de ce début de film. Vittorio Gassman n'a pas son pareil pour jouer les personnages stupides qui se croient plus malins que tout le monde. Brancaleone est un chevalier désargenté et débraillé. Abacuc reconnaît immédiatement sa tente, c'est la seule faite de haillons, comme ses vêtements d'ailleurs. Brancaleone s'est engagé dans un tournoi. Il est persuadé de le gagner et de pouvoir épouser la fille du seigneur local.

Il avait d'abord refusé la proposition de vauriens, mais comme son cheval Aquilante (à l'étrange robe jaune), le seul qui ait un peu de cervelle dans l'histoire, a décidé de fuir. Brancaleone se lance dans l'aventure, à condition d'être le chef de troupe, un chef dont chaque nouvelle décision semble plus irréfléchie que la précédente. Son incompétence, son manque de jugeote et sa malchance feront le reste, c'est-à-dire provoquer le rire chez le spectateur et établir un irrésistible satire de l'époque.

Le voyage sera long, fait à cheval et à pied. Au cours du périple, cette bien maigre armée va rencontrer quelques personnages pitorresques. Le film fonctionne comme un film à sketches. Teofilatto de Leonzi (Gian Maria Volonte) est un autre chevalier d'origine byzantine que Brancaleone croise. Lui aussi désargenté, il va suggérer d'inventer une demande de rançon auprès de son père fortuné. Teofilatto est un peu plus malin que Brancaleone, mais à peine plus. Il va rejoindre l'armée.

Le groupe va traverser une ville déserte où ne vit qu'une femme, il va croiser le moine Zenone, un zélote qui veut partir en croisade et baptiser Abacuc, il va rencontrer Matilda (Catherine Spaak) une jeune vierge promise à un seigneur, puis la famille de Teofilatto où sa tante libidineuse (Barbara Steele) veut fouetter Brancaleone. Et l'armée croise également un ours et quelques Sarrasins. Entièrement tourné en décors naturels et se déroulant la plupart du temps en extérieurs (champs, forêts, rues des vieilles villes).

L'Armée Brancaleone montre une époque et un pays dévastés par les doctrines religieuses (Chrétiens d'Occident, d'Orient et Sarrasins se combattent) et la soif de pouvoir. Tout le monde en prend pour son grade, Brancaleone comme ses soldats, les seigneurs, les prophètes de la Chrétienté. Antérieurs au Satyricon Fellini et aux Pasolini en costumes, le film de Mario Monicelli allie l'humour burlesque et la férocité critique. Les Monty Python s'en sont sûrement inspiré pour Sacré Graal.














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