Ce
mois d'octobre est celui de Jane Fonda qui va recevoir le Prix
Lumière à Lyon. Quelques films vont être projetés dans une bien
meilleure qualité, j'en suis sûr, que ce vieux DVD mal fabriqué
avec lequel j'ai vu On achève
bien les chevaux (dans la
version française, Jane Fonda se double elle-même, avec son léger
accent américain, c'est assez étonnant). Je connais mal les films
de Sydney Pollack, j'en ai peu vus, alors je me lance sur ce récit
de longue haleine à bride rabattue situé en 1932 dans les
Etats-Unis du Herbert Hoover, le président qui avait choisi de ne
rien faire avant que Roosevelt ne le batte à plate couture et lance
le New deal.
Un
coin des Etats-Unis, l'Americana comme dirait Michel Ciment, au bord
de l'océan, une salle de spectacle avec une piste où des pauvres
s'engagent pour se lancer dans un marathon de danse. Ce sont d'abord
les inscriptions des candidats où des médecins et des infirmières
confirment si l'homme ou la femme peut participer au concours dont la
récompense est 1500 $. Ici un homme a une angine, il est recalé, là
une femme est enceinte (Bonnie Bedelia) elle peut concourir. Ce
défilé des candidats permet à Sydney Pollack de se focaliser sur
quatre duos de danseurs parmi la centaine mais aussi de montrer le
maître de cérémonie, l'animateur du marathon, Rocky (Gig Young).
Cette
femme enceinte Alice est accompagnée de son mari James (Bruce Dern),
les autres regardent le couple avec un certain mépris, mais c'est de
Gloria (Jane Fonda) que viendront les plus grands reproches. Gloria
était venue avec cet homme qui a l'angine, seule, elle va se
rabattre sur un gars timide, un peu paumé, venue du trou du cul de
l'Amérique. Robert (Michael Sarrazin) est l'antithèse de Gloria,
elle est cynique, vindicative, ne laisse pas marcher sur les pieds,
Robert est timide, taiseux, faible de caractère mais ils vont faire
équipe, bon gré mal gré. Robert le confie vite, il ne sait pas
danser mais peu importe il faut rester debout et en mouvement.
Le
marathon de danse dure dans On achève bien les chevaux quelque 44
jours, avec des régulières pauses scandées par une sonnerie
stridente. Il ne restera qu'une dizaine de couples. Sydney Pollack
s'intéresse à deux duos, un vieux marin (Red Buttons) et sa
partenaire, Alice (Susannah York) une actrice en devenir blonde comme
une vamp. Chacun va à tour de rôle faire une show en solo sur
l'estrade et récolter quelques pièces lancées par les spectateurs
venus soutenir, encourager et applaudir les danseurs. Parmi ces
supporters, une vieille dame, Madame Laydon (Madge Kennedy) qui est
persuadée que Gloria et Robert vont gagner le marathon.
Le
marathon entraîne la fatigue, la rancœur augmente, surtout celle de
Gloria quand elle se confronte à Rocky avec une idée simple, est-ce
un concours ou un spectacle. Rocky enchaîne les épreuves
humiliantes et éliminatoires tel le derby où les candidats doivent
courir pendant 10 minutes, une course menée jusqu'à l'épuisement,
filmée avec une caméra immergée au milieu des danseurs, c'est dans
cette forme entre la vitesse du spectacle et la lenteur du concours
que Sydney Pollack trouve son rythme jusqu'au finale double d'une
grande cruauté, on connaît les perdants du marathon mais pas les
gagnants.
Jane
Fonda a beau être la star du film, ce n'est pas elle qui possède le
point de vue sur le récit mais plutôt le candide Robert. Ce dernier
est cet enfant des grandes plaines en ouverture du film, un enfant
qui observe son père abattre un cheval qui s'est blessé (la
dernière phrase est celle du titre, dite par Robert). Tout au long
du film, on retrouve Robert dans un flash-forward très stylisé, à
l'opposé du réalisme du reste du récit. Il est arrêté, jugé et
emprisonné sans que le spectateur ne sache de quoi il retourne,
histoire d'apporter un léger mystère, pas forcément très utile,
dans ce parcours du combattant.
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