lundi 1 octobre 2018

On achève bien les chevaux (Sydney Pollack, 1969)

Ce mois d'octobre est celui de Jane Fonda qui va recevoir le Prix Lumière à Lyon. Quelques films vont être projetés dans une bien meilleure qualité, j'en suis sûr, que ce vieux DVD mal fabriqué avec lequel j'ai vu On achève bien les chevaux (dans la version française, Jane Fonda se double elle-même, avec son léger accent américain, c'est assez étonnant). Je connais mal les films de Sydney Pollack, j'en ai peu vus, alors je me lance sur ce récit de longue haleine à bride rabattue situé en 1932 dans les Etats-Unis du Herbert Hoover, le président qui avait choisi de ne rien faire avant que Roosevelt ne le batte à plate couture et lance le New deal.

Un coin des Etats-Unis, l'Americana comme dirait Michel Ciment, au bord de l'océan, une salle de spectacle avec une piste où des pauvres s'engagent pour se lancer dans un marathon de danse. Ce sont d'abord les inscriptions des candidats où des médecins et des infirmières confirment si l'homme ou la femme peut participer au concours dont la récompense est 1500 $. Ici un homme a une angine, il est recalé, là une femme est enceinte (Bonnie Bedelia) elle peut concourir. Ce défilé des candidats permet à Sydney Pollack de se focaliser sur quatre duos de danseurs parmi la centaine mais aussi de montrer le maître de cérémonie, l'animateur du marathon, Rocky (Gig Young).

Cette femme enceinte Alice est accompagnée de son mari James (Bruce Dern), les autres regardent le couple avec un certain mépris, mais c'est de Gloria (Jane Fonda) que viendront les plus grands reproches. Gloria était venue avec cet homme qui a l'angine, seule, elle va se rabattre sur un gars timide, un peu paumé, venue du trou du cul de l'Amérique. Robert (Michael Sarrazin) est l'antithèse de Gloria, elle est cynique, vindicative, ne laisse pas marcher sur les pieds, Robert est timide, taiseux, faible de caractère mais ils vont faire équipe, bon gré mal gré. Robert le confie vite, il ne sait pas danser mais peu importe il faut rester debout et en mouvement.

Le marathon de danse dure dans On achève bien les chevaux quelque 44 jours, avec des régulières pauses scandées par une sonnerie stridente. Il ne restera qu'une dizaine de couples. Sydney Pollack s'intéresse à deux duos, un vieux marin (Red Buttons) et sa partenaire, Alice (Susannah York) une actrice en devenir blonde comme une vamp. Chacun va à tour de rôle faire une show en solo sur l'estrade et récolter quelques pièces lancées par les spectateurs venus soutenir, encourager et applaudir les danseurs. Parmi ces supporters, une vieille dame, Madame Laydon (Madge Kennedy) qui est persuadée que Gloria et Robert vont gagner le marathon.

Le marathon entraîne la fatigue, la rancœur augmente, surtout celle de Gloria quand elle se confronte à Rocky avec une idée simple, est-ce un concours ou un spectacle. Rocky enchaîne les épreuves humiliantes et éliminatoires tel le derby où les candidats doivent courir pendant 10 minutes, une course menée jusqu'à l'épuisement, filmée avec une caméra immergée au milieu des danseurs, c'est dans cette forme entre la vitesse du spectacle et la lenteur du concours que Sydney Pollack trouve son rythme jusqu'au finale double d'une grande cruauté, on connaît les perdants du marathon mais pas les gagnants.


Jane Fonda a beau être la star du film, ce n'est pas elle qui possède le point de vue sur le récit mais plutôt le candide Robert. Ce dernier est cet enfant des grandes plaines en ouverture du film, un enfant qui observe son père abattre un cheval qui s'est blessé (la dernière phrase est celle du titre, dite par Robert). Tout au long du film, on retrouve Robert dans un flash-forward très stylisé, à l'opposé du réalisme du reste du récit. Il est arrêté, jugé et emprisonné sans que le spectateur ne sache de quoi il retourne, histoire d'apporter un léger mystère, pas forcément très utile, dans ce parcours du combattant.



















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