mardi 2 octobre 2018

Patte de chat (Sam Taylor, 1934)

L'affiche de l'époque l'annonçait en aussi grosses lettres que le titre « tout est nouveau sauf ses lunettes ». Ce qui est nouveau dans Patte de chat est le nom du personnage d'Harold Lloyd, il n'utilise plus son propre prénom comme dans ses longs-métrages précédents mais s'appelle Ezekiel Cobb. Le prologue du film montre sa jeunesse (un gamin porte ses habituelles lunettes) dont les parents missionnaires se sont installés dans un village reculé de la Chine. L'enfant qu'était Ezekiel a appris le chinois mais surtout la civilisation chinoise.

20 ans plus tard, il retourne à San Francisco pour trouver une épouse (pourquoi ne se marierait-il pas avec une Chinoise, lui qui est si féru de Chine, le film ne pose même pas la question) et retourner en Chine prendre la mission évangélique de son père. Il faut signaler que cette brève partie asiatique, comme plus tard à Chinatown, les personnages chinois qui sont un peu importants et qui ont des répliques sont joués par des européens grimés et déguisés, tandis que les figurants et silhouettes sont des Asiatiques.

Immédiatement le caractère d'Ezekiel est dépeint comme un homme d'une immense naïveté mêlée d'une extrême gentillesse qui confine à la bêtise, c'est en tout cas l'avis de tous ceux qui le croise à San Francisco. Cet aspect benoît est montrée dans une scène simple : il n'a pas la valeur de l'argent. Ainsi quand il doit payer un taxi, il sort une pièce d'or chinoise et la donne au chauffeur. Un homme qui n'a aucune notion de la valeur de l'argent est forcément un idiot, pense le chauffeur de taxi, surtout dans l'empire du capitalisme triomphant.

A chaque fois que sa candeur est montrée du doigt par un personnage, Ezekiel sort une citation du philosophe Ling Po. Il ne s'exprime ainsi presque que par aphorisme et propos péremptoires qui laissent bouche bée tous ses interlocuteurs. Tous sauf Babe Pratt (Una Merkel), la petite vendeuse du magasin du coin de la rue. Ezekiel, par charité, par amour – qui sait – lui achète chaque jour des cigarettes. Pourtant il ne fume pas. Avec ces citations de Ling Po, ces achats tabagiques sont les deux gags récurrents de Patte de chat.


Le monde dans lequel débarque Ezekiel n'est pas candide comme sa Chine philosophique. C'est au contraire un univers rempli de corruption, le film est une tentative de film politique entre un Frank Capra et Scarface de Howard Hawks. Rien n'est vraiment convaincant dans sa manière de remettre de l'ordre dans cette ville où il devient maire par accident et ne dirige qu'à coups de citations de Ling Po et de ruses usées. Seul le personnage de Babe Pratt se détache de l'ensemble avec son bagout et son espièglerie.



















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