Predator
(Shane Black, 2018) & Halloween (David Gordon Green, 2018)
Dans
cette décennie horrifique qui va de La Nuit des masques de
John Carpenter au Predator de John McTiernan, de 1978 à 1987,
ce sont des tueurs muets et sans conscience qui reviennent
aujourd'hui dans deux traitements totalement opposés. Predator
2018 prend le parti de la franche rigolade, dans un pastiche comique
allié à un gore réjouissant (avec la participation qu'un quintet
échappé d'un asile, en tête Keegan-Michael Key, l'ancien comparse
de Jordan Keel, le réalisateur de Get out). « Get out »
est justement la phrase que l'on entend le plus dans Halloween
2018, produit par John Carpenter en personne (et aussi Jamie Lee
Curtis) via Blumhouse qui avait produit Get out. Dans
Halloween, Michael Myers s'échappe aussi d'un asile de fous
pour retrouver Laurie le personnage de Jamie Lee Curtis. Cette
dernière avait joué peu avant dans la joviale série Scream queens,
déjà une parodie de films d'horreur, une vraie réussite. Ces deux
nouveaux Predator et Halloween ont bien des points
communs et notamment la conscience de leur héritage qu'ils ne
cessent de développer dans une mise en abyme très explicative. La
scène la plus marquante de Halloween 2018 est celle où Myers
traverse la rue bondée d'enfants déguisés, le public de ces films
aujourd'hui. Ce qui change depuis 40 ans est le nombre de morts
toujours filmés par David Gordon Green hors champ, on n'en découvre
que le résultat. Ce sont trois générations de femmes qui souffrent
de l'héritage de l'horreur dans Halloween et dans Predator
c'est un enfant, surdoué et autiste qui permet d'affronter l'alien
transparent. Ces deux films, en dehors de leurs nombreux défauts (un
acteur endive dans Predator, une idéologie de la vengeance
sans la Justice dans Halloween) sont ainsi des reflets de
cette horrible Amérique qui se dessine sous nous yeux depuis deux
ans.
Cold
war (Pawel Pawlikowski, 2018)
C'est
la première fois que je vois un film de Pawel Pawlikowski malgré
les éloges reçus pour ses films précédents, surtout Ida.
Ce que j'ai découvert dans Cold war me laisse pantois. Une
histoire d'amour sur deux décennies entre la Pologne, Paris, Berlin
et la Yougoslavie entre un chef d'orchestre et une chanteuse. Des
amours évidemment contrariées confrontées à la politique et la
guerre froide, le tout d'une banalité confondante ponctuée de
chansons du patrimoine polonais (j'attends avec impatience une
histoire sur les polyphonies corses). Deux personnages sont peu
exploités, c'est dommage. La première est la comparse du chef
d'orchestre qui disparaît rapidement, elle est intransigeante sur la
musique populaire et sa mission, anti-communiste et semble peu
commode. Cette femme a peu de scènes mais elle est une figure de la
résistance. Le deuxième est l'inverse, un apparatchik du parti
communiste, a priori un homme falot mais qui tire les ficelles du
destin de nos amoureux. Le film, s'il s'était appuyé sur la vie de
ces deux personnages, aurait été moins mièvre. Mais il paraît que
c'est l'histoire des parents du cinéaste. Banal.
La
Grand bain (Gilles Lellouche, 2018)
Le
film semble ne jamais commencer. C'est une longue et fastidieuse
description de tous les hommes qui occupent presque 45 minutes du
récit. Chacun sa vie, chacun ses défauts. C'est qu'ils sont
nombreux à avoir une vie de merde et à faire subir à leur
entourage leur vie de merde. Ces hommes sont d'abord coachés par
Virginie Efira, la douceur incarnée qui lit du Rilke en fumant des
clopes au bord de la piscine. Puis dans la dernière partie par Leïla
Beikhti, en garce en fauteuil roulant qui fait courir ces hommes dans
une vallée sinistre et grise (c'est tourné vers Grenoble) Certains
gags marchent mais en sourdine, parce qu'ils sont répétés (le
running gag on appelle ça). Lentement, le film trouve son rythme,
les gars se connectent les uns aux autres et il devient amusant, mais
toujours sur le même mode, le même que celui des Petits
mouchoirs ou des films de Maïwenn, une complicité des
personnages opposés, contradictoires, adversaires qui semblent
souvent feintes. Ici, on n'est chez des amis, des collègues comme
chez Guillaume Canet ou Polisse, mais dans une équipe
hétéroclite, c'est ce qui fait tenir le film dans sa deuxième
heure. La chorégraphie de natation synchronisée est sur une chanson
de Phil Collins, une excellente idée qui rappelle le mépris pour le
chanteur qu'avaient les personnages de Steak de Quentin
Dupieux.
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