jeudi 25 octobre 2018

The Ghost writer (Roman Polanski, 2010)

« Je crois que ça s'est bien passé, il m'a appelé mon vieux » dit-il tout sourire, satisfait de lui. « Il appelle les gens mon vieux quand il ne se rappelle pas du nom » réplique avec sarcasme Amelia Bly (Kim Cattrall) après que le nouveau nègre littéraire (Ewan McGerogr) ait rencontré et discuté pour la première fois avec Adam Lang (Pierce Brosnan). Se rappeler le nom de cet écrivain engagé pour finir les mémoires de cet ancien premier ministre britannique est difficile pour le spectateur de The Ghost writer, il n'est en effet jamais donné.

Ewan McGregor joue ainsi un personnage sans identité, on ne saura seulement qu'il est célibataire, hétéro et a écrit un bouquin à succès pour un magicien. Il se fait embaucher en début de film par un de ses amis (étrange scène au restaurant où l'on mange tout à la fois des soupes asiatiques à la baguette et de la viande rouge à la fourchette). Petit entretien où il convainc facilement l'avocat John Maddox (Jim Belushi) au grand dam de l'éditeur qui lui avait trois minutes plus tôt qu'il ne serait pas l'homme pour cette histoire.

Notre fantôme, ce ghost d'Adam Lang est-il l'homme de notre histoire, de la légende à écrire sur cet homme politique ? Plus que la vie du premier ministre c'est d'abord la mort de l'ancien nègre littéraire qui occupe le ghost. Cet ancien écrivain a lui un nom, prononcé de multiples fois, Mike McAra. Tout le monde parle constamment de lui. Ses vêtements occupent encore les armoires de la chambre, désormais habitée par le ghost, sa voiture de fonction contient encore l'itinéraire GPS emprunté plus tôt et surtout, ce manuscrit de 624 pages.

La mission du nouvel écrivain est de reprendre le texte. La première lecture est épouvantable, ce qu'on appelle un écrit académique, bourré de faits mais sans style. Adam Lang adore et Ruth (Olivia Williams), son épouse est là, dans un coin à surveiller l'écrivain. Il voudrait appuyer sur elle, elle clame qu'elle n'est pour rien dans la carrière de son mari, elle préfère restée effacée. D'autant qu'elle a quelques reproches à lui faire, en premier lieu, sa maîtresse, Amelia toujours à le suivre. La brune envoie des piques à la blonde.

L'enjeu du film a lieu dans une maison perdue sur une île au large de l'état du Maine. De Londres, d'où l'écrivain est parti, il faut prendre deux avions, un ferry, une voiture pour y accéder. Il faut montrer patte blanche pour rentrer dans la propriété. Le manuscrit est planqué dans un coffre, il ne doit pas sortir de cette espèce de bunker sur lequel les vents soufflent, la pluie s'abat. Un étrange couple asiatique travaille là, peu loquace, la femme sert à manger et l'homme balaie des feuilles d'arbre qui ne cessent de revenir.


Ce palimpseste que l'écrivain doit écrire va se transformer en enquête quand Adam Lang est accusé de crimes de guerre. L'homme au sourire emphatique peut passer à la colère en une seconde. Il faut gratter sous le vernis, sous les différentes personnalités qui cohabitent dans cette maison. Cet écrivain sans identité, ce ghost qui fourre son nez partout, qui tente de tout voir, c'est la simple image du spectateur qui jouit de cette histoire avec ses circonvolutions, ces révélations qui pourraient paraître grossière mais qui font de The Ghost writer un film parfait.
























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