« Je
crois que ça s'est bien passé, il m'a appelé mon vieux »
dit-il tout sourire, satisfait de lui. « Il appelle les gens
mon vieux quand il ne se rappelle pas du nom » réplique avec
sarcasme Amelia Bly (Kim Cattrall) après que le nouveau nègre
littéraire (Ewan McGerogr) ait rencontré et discuté pour la
première fois avec Adam Lang (Pierce Brosnan). Se rappeler le nom de
cet écrivain engagé pour finir les mémoires de cet ancien premier
ministre britannique est difficile pour le spectateur de The Ghost
writer, il n'est en effet jamais donné.
Ewan
McGregor joue ainsi un personnage sans identité, on ne saura
seulement qu'il est célibataire, hétéro et a écrit un bouquin à
succès pour un magicien. Il se fait embaucher en début de film par
un de ses amis (étrange scène au restaurant où l'on mange tout à
la fois des soupes asiatiques à la baguette et de la viande rouge à
la fourchette). Petit entretien où il convainc facilement l'avocat
John Maddox (Jim Belushi) au grand dam de l'éditeur qui lui avait
trois minutes plus tôt qu'il ne serait pas l'homme pour cette
histoire.
Notre
fantôme, ce ghost d'Adam Lang est-il l'homme de notre histoire, de
la légende à écrire sur cet homme politique ? Plus que la vie
du premier ministre c'est d'abord la mort de l'ancien nègre
littéraire qui occupe le ghost. Cet ancien écrivain a lui un nom,
prononcé de multiples fois, Mike McAra. Tout le monde parle
constamment de lui. Ses vêtements occupent encore les armoires de la
chambre, désormais habitée par le ghost, sa voiture de fonction
contient encore l'itinéraire GPS emprunté plus tôt et surtout, ce
manuscrit de 624 pages.
La
mission du nouvel écrivain est de reprendre le texte. La première
lecture est épouvantable, ce qu'on appelle un écrit académique,
bourré de faits mais sans style. Adam Lang adore et Ruth (Olivia
Williams), son épouse est là, dans un coin à surveiller
l'écrivain. Il voudrait appuyer sur elle, elle clame qu'elle n'est
pour rien dans la carrière de son mari, elle préfère restée
effacée. D'autant qu'elle a quelques reproches à lui faire, en
premier lieu, sa maîtresse, Amelia toujours à le suivre. La brune
envoie des piques à la blonde.
L'enjeu
du film a lieu dans une maison perdue sur une île au large de l'état
du Maine. De Londres, d'où l'écrivain est parti, il faut prendre
deux avions, un ferry, une voiture pour y accéder. Il faut montrer
patte blanche pour rentrer dans la propriété. Le manuscrit est
planqué dans un coffre, il ne doit pas sortir de cette espèce de
bunker sur lequel les vents soufflent, la pluie s'abat. Un étrange
couple asiatique travaille là, peu loquace, la femme sert à manger
et l'homme balaie des feuilles d'arbre qui ne cessent de revenir.
Ce
palimpseste que l'écrivain doit écrire va se transformer en enquête
quand Adam Lang est accusé de crimes de guerre. L'homme au sourire
emphatique peut passer à la colère en une seconde. Il faut gratter
sous le vernis, sous les différentes personnalités qui cohabitent
dans cette maison. Cet écrivain sans identité, ce ghost qui fourre
son nez partout, qui tente de tout voir, c'est la simple image du
spectateur qui jouit de cette histoire avec ses circonvolutions, ces
révélations qui pourraient paraître grossière mais qui font de
The Ghost writer un film parfait.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire