Monsieur
et Madame Wormwood (Danny DeVito et Rhea Pearlamn) ont des valeurs,
ils y tiennent et entendent que leurs deux enfants les adoptent. Le
fils aîné Michael (Brian Levinson) adore respecter ces valeurs :
on ne fait pas ses devoirs le soir, on mange de la mauvaise bouffe
devant la télé, on se moque des autres et en tout premier lieu de
Matilda (Mara Wilson), la benjamine de la famille. La voix off (celle
de Danny DeVito dans un ton plus apaisé que celle de son personnage
de père inconséquent) raconte ce conte cruel qu'est la vie de
Matilda.
Ce
sont ces yeux qui lancent le film, comme s'ils regardaient vers
l'avenir. Un avenir qu'elle va s'évertuer à construire elle-même
en dépit de l'idiotie crasse de ses parents et de son grand frère.
Dès 6 mois, elle sait écrire son nom, mais sa mère ne le remarque
pas, elle file chaque jour jouer au bingo. Au bout de 2 ans, elle se
prépare à manger seule et à 5 ans, elle s'éclipse de la maison
pour aller à la bibliothèque. Elle a appris à lire toute seule
(comme tout ce qu'elle fait) et adore la lecture, mais ce qu'elle
aimerait, c'est aller à l'école.
Le
père, vendeur de voitures pourries qu'il maquille en carrosse
rutilent, pense que sa fille est anormale. Il ne veut pas qu'elle
ailler à l'école. Pas besoin d'apprendre quoi que ce soit quand on
est une femme si ce n'est s'occuper de la maison. Ce que ne fait pas
la mère, elle qui n'aime rien tant que se faire belle et qui déteste
faire à manger. Mais quand une directrice d'école (Pam Ferris)
achète une voiture à Wormwood, il en profite pour « vendre »
sa fille. Les voilà enfin débarrassés de Matilda qui est ravie
d'enfin aller à l'école et de voir d'autres enfants.
Dans
Matilda, ce sont les noms des personnages qui créent leur
psychologie, Cette directrice d'école se nomme Trunchbull « corps
de bœuf », les parents de Matilda Wormwood « armoise,
absinthe » et mot à mot, bois plein de vers. Quant à
l'institutrice, c'est Miss Honey (Embetz Davidtz), le miel, la
douceur incarnée. Trunchbull a des dents pourries, est une femme
costaude, ancienne athlète en mode RDA, elle lançait le marteau et
le javelot et sa tenue est dignes des gardiennes de prison, un grand
manteau gris qu'elle porte sur un short laissant apparaître sur ses
grosses jambes.
Danny
DeVito ne vise pas le réalisme, pas plus que dans Balance maman
hors du train et La Guerre des Rose. Matilda est
encore une fable sur la vaillance de l'intelligence face à la bêtise
des adultes. Le conte pour enfants prend un tour fantastique quand
Matilda se rend compte, petit à petit au fil des frustrations que
ses parents comme Trunchbull lui assènent, qu'elle possède un
pouvoir unique, celui de déplacer les objets par la pensée. C'est
un pouvoir qu'elle ne peut pas apprendre dans les livres et qu'elle
va devoir maîtriser.
Trunchbull,
dont le visage hideux est filmée en gros plan, est une femme qui
fait peur à tout le monde. Le catalogue des atrocités qu'elle
impose aux gamins est à la fois grotesque et hilarant. Quand elle se
rend dans la classe de Miss Honey pour une raison ou une autre,
l'institutrice cache tous les dessins colorés des enfants pour
remettre les grisâtres affiches moralisatrices, c'est une opération
de résistance qui s'enclenche et une épreuve pour les enfants.
Aucun n'ose se rebeller, protester contre les injustices et les
punitions.
L'arrivée
de Matilda va tout changer, pas seulement grâce à son pouvoir mais
par la solidarité entre les enfants et Miss Honey. Elle dissimule un
douloureux secret qu'elle va révéler à Matilda. La fillette va
l'aider à résoudre son problème (né pendant son enfance). Quant
aux parents, couillons comme c'est pas possible, ils sont surveillés
par le FBI (l'un des agents est joué par Paul Reubens, sans son
costume de Pee-Wee Herman) et même quand Matilda leur dit de se
méfier, ils se laissent vivre. Irrécupérable et formidablement
drôles.
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