lundi 29 octobre 2018

Matilda (Danny DeVito, 1996)

Monsieur et Madame Wormwood (Danny DeVito et Rhea Pearlamn) ont des valeurs, ils y tiennent et entendent que leurs deux enfants les adoptent. Le fils aîné Michael (Brian Levinson) adore respecter ces valeurs : on ne fait pas ses devoirs le soir, on mange de la mauvaise bouffe devant la télé, on se moque des autres et en tout premier lieu de Matilda (Mara Wilson), la benjamine de la famille. La voix off (celle de Danny DeVito dans un ton plus apaisé que celle de son personnage de père inconséquent) raconte ce conte cruel qu'est la vie de Matilda.

Ce sont ces yeux qui lancent le film, comme s'ils regardaient vers l'avenir. Un avenir qu'elle va s'évertuer à construire elle-même en dépit de l'idiotie crasse de ses parents et de son grand frère. Dès 6 mois, elle sait écrire son nom, mais sa mère ne le remarque pas, elle file chaque jour jouer au bingo. Au bout de 2 ans, elle se prépare à manger seule et à 5 ans, elle s'éclipse de la maison pour aller à la bibliothèque. Elle a appris à lire toute seule (comme tout ce qu'elle fait) et adore la lecture, mais ce qu'elle aimerait, c'est aller à l'école.

Le père, vendeur de voitures pourries qu'il maquille en carrosse rutilent, pense que sa fille est anormale. Il ne veut pas qu'elle ailler à l'école. Pas besoin d'apprendre quoi que ce soit quand on est une femme si ce n'est s'occuper de la maison. Ce que ne fait pas la mère, elle qui n'aime rien tant que se faire belle et qui déteste faire à manger. Mais quand une directrice d'école (Pam Ferris) achète une voiture à Wormwood, il en profite pour « vendre » sa fille. Les voilà enfin débarrassés de Matilda qui est ravie d'enfin aller à l'école et de voir d'autres enfants.

Dans Matilda, ce sont les noms des personnages qui créent leur psychologie, Cette directrice d'école se nomme Trunchbull « corps de bœuf », les parents de Matilda Wormwood « armoise, absinthe » et mot à mot, bois plein de vers. Quant à l'institutrice, c'est Miss Honey (Embetz Davidtz), le miel, la douceur incarnée. Trunchbull a des dents pourries, est une femme costaude, ancienne athlète en mode RDA, elle lançait le marteau et le javelot et sa tenue est dignes des gardiennes de prison, un grand manteau gris qu'elle porte sur un short laissant apparaître sur ses grosses jambes.

Danny DeVito ne vise pas le réalisme, pas plus que dans Balance maman hors du train et La Guerre des Rose. Matilda est encore une fable sur la vaillance de l'intelligence face à la bêtise des adultes. Le conte pour enfants prend un tour fantastique quand Matilda se rend compte, petit à petit au fil des frustrations que ses parents comme Trunchbull lui assènent, qu'elle possède un pouvoir unique, celui de déplacer les objets par la pensée. C'est un pouvoir qu'elle ne peut pas apprendre dans les livres et qu'elle va devoir maîtriser.

Trunchbull, dont le visage hideux est filmée en gros plan, est une femme qui fait peur à tout le monde. Le catalogue des atrocités qu'elle impose aux gamins est à la fois grotesque et hilarant. Quand elle se rend dans la classe de Miss Honey pour une raison ou une autre, l'institutrice cache tous les dessins colorés des enfants pour remettre les grisâtres affiches moralisatrices, c'est une opération de résistance qui s'enclenche et une épreuve pour les enfants. Aucun n'ose se rebeller, protester contre les injustices et les punitions.


L'arrivée de Matilda va tout changer, pas seulement grâce à son pouvoir mais par la solidarité entre les enfants et Miss Honey. Elle dissimule un douloureux secret qu'elle va révéler à Matilda. La fillette va l'aider à résoudre son problème (né pendant son enfance). Quant aux parents, couillons comme c'est pas possible, ils sont surveillés par le FBI (l'un des agents est joué par Paul Reubens, sans son costume de Pee-Wee Herman) et même quand Matilda leur dit de se méfier, ils se laissent vivre. Irrécupérable et formidablement drôles.

















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