Un
peuple et son roi (Pierre Schoeller, 2018)
Il
y a quelque chose de Sacha Guitry, un côté Si Versailles métait
conté, avec ce défilé d'acteurs (plus ou moins) connus pour
incarner tout à la fois le « peuple », les membres de la
Convention les plus connus et la famille royale. Le film suit cette
mode actuelle du film historique, qui consiste donner le contrepoint,
c'est-à-dire que chaque parti donne son point de vue. Cela rappelle
la moquerie célèbre de Billy Wilder après avoir vu l'édifiant
film sur Anne Frank « j'ai eu l'opinion d'Anne Frank,
j'aimerais avoir l'opinion des nazis maintenant. » Le film
tente ainsi de montrer comment la terreur s'installa en France en
1793, c'est plus historique que dans Les Visiteurs 3 mais à
peine. Quelques belles scènes surnagent, les chansons d'abord que le
peuple chantent contre les tenants du pouvoir et aussi ce joli moment
où le soleil arrive enfin dans la rue quand la Bastille est
détruite.
Les
Frères Sisters (Jacques Audiard, 2018)
Il
traîne en ce moment sur les réseaux sociaux une vidéo où Jacques
Audiard visite un vidéo-club et donne ses goûts. Son tout premier
coup de cœur est pour les films d'Arnaud Desplechin, je le
comprends. On remarque que les deux cinéastes ont le même
producteur Why Not. On remarque aussi leur goût commun pour les
vieux effets cinématographiques, chez Desplechin les ouvertures à
l'iris, chez Audiard le flou au bord du cadre comme dans un film
muet. Ceci étant dit, Les Frères Sisters est largement
supérieur à Jimmy P. Jacques Audiard suit une mise en scène
basique suivant à tout de rôle deux duos qui se pourchassent
jusqu'à ce qu'ils s'allient. Ça manque de rythme mais ce qui est
plus marqué dans le film est la multitude de détails qui parsèment
ce parcours dans une Amérique de 1851 sur la côte ouest. Des
détails souvent détachés du récit mais qui font mouche chaque
fois, telle cette araignée qui s'engouffre dans la bouche de John C.
Reilly et dont il vomira plus tard ses rejetons. Sinon, Joaquin
Phoenix fait toujours du Joaquin Phoenix (un fuck dans les 5
premières minutes). Le duo formé par Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed
est d'une souveraine ambiguïté qui déplace le film vers un mystère
relationnel qui a fait le motif principal du cinéaste depuis ses
débuts.
I
feel good (Benoît Delépine & Gustave Kervern, 2018)
Faire
la peau du libéralisme est le projet, depuis toujours de Delépine &
Kervern, cette fois avec l'aide de Jean Dujardin parfait en fils de
communistes et frère d'une directrice d'un centre Emmaüs. Son
discours donné sans phare est la grande attraction du film, il agit
comme un gourou crétin qui embobine son monde, surtout les pauvres.
Ça dure un peu trop longtemps pour la démonstration.
Le
Poulain (Mathieu Sapin, 2018)
L'affiche
est affreuse, le titre pas affriolant, mais le film réserve plein de
surprises (bonnes). Evidemment les acteurs, Alexandra Lamy en tête
mais aussi Finnegan Oldfield bien meilleur que dans ses derniers
films. Le Poulain est plus mordant et franc que Quai
d'Orsay de Bertrand Tavernier ou Chez nous de Lucas
Belvaux pour des sujets à peu près similaires, l'ascension
politique et la folie mensongère qui l'entoure. Ce que filme Mathieu
Sapin à merveille, comme dans ses bédés, ce sont les coulisses et
la candeur dans de délicieux dialogues, deux éléments de la
politique française où les changements d'opinion, l'aspect
girouette des personnages rappellent par certains moments la géniale
série Veep, la réelle inspiration (voulue ou pas) du film.
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