Dans
quelques films récents, Venantino Venantini a fait un sympathique
comeback, quoique, il semble n'avoir jamais disparu des écrans de
cinéma. Il jouait ainsi dans Un + Une de Claude Lelouch, La
Vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc ou dans
Maryline de Guillaume Gallienne. C'était des tout petits
rôles, certes, mais il a un physique tellement reconnaissable.
Venantino Venantini c'est un nom si particulier, une répétition
typiquement italienne quasi exacte du prénom et du nom de famille.
Des
plus de 150 films qu'il a tournés depuis 1954, en Italie (chez Dino
Risi, chez Ettore Scola) comme en France (chez Gérard Oury, l'un des
nobles félons de La Folie des grandeurs), c'est dans le
cinéma de Georges Lautner qu'il s'est épanoui, avec parfois sa
vraie voix avec forcément une pointe d'accent, parfois doublé en
français (comme dans Les Tontons flingueurs). De grande
taille, élancé, le regard franc, Venantino Venantini vient de
mourir à 88 ans et Les Tontons flingueurs est son meilleur
film.
Je
ne suis pas le plus grand fan au monde du cinéma de Michel Audiard,
de ses dialogues qui fleurent bon tout à la fois l'argot de Titi
parisien et le mot d'auteur à effet péremptoire, mais dans Les
Tontons flingueurs comme dans Les Barbouzes (1964) et Ne
nous fâchons pas (1966), je trouve tout cela délicieux et
jouissif. Venantino Venantini jouait Pascal, le porte flingues de
Fernand (Lino Ventura). Pascal a la particularité d'être le cousin
de Batsien (Mac Ronay) du porte flingues des Volfoni, les ennemis de
Fernand.
Pascal
et Bastien sont les témoins privilégiés de l'affrontement des deux
gangs de malfrats. Fernand se retrouve être l'héritier du Mexicain
et doit s'occuper de sa fille, la Patricia (Sabine Sinjen), jeune
femme espiègle qui prétend ne pas être au courant des activités
peu recommandables de son père. Le tuteur doit composer avec cette
« nièce » (elle ne cesse de l'appeler « mon
oncle », il lui fait croire qu'il l'est) mais aussi avec le
fiancé de Patricia, le sémillant Antoine (Claude Rich), celui qui
commence à les lui « briser menu ».
Fernand
est admirablement aidé dans sa tâche par l'avoué du Mexicain, le
fort peu distingué Maître Folace (Francis Blanche), celui qui
sortira à une invitée de Patricia lors de la fameuse scène du
tord-boyaux « touche pas au grisbi, salope ». Dans
l'hôtel particulier, le majordome Jean (Gérard Dalban) sert toute
la troupe et il s'exprime en anglais, comme tout bon majordome qui se
respecte. Le majordome est un ancien voleur qui était venu
cambrioler la maison du Mexicain, plutôt que le flinguer, il l'a
embauché.
Dans
la séquence du tord-boyau dans la cuisine, Fernand, Jean (qui sert
des canapés aux amis de Patricia et Antoine où tout l'alcool est bu
par ces jeunes écervelés) et Maître Folace se retrouvent pour un
temps de paix avec les Volfoni. Deux frères au physique
dissemblable. Raoul (Bernard Blier) au tempérament de cochon et aux
répliques inimitables et Paul (Jean Lefebvre) avec son habituel air
d'abruti congénital. Ils évoquent la composition du breuvage
infernal, oui, il y a bien de la betterave, ajouté Paul avec son air
innocent.
Plus
qu'un film se situations, Les Tontons flingueurs est un film
de personnages hauts en couleur, une représentation de la vieille
France gaullienne nostalgique des colonies (Lulu la Nantaise qui
buvait cet alcool au petit-déjeuner a croisé Fernand comme Raoul en
Cochinchine). Cette vieille France s'oppose à Patricia et surtout
Antoine pratiquant de la musique concrète. La musique, géniale, est
composée par Michel Magne, c'est une variation sur le même thème.
Les Tontons flingueurs invente aussi le son des revolvers
silencieux. Ciao Venantino Venantini.
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