mardi 9 octobre 2018

Les Tontons flingueurs (Georges Lautner, 1963)

Dans quelques films récents, Venantino Venantini a fait un sympathique comeback, quoique, il semble n'avoir jamais disparu des écrans de cinéma. Il jouait ainsi dans Un + Une de Claude Lelouch, La Vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc ou dans Maryline de Guillaume Gallienne. C'était des tout petits rôles, certes, mais il a un physique tellement reconnaissable. Venantino Venantini c'est un nom si particulier, une répétition typiquement italienne quasi exacte du prénom et du nom de famille.

Des plus de 150 films qu'il a tournés depuis 1954, en Italie (chez Dino Risi, chez Ettore Scola) comme en France (chez Gérard Oury, l'un des nobles félons de La Folie des grandeurs), c'est dans le cinéma de Georges Lautner qu'il s'est épanoui, avec parfois sa vraie voix avec forcément une pointe d'accent, parfois doublé en français (comme dans Les Tontons flingueurs). De grande taille, élancé, le regard franc, Venantino Venantini vient de mourir à 88 ans et Les Tontons flingueurs est son meilleur film.

Je ne suis pas le plus grand fan au monde du cinéma de Michel Audiard, de ses dialogues qui fleurent bon tout à la fois l'argot de Titi parisien et le mot d'auteur à effet péremptoire, mais dans Les Tontons flingueurs comme dans Les Barbouzes (1964) et Ne nous fâchons pas (1966), je trouve tout cela délicieux et jouissif. Venantino Venantini jouait Pascal, le porte flingues de Fernand (Lino Ventura). Pascal a la particularité d'être le cousin de Batsien (Mac Ronay) du porte flingues des Volfoni, les ennemis de Fernand.

Pascal et Bastien sont les témoins privilégiés de l'affrontement des deux gangs de malfrats. Fernand se retrouve être l'héritier du Mexicain et doit s'occuper de sa fille, la Patricia (Sabine Sinjen), jeune femme espiègle qui prétend ne pas être au courant des activités peu recommandables de son père. Le tuteur doit composer avec cette « nièce » (elle ne cesse de l'appeler « mon oncle », il lui fait croire qu'il l'est) mais aussi avec le fiancé de Patricia, le sémillant Antoine (Claude Rich), celui qui commence à les lui « briser menu ».

Fernand est admirablement aidé dans sa tâche par l'avoué du Mexicain, le fort peu distingué Maître Folace (Francis Blanche), celui qui sortira à une invitée de Patricia lors de la fameuse scène du tord-boyaux « touche pas au grisbi, salope ». Dans l'hôtel particulier, le majordome Jean (Gérard Dalban) sert toute la troupe et il s'exprime en anglais, comme tout bon majordome qui se respecte. Le majordome est un ancien voleur qui était venu cambrioler la maison du Mexicain, plutôt que le flinguer, il l'a embauché.

Dans la séquence du tord-boyau dans la cuisine, Fernand, Jean (qui sert des canapés aux amis de Patricia et Antoine où tout l'alcool est bu par ces jeunes écervelés) et Maître Folace se retrouvent pour un temps de paix avec les Volfoni. Deux frères au physique dissemblable. Raoul (Bernard Blier) au tempérament de cochon et aux répliques inimitables et Paul (Jean Lefebvre) avec son habituel air d'abruti congénital. Ils évoquent la composition du breuvage infernal, oui, il y a bien de la betterave, ajouté Paul avec son air innocent.


Plus qu'un film se situations, Les Tontons flingueurs est un film de personnages hauts en couleur, une représentation de la vieille France gaullienne nostalgique des colonies (Lulu la Nantaise qui buvait cet alcool au petit-déjeuner a croisé Fernand comme Raoul en Cochinchine). Cette vieille France s'oppose à Patricia et surtout Antoine pratiquant de la musique concrète. La musique, géniale, est composée par Michel Magne, c'est une variation sur le même thème. Les Tontons flingueurs invente aussi le son des revolvers silencieux. Ciao Venantino Venantini.


























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