Girl
(Lukas Dhont, 2018)
J'ai
eu un peu de mal à regarder Girl, non pas à cause de ce qu'il
raconte (la thématique est déployée à gros traits sur le thème
du double, fille ou garçon, français ou flamand, devenir adulte et
être au lycée, silence et discussion) mais par sa mise en scène de
nombreuses scènes où l'écho de la violence que reçoit Lara en
plein cœur et en plein visage. Cette mise en scène d'une précision
redoutable explique tout ce que les films sur la transexualité,
documentaires comme fiction, n'avaient pas réussi à raconter avec
une clarté redoutable donc violente. Ce qui arrive par exemple à
Lara lors de cette soirée pyjama où ses copines demandent à
regarder son pénis, ces rencontres avec le jeune voisin dans
l'ascenseur, les fins des cours de danse, plusieurs fois j'ai un peu
détourné le regard, car tout est là chez Lukas Dhont, cette
question de regard totalement éloigné du voyeurisme, c'est très
troublant.
Nos
batailles (Guillaume Senz, 2018)
Romain
Duris, avec sa barbe fournie, n'a jamais été aussi bon que dans ce
rôle de père courage. Sa femme s'en va sans rien dire, il doit
s'occuper de ses deux enfants, mais aussi de certains de ses
collègues dans la boîte où il bosse, une réplique d'Amazon, un
truc dégueulasse sur le libéralisme exacerbé. Ça aurait pu
ressembler aux films de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon, mais
Nos batailles
ne se fourvoie pas dans le misérabilisme (je me souviens du sort
fait au fils). Laure Calamy, la seule avec Edouard Baer qui s'en
sortait dans Mademoiselle de
Joncquières, est toujours
aussi mystérieuse avec ses grands yeux qui fascinent.
Dilili
à Paris (Michel Ocelot, 2018)
La
volonté est de faire à la fois un grand film d'aventures (Dilili
est une sorte de Tintin qui se retrouverait dans un sérial de Louis
Feuillade) et de l'éducatif édifiant (tout le Paris artistique,
politique et scientifique de 1900 se retrouve dessiné, j'ai reconnu
Debussy parce qu'il a la même tête que sur le billet de 20 francs).
Le film évoque l’extrémisme religieux avec une secte qui capture
des enfants pour en faire des objets. Tout cela se regarde d'autant
que l'animation est différente du cinéma français habituel (normal
Michel Ocelot est le meilleur). En revanche, les voix sont
insupportables, pénibles, niaises, atroces comme un film de Miyazaki
doublé en français. Je veux bien qu'on articule chaque syllabe mais
là ça rend dingue. Décevant.
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