mardi 30 octobre 2018

Used cars (Robert Zemeckis, 1980)

C'est étonnant de voir Kurt Russell dans une comédie burlesque de Robert Zemeckis. Il n'était pas encore tout à fait le héros des films de John Carpenter et restait encore un acteur de télévision (juste avant ce film, il avait joué Elvis Presley sur le petit écran pour John Carpenter). Rudy Russo, tel est son nom, est un vendeur de bagnoles d'occasion. D'occasion, il faut le dire vite, ce sont des vieux tape-culs, des épaves qu'il retape comme il peut, il modifie le compteur, il rafistole le pare-choc avec du chewing-gum.

Son bagout est censé faire l'affaire. Quand il harponne un éventuel client, il fait preuve d'une tchatche incomparable. Sa méthode est simple, il parle très vite, très longtemps, sans laisser à sa proie le temps de réfléchir. Il demande toujours le nom du potentiel acheteur. S'il s'appelle O'Hara, Rudy se présente comme un O'Brien, un latino débarque, il se nomme alors Garcia, deux Noirs sont là, il est Rudy Washington Carter. Avec son costume bon marché, il arbore un sourire constant censé plaire aux gogos qui mordent à l'hameçon.

Rudy bosse pour Luke Fuchs (Jack Warden). Il a deux collègues, un autre vendeur Jeff (Gerrit Graham) et Jim le mécanicien (Frank McRae). Le premier est superstitieux au dernier degré, par exemple il refuse catégoriquement de vendre des voitures rouges (ça servira plusieurs fois dans l'histoire), le second est franchement timbré. Le patron est aussi un original, il ne se déplace jamais sans son chien, prénommé Toby, sans le doute l'être vivant le plus malin du film, le cabot va chercher les outils dans la caisse pour son maître quand il répare les bagnoles.

Les 40 premières minutes de Used cars sont centrées sur la rivalité entre Luke Fuchs et le vendeur de voitures neuves qui se trouve juste de l'autre côté de la rue. Or, cette concession automobile est tenue par Roy L. Fuchs (Jack Warden également) le propre frère de Luke. Deux frangins qui se détestent et pour qui tous les coups sont permis comme disait Tricatel dans L'Aile ou la cuisse. Piquer le client, faire une pub en volant l'antenne de la retransmission d'un match de football américain ou faire une soirée promo encore plus alléchante.

Ces 40 premières minutes vont vite, c'est un burlesque décontracté et infantile, même quand Luke Fuchs meurt d'une crise cardiaque et qu'il faut cacher le corps. Il sera enterré dans une voiture juste derrière la magasin. Roy se doute bien de quelque chose, il a vite compris que son frère n'est plus là, même si Rudy clame qu'il est parti en vacances à Miami Beach. Roy ne serait pas mécontent du décès de Luke, il hériterait de son magasin. Une grosse magouille (pour reprendre le titre français) se profile, une autoroute doit être construite ici et Roy veut empocher le pactole.

Rudy ne veut pas que ce soit vendu pour une raison simple, il se prend une bonne marge sur les ventes. Il a but mégalomaniaque, devenir sénateur. Il vit dans une caravane. Dès qu'il rentre dans son doux logis, il met sur son lecteur de cassette « Hail to the chief », il nettoie avec application une photo de la Maison Blanche qui trône juste à côté de son affiche de campagne « Vote Senator Russo ». Il semble le seul à le croire, un parfait tocard et Kurt Russell est parfait dans son personnage de raté irrécupérable.


L'arrivée de Barbara (Deborah Harmon), la fille de Luke Fuchs à la moitié du film lance le récit vers encore plus de magouilles et développe quelques personnages bien bas de plafond. Le plus incroyable est ce juge (Al Lewis) qui accuse Barbara d'escroquerie. Sur le bureau de son tribunal on découvre des miniatures de chaise électrice, potence et guillotine. La scène finale consiste en une longue traversée de bagnoles cabossées, en piteux état, aux pots d'échappement défaillants conduites par des gens qui n'ont pas le permis. J'ai beaucoup ri.



















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