Avec
la disparition de Raymond Chow, décédé à l'âge de 91 ans, ce
sont des centaines de souvenirs qui me reviennent en mémoire.
Raymond Chow a été le fondateur de la compagnie de cinéma de Hong
Kong, Golden Harvest. Avant chaque film qu'il a produit, le logo
s'animait sur un son de tambour, quatre rectangle rouges qui se
posent les uns à côté des autres pour former un carré unique mais
morcelé, changeant de couleurs, du rouge au jaune en passant par le
bleu et le vert, pour terminer sur une note guillerette. Puis
s'inscrit sur l'écran Golden Harvest Presentation entre deux
caractères chinois.
Ce
logo, que j'adore, a accompagné les premiers films de Bruce Lee (Big
boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du dragon) et
a lancé la compagnie de Raymond Chow. Le producteur avait commencé
sa carrière dans la très formatée Shaw Brothers, sans réussir à
sortir du giron. La première révolution de la Golden Harvest, une
exigence de Bruce Lee, a été de sortir ses films en cantonais, la
langue de Hong Kong quand les films Shaw Brothers étaient parlés en
mandarin, destinés à l'exportation pour la diaspora, Malaisie,
Singapour, USA (les films de Hong Kong ne sont jamais sortis en Chine
populaire avant la fin des années 1980).
Raymond
Chow reproduit et amplifie le modèle des Shaw Brothers, il crée un
studio avec ses propres stars, très jeunes à l'époque, que sont
Bruce Lee, Jackie Chan, Sammo Hung, d'abord dans des films d'arts
martiaux, tout à la fois en costumes et contemporains. Mais très
vite, il se lance dans la comédie cantonaise, lançant les frères
Hui (Michael, Ricky et Samuel) en 1976 dans The Private eyes.
Ses comédies cantonaises sont souvent basées sur un burlesque
enfantin et des situations du quotidien. Le tout dans des budgets
serrés, histoire de faire le maximum de profit, filmant rapidement
avec des cinéastes maison et distribuant dans son réseau de salles
(ainsi certains Johnnie To comportent le logo de la Golden Harvest).
Dans
sa vie, il croise John Woo débutant (Last hurrah for cavalry),
récupère le trio comique Stanley Fung, Richard Ng et John Shum
alternant des comédies policières avec Sammo Hung ou Jackie Chan
mais c'est en 1983 qu'il atteint le sommet avec Tsui Hark, une
décennie d'immenses films de Zu les guerriers de la montagne
magique jusqu'à The Blade en passant par les Il était
une fois en Chine. Il a arrêté la production en 1997 mais la
Golden Harvest a continué dans la comédie non-sensique (Stephen
Chow avec The God of cookery), la comédie sexuelle (Pang
Ho-cheung avec You shoot I shoot). En gros, Raymond Chow et la
Golden Harvest, c'est plus de 200 films et une bonne vingtaine de
chefs d’œuvre du cinéma de Hong Kong.
Pour
retrouver de nombreux films de la Golden Harvest, allez faire un tour
sur mon ancien blog AsieVision.
1 commentaire:
Un texte où on apprend plein de choses, notamment sur
la question de la langue. Merci.
Et sinon, savez-vous si Raymond était l'aîné des frères Chow ?
(C'est le petit Melville qui me demande ça).
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