Pendant
les sept années où j'ai composé mon blog AsieVision, j'ai écrit
sur pas moins de 73 films dans lesquels joue l'immense Lam Suet. Pas
vraiment un exploit, Lam Suet a tourné dans 237 films depuis 1989.
Dans cet star system impitoyable qu'est l'industrie du cinéma de
Hong Kong, sa constance force le respect et l'admiration. 237 films
certes, mais un seul premier rôle pour cet acteur au physique poupon
et au poireau proéminent au beau milieu du visage : PTU.
Il a tout fait, tous les genres, tous les cinéastes mais il reste
l'acteur fétiche de Johnnie To.
Puisque
la Cinémathèque française consacre un court cycle de 20 films aux
20 ans de la rétrocession de Hong Kong. Parmi eux, un seul film de
Johnnie To ce PTU. Entre The
Mission et PTU,
quatre ans se sont écoulés où Johnnie To, avec Wai Ka-fai, s’est
entièrement consacré à la comédie sous toutes ses formes pour
encore mieux parvenir au niveau d’indépendance qu’il recherchait
avec la Milkyway Image. Son retour au polar en solo se fait par la
voie expérimentale. PTU
est filmé de nuit dans les rues désertes, le récit est ramassé
sur quelques heures, le tout tourné avec les acteurs de sa boîte de
production. Le scénario est un modèle de précision qui ne révèle
tous ses ressorts qu’au dernier moment.
Dans
un restaurant, Saï (Lam Suet) vient prendre son repas lors d’une
patrouille. Là, se trouve la bande de Cato, une petite frappe. Cato
et ses hommes s’assoient à une table vide mais sous laquelle coule
des gouttes du ventilateur défectueux. Cato demande au restaurateur
une autre table. Ils virent un jeune homme timide qui s’installe
ailleurs. Puis, Saï s’installe à la table de Cato qui change à
nouveau de table virant une nouvelle fois le jeune homme. Puis Saï
est appelé au téléphone et s’en va, non sans avoir passablement
énervé Cato avec qui il a discuté quelques minutes. Ses amis l’ont
laissé seul. Le jeune homme en profite pour lui planter un long
couteau dans le dos qui le transperce.
Tout
commence comme dans un film de triades classique. L’éternelle
chasse entre le voleur et le flic. Le système va s’enrayer quand
les hommes de Cato se mettent à poursuivre Saï dans les rues vides.
Saï veut les prendre à rebours et gagner la partie, mais il tombe
dans un escalier et s’évanouit. Les petites frappes en profitent.
Quand il se réveille, son visage est tuméfié et en sang, et
surtout, il a perdu son révolver. C’est alors que les autres
personnages entrent en scène. Le Sergent Ho (Simon Yam), membre du
PTU (Police Tactical Unit) et ses collègues rencontrent Saï. Ils
vont l’aider à retrouver son révolver. On retrouve le corps de
Cato et l’inspecteur Cheng (Ruby Wong), femme flic en costumes
d’homme commence à se demander ce qu’il se passe. Elle va
chercher à trouver une vérité alors que personne ne lui dit rien.
Puis
en vrac dans PTU :
un enfant en vélo, un jeune homme avec des sacs qui téléphone
d’une cabine public, un téléphone portable dans un sac en
plastic, des mecs à poil dans des cages en fer, deux parrains aux
surnoms invraisemblables (le Hibou et Boule de nerfs, en VF), un
Wong Ting-lam impérial. Et bien entendu, la mise en scène de
Johnnie To dans la nuit est très efficace, notamment son travail sur
la lumière et sur son absence. Les rues sont blafardes, la lumière
bleutée ou glauque avec des percées lumineuses extrêmement
blanches. L’enfer de Saï semble ne jamais finir d’autant que le
temps est dilué. Le film est court (80 minutes comme une série B
américaine), le récit s’étale sur cinq heures pleines de creux
(les attentes, les déambulations) et les pleins (les fusillades). On
ne parle pas beaucoup sauf pour dire les choses essentielles.
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