Parfois,
je me lance des petits défis cinéphiles, sur mon ancien blog
c'était de chroniquer tous les Zatoichi,
ici de regarder des films marathon, Out 1 de Jacques Rivette (12h40) ou Hitler un film d'Allemagne de Syberberg (8h55). Là je fais plus
court, à peine 5 heures avec Les Saisons, quatre films
réalisés par Marcel Hanoun. Première question : est-ce que je
les regarde par année de réalisation ou par saisons. Je choisis
donc de commencer par L’Eté (1968), suivront L’Hiver
(1969) Le Printemps (1971) et L’Automne (1972). Ça
permettra peut-être de voir l'évolution du style de Marcel Hanoun.
Aucun
générique, seulement la voix qui annonce le titre, les interprètes
et l'équipe. Cet été est en 1968, juste après mai 68, les slogans
fleurissent sur les murs de Paris. Le plus récurrent est « Qui
crée ?? pour qui ?? » Graziella lit in extenso dans un
longue litanie d'utopies infinies, de souhaits joyeux et de citations
littéraires. Parmi les graffitis politiques se sont glissés
quelques phrases d’auteurs classiques. D'Allemagne, l'amie Marianne
lit les lettres de Graziella. Elles correspondent. On entend du
Monteverdi, du Bach. On lit le livre Michael Kohlhass, Marianne en
allemand et Graziella aimerait le lire dans cette langue. Des slogans
qui s'estompent avec le retour à la campagne, le départ de la
ville.
Graziella
est au centre du film, parfois en bordure, un peu dans la marge, dans
les coins et sur toutes les photos qu’a prise Jean-Luc, le grand
absent du film et de la vie de Graziella. Elle est partie en
Normandie, elle n’a qu’une photo de lui, torse nu le regard fixe.
En culotte et soutien-gorge elle se promène dans les prés, Marcel
Hanoun multiplie les plans, elle est prise sous toutes les coutures,
joue avec les raccords et les profils. Le montage est très alerte,
parfois très rapide, tout en évitant de raconter la moindre
histoire, l’inverse absolu du cinéma des Straub. L'Eté
est un collage des souvenirs de mai 68, déjà mélancolique, déjà
oublié.
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