Troisième
saison de Marcel Hanoun, Le Printemps. Un homme, une nouvelle
fois interprété par Michael Lonsdale, court à en perdre haleine.
Le souffle court, son visage s’approche de la caméra tandis que le
générique défile en lettres rouges sur des images en noir et
blanc. L’homme ne parle pas, il observe, il fuit, il évite les
gens dans ce bois où des chasseurs passent (peut-être est-ce lui
qu'ils chassent). Il passe de champ en champ, cherche un abri dans
une ruine. Des trains traversent le paysage, un coucou chante, des
merles s’envolent bruyamment. Le silence de notre homme n’est
troublé que par ces bruits puis par un hélicoptère qui survole la
zone.
Dans
cette campagne, une ferme rustique, Anne, une fillette mange une
crêpe son chat sur les genoux, sa grand-mère dépiaute un lapin,
prépare à manger pour les poussins. Anne joue dans la cour de
l'école. Le rythme lent de la vie à la campagne est scandé par le
battement de l’horloge. Aux sermons du curé, aux paraboles données
au catéchisme, la petite fille préfère les contes qu’elle lit
puis qu’elle raconte au petit voisin. Des contes de princesses que
Marcel Hanoun illustre avec des fragments de tableaux, des
enluminures chinoises. Elle s’évade de cette vie un peu stricte
imposée par sa grand-mère par ces récits. Une mémé aimante,
cependant, qui cache des œufs dans les jonquilles et les primevères
pour Pâques.
« L’homme
pourrait être dangereux, peut être est-il armé, il est
vraisemblable qu’il ne tardera pas à être rattrapé »,
entend on à la radio de la voiture que conduit Michael Lonsdale.
C'est sa femme (Catherine Binet, créditée comme scénariste et
co-réalisatrice) qui a mis en marche l'autoradio. On entend ce
message trois fois et parmi les voix, celle de Michael Lonsdale.
Cette courte scène est en couleur, comme les séquences à la ferme,
signalant probablement un flashback qui propose une explication à la
fuite de l'homme, mais cette voix entendue perturbe les sens, la
continuité narrative. Puis les voix se mêlent, se superposent, la
couleur croise le noir et blanc. Les deux récits parallèles ne se
rejoindront pas, chacun garde son énigme originelle.
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