Dans
la monographie consacrée à Yasujiro Ozu par Shiguéhiko Hasumi
(éditée en France par les Cahiers du cinéma en 1998) Amis de
combat non seulement apparaît dans la filmographie du cinéaste
sous le titre Combats amicaux à la japonaise (plus joli
titre) mais en plus est déclaré perdu. Depuis, une version de 14
minutes a été retrouvée et versée en bonus dans le coffret que
Carlotta avait sorti en 2007.
Amis
de combat ce sont deux amis qui habitent ensemble, dans une
modeste maison d’un quartier pauvre. Ils partagent tout dit l’un
des rares cartons du film. Pendant que l’un se lave à la fontaine
publique, l’autre prépare le petit déjeuner. Ils fait cuire des
œufs au plat, quand celui de son ami tombé par terre. Pas grave, le
cuistot laisse son œuf au second mais ce dernier, pas rancunier,
préfère le partager.
Dans
les premières minutes, c'est un ton de la comédie pleine de bons
sentiments mais avec un certain sens de la cocasserie. Ainsi la poule
qui pond ces œufs se trouve sous le plancher, un sac en tissu
accroché au postérieur où elle laisse ses œufs (et sans doute ses
crottes mais le cinéaste ne va pas jusqu'à cette trivialité). Les
deux acteurs ont un physique totalement opposé, c'est bien Laurel et
Hardy au Japon que Yasujiro Ozu filme, un grand maigre et un petit
rondouillard.
Le
cinéaste dans ses premiers films rêvait d'être un cinéaste
américain, on aperçoit dans la pièce un bout d’affiche d’un
film de 1924 The Uninvited guest, tout le programme d’Amis
de combat. En effet, cette invitée non invitée une jeune femme
va s’incruster dans ce duo, quasi un couple. Pour leur faire
croiser leur chemin, Ozu se sert du hasard. Les deux amis partent
travailler en camion et manque de renverser la jeune femme.
Toute
mâchurée, elle ne ressemble à rien, mais après un brin de
toilette, elle est superbe. L'un d'eux achète un kimono d'occasion
pour elle et l'autre mange la naphtaline qui servait à le conserver.
Les deux amis commencent à la trouver bien jolie. Tant et si bien
qu’ils vont se bagarrer devant tous leurs collègues, là aussi
Yasujiro Ozu esquisse une scène comique quand leur patron refuse de
les séparer au nom de leur dignité.
Seulement
voilà la jeune femme ne s'intéresse pas à eux, trop rustres pour
elle. Elle tombe amoureuse d’un sémillant étudiant.Les adieux aux
deux amis ne sont pas larmoyants bien au contraire, la jeune femme et
l'étudiant partent dans un train et les deux amis les suivent dans
leur camion, heureux de s'être réconciliés et ravis de continuer
de vivre ensemble. Une double fin heureuse à la japonaise.
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