Réminiscence
est en écho avec La Section Anderson. 22 ans plus tard,
Pierre Scoendoerffer part aux Etats-Unis pour retrouver les soldats
qu'il avait filmés au Viet Nam. Il ne sait pas encore combien il
pourra revoir de ces hommes qu'il a côtoyés pendant sept semaines
dans la jungle. Il sait que certains sont morts, c'était d'ailleurs
précisé dans La Section Anderson. On imagine aisément que
l'enquête pour retrouver leurs traces a du être d'une complexité
folle. Ça aurait pu faire l'objet d'un film à part entière mais le
sujet n'est pas là.
Il
parcourt tous les Etats-Unis, de Detroit dans le Michigan à la
Californie en passant par la Caroline du Nord, celle du Sud,
l'Alabama, le New Jersey et pour terminer ce périple de souvenirs à
New York. Le premier qu'il rencontre est Joseph Anderson, le chef de
la section. À 46 ans, il a pris des cheveux blancs. Ils visitent
ensemble West Point (« Le Saint-Cyr américain »
explique-t-il), l'école militaire qu'a fréquenté Jospeh Anderson.
Jadis, il était le 52ème noir a avoir intégré l'école,
aujourd'hui ils sont des centaines.
Comme
beaucoup de ses anciens camarades, Joseph Anderson a quitté l'armée,
il s'est marié, il a un autre travail (lui est responsable chez
Chevrolet). Au fur et à mesure des retrouvailles, Pierre
Schoendorffer décline leur nouvelle vie et rappelle, avec des images
de La Section Anderson, en contrepoint. Tout le monde n'a pas eu la
même réussite que le chef d'escouade, loin de là. L'un d'eux est
passé d'un petit boulot à un autre, il est désormais laitier, un
autre affirme que son fusil est son meilleur ami, sa femme assise à
côté de lui sur le canapé, acquiesce, un autre encore s'est isolé
dans un cabanon avec sa petite amie.
Ce
qui ressort est la solitude de ces soldats. La plupart d'entre eux
vit à la campagne, parfois en lisière de forêt, ils se sont isolés
du monde. Ils ne parlent pas de l'extrême traumatisme qu'ils ont
vécu mais les visages vides ne trompent. Le cinéaste finit par
faire se retrouver les 16 survivants dont il a la trace chez
Anderson. C'est sans aucun doute la séquence la plus troublante et
la plus déchirante, ils s'embrassent, se saluent, poursuivent par
rire ensemble. On n'entendra pas leur discussion, on ne saura pas
quels souvenirs ils se racontent. Dans le dernier plan, Anderson
rentre chez lui seul tandis que la caméra s'éloigne de son
histoire.
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