dimanche 8 mars 2020

Réminiscence (Pierre Schoendoerffer, 1989)

Réminiscence est en écho avec La Section Anderson. 22 ans plus tard, Pierre Scoendoerffer part aux Etats-Unis pour retrouver les soldats qu'il avait filmés au Viet Nam. Il ne sait pas encore combien il pourra revoir de ces hommes qu'il a côtoyés pendant sept semaines dans la jungle. Il sait que certains sont morts, c'était d'ailleurs précisé dans La Section Anderson. On imagine aisément que l'enquête pour retrouver leurs traces a du être d'une complexité folle. Ça aurait pu faire l'objet d'un film à part entière mais le sujet n'est pas là.

Il parcourt tous les Etats-Unis, de Detroit dans le Michigan à la Californie en passant par la Caroline du Nord, celle du Sud, l'Alabama, le New Jersey et pour terminer ce périple de souvenirs à New York. Le premier qu'il rencontre est Joseph Anderson, le chef de la section. À 46 ans, il a pris des cheveux blancs. Ils visitent ensemble West Point (« Le Saint-Cyr américain » explique-t-il), l'école militaire qu'a fréquenté Jospeh Anderson. Jadis, il était le 52ème noir a avoir intégré l'école, aujourd'hui ils sont des centaines.

Comme beaucoup de ses anciens camarades, Joseph Anderson a quitté l'armée, il s'est marié, il a un autre travail (lui est responsable chez Chevrolet). Au fur et à mesure des retrouvailles, Pierre Schoendorffer décline leur nouvelle vie et rappelle, avec des images de La Section Anderson, en contrepoint. Tout le monde n'a pas eu la même réussite que le chef d'escouade, loin de là. L'un d'eux est passé d'un petit boulot à un autre, il est désormais laitier, un autre affirme que son fusil est son meilleur ami, sa femme assise à côté de lui sur le canapé, acquiesce, un autre encore s'est isolé dans un cabanon avec sa petite amie.


Ce qui ressort est la solitude de ces soldats. La plupart d'entre eux vit à la campagne, parfois en lisière de forêt, ils se sont isolés du monde. Ils ne parlent pas de l'extrême traumatisme qu'ils ont vécu mais les visages vides ne trompent. Le cinéaste finit par faire se retrouver les 16 survivants dont il a la trace chez Anderson. C'est sans aucun doute la séquence la plus troublante et la plus déchirante, ils s'embrassent, se saluent, poursuivent par rire ensemble. On n'entendra pas leur discussion, on ne saura pas quels souvenirs ils se racontent. Dans le dernier plan, Anderson rentre chez lui seul tandis que la caméra s'éloigne de son histoire.






















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