dimanche 29 mars 2020

Le Cinéma de papa (Claude Berri, 1971) + La Première fois (Claude Berri, 1976)

En six films sur 10 ans, Claude Berri explore en long, en large et en travers ses jeunesses. Années de guerre dans Le Vieil homme et l'enfant (1966), 1946 dans les premières minutes du Cinéma de papa (1971), 1952 dans La Première fois (1976), 1956 à 1958 dans Le Pistonné (1968), Janine (1962) de Maurice Pialat s'inclut par ici, 1961 dans Le Cinéma de papa, milieu des années 1960 dans Mazel Tov ou le mariage (1970). Ce désordre chronologique a permis à Claude Berri de revenir sur ses souvenirs,d e les préciser. Dans son livre « Autobiographie » écrit dans les années 2000, il doutait de sa mémoire, il pensait qu'il ne faisait que paraphraser les scénarios de ses films.

Trois interprètes, Alain Cohen pour l'enfance, Guy Bedos, Claude Berri pour un seul personnage de Claude Langmann. Dans ces premières minutes du Cinéma de papa, Claude commence à sécher les cours. Il ment à son père Roger (Yves Robert) quand il proclame avoir été reçu au certificat d'études. Il fera la même chose dans La Première fois pour sa réussite au Brevet des collèges (cette fois, son père est joué par Charles Denner). Cancre, il passe sa vie dans les salles de billard au lieu d'aller à l'apprentissage pour devenir fourreur comme son père. Il drague aussi beaucoup les jeunes femmes.

Alain Cohen était encore un peu jeune pour jouer l'adolescent de 17 ans dans Le Cinéma de papa. C'est pourquoi le récit de son adolescence est si court, il est mal façonné, c'est pourquoi il sera repris dans La Première fois. Claude Berri développe ce que la première partie, ce prologue du Cinéma de papa décrit, tout en omettant la partie apprentissage. Certes dans les deux films le père rêve que son fils prenne la relève mais les ambitions divergent : les filles dans La Première fois et le cinéma dans Le Cinéma de papa. Claude Berri joue cet apprenti acteur qu'il était au début de sa vie d'adulte, un acteur pas très bon mais persuadé d'avoir du talent.

Paresseux, le Claude de 20 ans habite encore chez papa maman où il rend folle de jalousie sa sœur Arlette qui n'a pas autant de liberté que lui. Il va de casting en casting, chaque fois, il pense avoir convaincu avec son petit sourire et sa voix fluette. Au moins, on ne peut pas dire que Claude Berri se donne le beau rôle, c'est même une constante dans ses films de se déprécier en appuyant encore plus avec une voix off. Le plus ratage de sa « carrière » de comédie est le tournage de ce film américain où il n'est pas foutu de sortir ses trois répliques comme il faut. Mais il tombe amoureux de sa partenaire à l'écran.

Là encore c'est un leitmotiv ce cœur d'artichaut qui dirige toutes ses actions. Chaque fois, il tombe amoureux, souvent d'étrangères (la prof d'anglais dans Mazel Tov, une actrice américaine dans Le Cinéma de papa, une québecoise dans La Première fois), chaque fois il se prend un gros bide mais retourne inlassablement à la charge, devient balourd avant de se faire larguer définitivement, le déprimant un peu plus avant de retomber amoureux au premier regard. Sans cette ironie, pas franchement mordante faut quand même le reconnaître – elle est même plutôt molle, les films seraient franchement déplaisants.

Dans La Première fois, Claude Berri raconte surtout l'histoire d'un petit vantard qui fait croire à ses trois meilleurs amis qu'il est une bête de sexe. Il se fait dépuceler par une prostituée, ça dure 7 secondes mais il racontera qu'il l'a fait deux fois en une heure. Il passe de la consternations quand il est seul à la fierté totale devant ses amis. Le film raconte aussi des choses plus scabreuses de sa vie intime, notamment ce cousin Léon, plus âgé, qui lui achète des livres de Vernon Sullivan le jour pour frimer et les louer à ses camarades de classe, et qui vient la nuit dans la chambre de Claude pour une branlette que Léon prodigue à son cousin, ça, ça reste le secret de l'adolescent qui ne le raconte pas à ses amis.


Plus que dans tous les autres films, c'est le père qui régit la vie de Claude. Celui joué par Charles Denner joue un sale tour au fils en allant chez sa première petite amie et convenir avec le grand frère (Roland Blanche) de faire fuir Claude. Celui joué par Yves Robert croit en son fils, il fait des allers retours au bar où chaque fois il annonce à ses amis que son fils va enfin devenir une vedette avant que tout ne soit contredit par la réalité. À la toute fin de cette jeunesse en autoportrait, Claude Berri rend hommage à son père qui serait devenu acteur dans un film où joue également son fils dans une réconciliation fictive et apaisée.




























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