En
six films sur 10 ans, Claude Berri explore en long, en large et en
travers ses jeunesses. Années de guerre dans Le
Vieil homme et l'enfant (1966),
1946 dans les premières minutes du Cinéma
de papa (1971),
1952 dans La Première fois
(1976),
1956 à 1958 dans Le Pistonné
(1968),
Janine (1962)
de Maurice Pialat s'inclut par ici, 1961 dans Le
Cinéma de papa, milieu des
années 1960 dans Mazel Tov ou
le mariage (1970).
Ce désordre chronologique a permis à Claude Berri de revenir sur
ses souvenirs,d e les préciser. Dans son livre « Autobiographie »
écrit dans les années 2000, il doutait de sa mémoire, il pensait
qu'il ne faisait que paraphraser les scénarios de ses films.
Trois
interprètes, Alain Cohen pour l'enfance, Guy Bedos, Claude Berri
pour un seul personnage de Claude Langmann. Dans ces premières
minutes du Cinéma de papa,
Claude commence à sécher les cours. Il ment à son père Roger
(Yves Robert) quand il proclame avoir été reçu au certificat
d'études. Il fera la même chose dans La Première fois pour sa
réussite au Brevet des collèges (cette fois, son père est joué
par Charles Denner). Cancre, il passe sa vie dans les salles de
billard au lieu d'aller à l'apprentissage pour devenir fourreur
comme son père. Il drague aussi beaucoup les jeunes femmes.
Alain
Cohen était encore un peu jeune pour jouer l'adolescent de 17 ans
dans Le Cinéma de papa.
C'est pourquoi le récit de son adolescence est si court, il est mal
façonné, c'est pourquoi il sera repris dans La
Première fois. Claude Berri
développe ce que la première partie, ce prologue du Cinéma de papa
décrit, tout en omettant la partie apprentissage. Certes dans les
deux films le père rêve que son fils prenne la relève mais les
ambitions divergent : les filles dans La Première fois et le
cinéma dans Le Cinéma de
papa. Claude Berri joue cet
apprenti acteur qu'il était au début de sa vie d'adulte, un acteur
pas très bon mais persuadé d'avoir du talent.
Paresseux,
le Claude de 20 ans habite encore chez papa maman où il rend folle
de jalousie sa sœur Arlette qui n'a pas autant de liberté que lui.
Il va de casting en casting, chaque fois, il pense avoir convaincu
avec son petit sourire et sa voix fluette. Au moins, on ne peut pas
dire que Claude Berri se donne le beau rôle, c'est même une
constante dans ses films de se déprécier en appuyant encore plus
avec une voix off. Le plus ratage de sa « carrière » de
comédie est le tournage de ce film américain où il n'est pas foutu
de sortir ses trois répliques comme il faut. Mais il tombe amoureux
de sa partenaire à l'écran.
Là
encore c'est un leitmotiv ce cœur d'artichaut qui dirige toutes ses
actions. Chaque fois, il tombe amoureux, souvent d'étrangères (la
prof d'anglais dans Mazel Tov,
une actrice américaine dans Le
Cinéma de papa, une
québecoise dans La Première
fois), chaque fois il se prend
un gros bide mais retourne inlassablement à la charge, devient
balourd avant de se faire larguer définitivement, le déprimant un
peu plus avant de retomber amoureux au premier regard. Sans cette
ironie, pas franchement mordante faut quand même le reconnaître –
elle est même plutôt molle, les films seraient franchement
déplaisants.
Dans
La Première fois,
Claude Berri raconte surtout l'histoire d'un petit vantard qui fait
croire à ses trois meilleurs amis qu'il est une bête de sexe. Il se
fait dépuceler par une prostituée, ça dure 7 secondes mais il
racontera qu'il l'a fait deux fois en une heure. Il passe de la
consternations quand il est seul à la fierté totale devant ses
amis. Le film raconte aussi des choses plus scabreuses de sa vie
intime, notamment ce cousin Léon, plus âgé, qui lui achète des
livres de Vernon Sullivan le jour pour frimer et les louer à ses
camarades de classe, et qui vient la nuit dans la chambre de Claude
pour une branlette que Léon prodigue à son cousin, ça, ça reste
le secret de l'adolescent qui ne le raconte pas à ses amis.
Plus
que dans tous les autres films, c'est le père qui régit la vie de
Claude. Celui joué par Charles Denner joue un sale tour au fils en
allant chez sa première petite amie et convenir avec le grand frère
(Roland Blanche) de faire fuir Claude. Celui joué par Yves Robert
croit en son fils, il fait des allers retours au bar où chaque fois
il annonce à ses amis que son fils va enfin devenir une vedette
avant que tout ne soit contredit par la réalité. À la toute fin de
cette jeunesse en autoportrait, Claude Berri rend hommage à son père
qui serait devenu acteur dans un film où joue également son fils
dans une réconciliation fictive et apaisée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire