Charlot boxeur (Charles Chaplin, 1915)

Charlot a un chien, non pas un pitbull comme dans certains de ses films précédents, mais un bulldog plus rond et presque aussi humain que lui. Le chien réclame à manger, faut bien manger quand on a faim. Charlot sort de sa poche une saucisse à hot dog, sans qu'on sache depuis combien de temps elle est là, puis un pain de son chapeau, un vrai grade-manger sa veste. Mais les chien est bégueule. La saucisse n'est pas assez salée à son goût, le mâtin ne daignera se sustenter qu'une fois la bidoche assaisonnée.

Le chien suit Charlot partout et notamment sur le ring puisqu'il devient boxeur. Quand il est battu et presque KO pendant le match, Charlie Chaplin filme son chien en gros plan pour montrer la tristesse dans les yeux du cabot ou sa joie quand son maître gagne. On a vraiment l'impression qu'il est triste de voir son compagnon (plutôt que maître) prendre des coups violents et être étendu sur le tapis. Chaplin applique un certain effet Koulechov avec les réactions de son chien, surtout entouré de tous ces humains qui éructent, bondissent et se réjouissent de ce combat.

Charlie Chaplin est ainsi boxeur dans son film. Un boxeur très amateur, très médiocre, pour tout dire un usurpateur. Là est le but du jeu. Le petit vagabond ne voulait que quelques dollars pour gagner un peu d'argent, histoire de mettre du sel sur la saucisse de son chien. Il s'est fait embaucher pour être un « punching-ball », un sparring partner qui sert à l'entraînement du champion. Mais Charlot avait mis dans son gant un fer à cheval. Parce qu'il est superstitieux. Le fer à cheval lui porte chance et porte un gros coup au vrai boxeur.

Mais dans le burlesque, on élude la logique et Charlot se retrouve champion à la place du champion. Deux objectifs, gagner de l'argent facile (pour le sel sur la saucisse) et séduire la fille du patron de la salle de boxe, Edna Purviance. Le combat est encore filmé frontalement (comme dans The Knockout), du fond de la salle pour prendre l'ensemble (c'est aussi une facilité de mise en scène, inutile de montrer les gros plans des coups de poing). C'est encore très statique, il s'exerçait avant son vrai film sur la boxe, Les Lumières de la ville où il se libère enfin du plan large.