Je
continue mon périple dans les films de Claude Berri. Je commence par
sa partie « autoportrait » dans l'ordre de sortie des
films. Je ne suis pas certain que Claude Berri était un bon acteur
mais il se donne dans Mazel Tov ou le mariage il est lui-même
en jeune adulte qui vient demander à la mairie quelles sont les
formalités pour se marier (la secrétaire de mairie est jouée par
Tsilla Chelton, la future Tatie Danielle). Car Isabelle (Elisabeth
Wiener), la petite amie de Claude est enceinte.
C'est
le portrait de deux familles du début des années 1960 (le film se
déroule avant sa réalisation), celle de Claude, ses parents sont
fourreurs à domicile, on les verra peu (ils seront l'objet d'un film
ultérieur). Le père tanne les peaux chez lui. C'est une famille
modeste. Le récit se concentre sur la future belle-famille vient
d'Anvers, ce sont les Schmoll. Le père (Grégoire Aslan) travaille
dans le diamant, la mère (Luisa Colpeyn) dépense l'argent du père
avec une frivolité sans pareil.
Le
père prévient le timide Claude, ce sont les femmes qui dirigent le
monde. Le preuve en image lors d'un trajet en voiture de sport de
Paris à Anvers, la mère et Isabelle prennent le volant à tour de
rôle. Elles emmènent Claude dans sa nouvelle vie, loin de ses
parents à l'accent yiddish. Le père d'Isabelle lui prévoit une
belle carrière dans la vente du diamant, bien plus rentable que la
vente de fourrures. Claude sourit bêtement et commence à apprendre
à fumer le cigare.
Le
film est léger comme une bulle de mousseux et Claude Berri filme
dans son premier tiers le passage d'une famille à une autre de
presque la même manière que celui du gamin dans Le Vieil homme
et l'enfant. C'est autant un abandon qu'un renaissance. Mais la
légèreté va de pair avec la tentation de tomber amoureux de sa
jeune prof d'anglais, une belle brune au doux sourire que Claude
regarde avec son sourire béat. Il quittera Isabelle pour elle avant
de se faire larguer comme une chaussette.
Les
femmes de la famille Schmoll sont rousses. Il en manque une à
l'appel, l'aînée rebelle Marthe (Régine). C'est un choc de voir la
chanteuse jouer dans un film, jusqu'alors je ne l'avais vu que dans
Les Ripoux de Claude Zidi. Rondouillarde et espiègle, elle
fait tourner en bourrique Isabelle et ses parents. Elle passe tout
son temps à faire deux choses : manger et danser en boîte de
nuit. Elle veut draguer jusqu'à plus soif et ne jamais se marier.
Régine est la liberté dont rêve Claude.
Alors
ce mariage du titre aura bien lieu, malgré l'escapade amoureuse avec
la prof d'anglais. Il est filmé en long et en large pendant 20
minutes dans un apparat documentaire. J'imagine qu'en 1968 cela
n'était jamais arrivé dans un film français de filmer un mariage
juif avec ses rituels, sa cérémonie, ses danses, ses chants
yiddish. Et Régine qui entame quelques pas de danse dans sa robe
bleue et avec une mise en pli exubérante.
J'ai
pensé que l'influence majeure de Mazel Tov ou le mariage
était le cinéma de François Truffaut, celui de la série des
Antoine Doisnel, avec l'inconscience de la jeunesse comme seule arme
de séduction. Comme Jean-Pierre Léaud, Claude Berri passe son temps
à courir, à grimper les escaliers quatre à quatre, à filer en
voiture rapide. Il fonce et quand il se retourne, il se retrouve avec
un enfant. Il vit une petite vie bourgeoise. Le film se termine en
mai 1968, loin des pavés sur la plage.
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