mardi 3 mars 2020

Mazel Tov ou le mariage (Claude Berri, 1968)

Je continue mon périple dans les films de Claude Berri. Je commence par sa partie « autoportrait » dans l'ordre de sortie des films. Je ne suis pas certain que Claude Berri était un bon acteur mais il se donne dans Mazel Tov ou le mariage il est lui-même en jeune adulte qui vient demander à la mairie quelles sont les formalités pour se marier (la secrétaire de mairie est jouée par Tsilla Chelton, la future Tatie Danielle). Car Isabelle (Elisabeth Wiener), la petite amie de Claude est enceinte.

C'est le portrait de deux familles du début des années 1960 (le film se déroule avant sa réalisation), celle de Claude, ses parents sont fourreurs à domicile, on les verra peu (ils seront l'objet d'un film ultérieur). Le père tanne les peaux chez lui. C'est une famille modeste. Le récit se concentre sur la future belle-famille vient d'Anvers, ce sont les Schmoll. Le père (Grégoire Aslan) travaille dans le diamant, la mère (Luisa Colpeyn) dépense l'argent du père avec une frivolité sans pareil.

Le père prévient le timide Claude, ce sont les femmes qui dirigent le monde. Le preuve en image lors d'un trajet en voiture de sport de Paris à Anvers, la mère et Isabelle prennent le volant à tour de rôle. Elles emmènent Claude dans sa nouvelle vie, loin de ses parents à l'accent yiddish. Le père d'Isabelle lui prévoit une belle carrière dans la vente du diamant, bien plus rentable que la vente de fourrures. Claude sourit bêtement et commence à apprendre à fumer le cigare.

Le film est léger comme une bulle de mousseux et Claude Berri filme dans son premier tiers le passage d'une famille à une autre de presque la même manière que celui du gamin dans Le Vieil homme et l'enfant. C'est autant un abandon qu'un renaissance. Mais la légèreté va de pair avec la tentation de tomber amoureux de sa jeune prof d'anglais, une belle brune au doux sourire que Claude regarde avec son sourire béat. Il quittera Isabelle pour elle avant de se faire larguer comme une chaussette.

Les femmes de la famille Schmoll sont rousses. Il en manque une à l'appel, l'aînée rebelle Marthe (Régine). C'est un choc de voir la chanteuse jouer dans un film, jusqu'alors je ne l'avais vu que dans Les Ripoux de Claude Zidi. Rondouillarde et espiègle, elle fait tourner en bourrique Isabelle et ses parents. Elle passe tout son temps à faire deux choses : manger et danser en boîte de nuit. Elle veut draguer jusqu'à plus soif et ne jamais se marier. Régine est la liberté dont rêve Claude.

Alors ce mariage du titre aura bien lieu, malgré l'escapade amoureuse avec la prof d'anglais. Il est filmé en long et en large pendant 20 minutes dans un apparat documentaire. J'imagine qu'en 1968 cela n'était jamais arrivé dans un film français de filmer un mariage juif avec ses rituels, sa cérémonie, ses danses, ses chants yiddish. Et Régine qui entame quelques pas de danse dans sa robe bleue et avec une mise en pli exubérante.


J'ai pensé que l'influence majeure de Mazel Tov ou le mariage était le cinéma de François Truffaut, celui de la série des Antoine Doisnel, avec l'inconscience de la jeunesse comme seule arme de séduction. Comme Jean-Pierre Léaud, Claude Berri passe son temps à courir, à grimper les escaliers quatre à quatre, à filer en voiture rapide. Il fonce et quand il se retourne, il se retrouve avec un enfant. Il vit une petite vie bourgeoise. Le film se termine en mai 1968, loin des pavés sur la plage.
























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