1917
(Sam Mendes, 2019)
L'immersion.
C'est le concept actuel du film de guerre. Le spectateur doit être
en immersion, il doit suivre pendant deux heures les soldats. Pour
Christopher Nolan, c'était le son uni (comme une couleur unie) qui
encerclait le spectateur de Dunkirk, pour Sam Mendes, c'est le
plan-séquence. On ne coupe plus, on ne peut pas quitter nos deux
petits jeunes partis en mission. 15 kilomètres en 100 minutes de
film et en 24 heures d'action. Pour l'instant, ça ne révolutionne
pas le film de guerre, on en reste à la meilleure formule :
action, calme, action, calme etc. Mais à la différence d'un film
qui fonctionne ainsi, par exemple The Big Red One de Samuel
Fuller, c'est que tout se déroulait sur des semaines, pas un temps
court comme dans Dunkirk ou 1917. Les personnages
avaient le temps d'évoluer, d'apprendre de leurs erreurs, de se
lier, de se fâcher. 1917 reste un peu théorique. Pour gâcher
le tout, il faut se farder le cabotinage des « vedettes »
de la télé britannique qui viennent jouer les supérieurs
hiérarchiques (dialogues péremptoires obligatoires), palme de
l'histrion à Andrew Scott.
Jojo
Rabbit (Taika Waititi, 2019)
Autre
film de guerre et autre guerre. Sans l'assassinat d'Hitler dans un
cinéma parisien dans Inglourious Basterds de Quentin
Tarantino, un tel film n'aurait pas été possible. Dans Jojo Rabbit,
on jour à l'inverse de 1917, on en rajoute des tonnes, les acteurs
en font des caisses pour arriver à une parodie de film de guerre où
tout est bon pour se moquer des nazis. De ce point de vue, ça marche
franchement bien. Le cinéaste joue lui-même (il est polynésien),
Hitler, ami imaginaire de Jojo, le petit nazi en culotte courte,
Rebel Wilson est une dégénérée de la Gestapo et Sam Rockwell une
folle hurlante instructeur d'armes de guerre. Le film doit autant à
Tarantino, qu'à Wes Anderson, qu'à Hans Jürgen Syberberg dans
cette pantomime d'Hitler sans jamais vraiment choisir, comme si le
film n' savait pas quel ton choisir. La partie « Anne Franck »
est plus problématique parce qu'elle déploie des efforts de
délicatesse pour parler de cette jeune fille cachée dans le placard
tout en restant ironique. Cette partie montre comment l'enfant
retombe enfin dans la réalité. Disons que ça aurait pu être bien
pire mais que ça s'oublie très vite.
Les
Filles du Docteur March (Greta Gerwing, 2019)
Quatre
filles dans le Masschussets pendant la guerre de sécession, toutes
élevées par leur mère pendant que le père est sur le front. La
mère les laisse devenir artistes : comédienne, écrivaine,
pianiste, peintre. Chacune son domaine mais seule Jo, l'écrivaine
réussit dans son art. C'est elle qui tient le récit, elle est la
narratrice et le moins qu'on puisse dire c'est que ça virevolte dans
tous les sens. Le film semble vite une suite ininterrompue de
dialogues, des répliques données très fort avec les actrices qui
traversent à toute vitesse le cadre. C'est d'autant plus épuisant
qu'on passe d'un flash-back à un autre pour pimenter la narration.
Comme dans 1917 (action, calme, action, calme), là c'est
dispute, réconciliation, dispute, réconciliation. Les filles
tombent amoureuses des deux mêmes garçons Thimothée Chalamet et
Louis Garrel, deux grandes asperges qui passent leur temps à sourire
bêtement. Cependant, le film reste d'une pudeur toute protestante.
Je demande pas de l'érotisme mais jamais un bout de peau n'est
montrée, les filles tombent amoureuses de l'amour pas des deux gars.
Ça doit être ça le romantisme.
Le
Lion (Ludovic Colbeau-Justin, 2019)
J'aimerais
comprendre comment se voit Dany Boon dans le cinéma français.
Depuis quelques films, il se rêve comme un acteur de film d'action
(déjà dans l'atroce RAID dingue il jouait les gros bras), il
se prend pour le nouveau Jean Réno ou Gérard Lanvin. Sans doute que
la place est à prendre. Conséquence, le personnage de doux dingue
qu'il jouait avant est pris par Philippe Katerine qui se débrouille
pas mal (ça on le savait depuis longtemps). Conséquence, le film ne
marche jamais, d'autant que le scénario semble avoir été écrit au
fur et à mesure du tournage. Le film est un remake sans imagination
mais bourré de fric des Fugitifs (ah
les placements de marque). Il faudra un jour rappeler que le
cinéma de Francis Veber est tout de même d'une indigence crasse.
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