samedi 18 janvier 2020

Stan the flasher (Serge Gainsbourg, 1989)

Pendant toute la décennie 1980, Serge Gainsbourg a encerclé le cinéma. 1980, il joue quasi lui-même dans Je vous aime de Claude Berri, il chante avec Catherine Deneuve Dieu est un fumeur de havanes dans ce film le moins connu du cinéaste. Gainsbourg tourne deux films invisibles avant Stan the flasher, Equateur en 1983 puis Charlotte for ever en 1986, juste après son clip controversé Lemon incest (Gainsbourg en jean's torse nu et Charlotte portant une chemise jambes nues). L’œuvre majeure de Gainsbourg est la musique de Tenue de soirée de Bertrand Blier en 1986, cette musique faite avec ses « Américains » comme Gainsbourg le disait, centrée sur la basse soul et des claviers acides.

Le corps principal de Stan the flasher est celui de Claude Berri. La calvitie bien prononcée, la barbe d'une semaine et au fur et à mesure la nudité totale du cinéaste, sa bonne bedaine quand il s'assoit sur le bidet avant qu'il ne porte un pardessus pour faire l'exhibitionniste devant une église. Je ne vais pas dire qu'il fallait du courage pour jouer un tel type, mais tout de même un peu de culot. Il va dans la ligne du chanteur, « la beauté des laides ». Claude Berri, qui apparaît en début avec cette fameuse chemise jean's qui revêtait toujours Gainsbourg, est presque toujours filmé en contre-plongée. Une astuce de mise en scène, cette position de la caméra est celle de la hauteur des adolescentes vers qui Stan l'exhibitionniste se dirige.

Le premier plan de Stan the flasher est un regard caméra, celui de Natacha (Elodie Bouchez dans son premier rôle). En uniforme de collégienne, assise sur des marches comme d'autres jeunes filles, elle toise la caméra. Elle est l'élève de Stan, censé être un professeur d'anglais privé. La preuve, Stan lit le monologue de Hamlet dans sa première scène. Ah, l'accent de Claude Berri quand il lit de l'anglais, quel moment de rigolade. Il a d'autres élèves que Natacha, sa sœur et un enfant grassouillet. Mais Stan préfère Natacha. Son père (Daniel Duval) viendra lui casser la gueule avant que Stan se retrouve en prison. Une prison de studio, de cinéma, comme l'est son étrange appartement recouvert de toiles de maître, de peintures.


Claude Berri joue sur des dialogues bourrés de jeux de mots que Serge Gainsbourg affectionne. Pour contrer le scabreux du récit, Serge Gainsbourg compose son film de longs monologues. Chacun y a droit. L'épouse de Stan (Aurore Clément) sur le langage des fleurs, elle demande à Natacha quelle fleur elle est. Puis dans le zonzon, c'est Michel Robin, plus tard Richard Bohringer. Ce sont des monologues à visée poétique, des textes de Gainsbourg qui vont à l'encontre de la trivialité de son personnage principal. Le tout est emballé en à peine une heure dans une forme de tragédie (Stan se suicide à la fin). Serge Gainsbourg vient faire une minuscule apparition dans la dernière séquence, forcément, il s'allume une cigarette.





















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