A
Fox News, le slogan est « fair and balanced », juste et
équilibré et quand le grand patron Robert Ailes (John Lithgow,
complètement méconnaissable comme l'était Christian Bale dans
Vice) demande à une jeune journaliste ce qu'elle pense de ce
slogan, elle déploie tout un argument qui montre bien que les news
données dans la journée sont justes et que les opinions
conservatrices des animateurs sont là pour équilibrer leur absence
sur les autres chaînes infos des Etats-Unis.
Ce
sont bien entendu que des arguments, la jeune femme Kayla (Margot
Robbie) qui se dit conservatrice sait qu'ils ne valent rien, mais
elle les avance pour détourner les sens des mots, elle détourne
comme certains détournent la loi. Jamais Fox News ne donnent
d'opinions équilibrées, c'est bien tout le contraire et jamais Fox
News ne fait que donner des informations justes, la chaîne infos
choisit certaines informations pour ses spectateurs.
Le
rôle de Robert Ailes est minutieusement décrit dans les premières
minutes de Scandale. Il regarde toutes les émissions (comme
le fait Donald Trump parait-il) et dès que quelque chose ne lui pas,
dès qu'une info n'est pas dans la ligne du parti, il grogne. Il y a
quelque chose d'absolument formidable dans le film de voir combien
cet homme règne en tyran sur la chaîne, avec une simple voix off,
on découvre ces coulisses sur un mode surréaliste.
Si
je mentionnais plus haut Vice d'Adam McKay, c'est que le nouveau film
de Jay Roach s'en approche. Il faut se le rappeler, Jay Roach a jadis
tourné les 3 Austin Powers mais aussi Mon beau-père et
moi. Il s'est lancé dans le film politique avec Trumbo.
Il emprunte beaucoup à Adam McKay dans ce style alerte (on se
souvient que Margot Robbie venait justement présenter quelques faits
« documentaires » dans The Big short.
Jay
Roach s'en sort bien dans Scandale, au moins dans sa première
heure qui décortique avec ironie les coulisses de la chaîne. Le
rôle de chacun, journalistes, présentateurs vedettes, patron. Mais
mieux que ça, le film établit au sein de ce building de l'ouest de
Manhattan où se trouve le pouvoir et où se trouve le placard. Le
pouvoir c'est dans le bureau de Robert Ailes dont les portes sont
tenues par un cerbère féroce (géniale Taylor Holland, comme chaque
fois).
Le
placard c'est l'émission de Gretchen (Nicole Kidman), qui a
justement comme assistante Kayla qui se verrait bien monter les
échelons. Gretchen n'a pas été virée de Fox News, non, Ailes a
choisi de la mettre dans une case sans téléspectateurs. C'est par
elle que le scandale va commencer, ce scandale, elle veut le
dénoncer, ce scandale c'est Robert Ailes qui fait tourner ses
présentatrices dans son bureau pour regarder leurs jambes.
Harcèlement sexuel.
Là
encore, le film décortique le système de l'image de Fox News. Ailes
est persuadé que pour accrocher le chaland, il faut montrer les
jambes de ses présentatrices. Il fait remonter les robes et
raccourcir les bureaux. Et il fait passer des auditions. Mais ce
qu'on remarque surtout à l'image, ce sont ces trois actrices
vedettes, Nicole Kidman, Margot Robbie et Chalize Theron dont je n'ai
pas encore parlé. Elle joue Megyn Kelly.
La
deuxième heure du film se concentre sur elle et son combat anti
Trump lors des primaires de 2016 puis de la campagne électorale. Le
film est encore vaillant mais moins percutant que dans sa première
partie. Scandale cède à quelques facilités narratives mais
reste dans la démonstration du pouvoir qui encercle ces femmes, ces
trois vedettes et d'autres encore dans des plus petits rôles. Ceci
étant, c'est très plaisant de voir d'affreux conservateurs être si
bien raillés.
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