En
presque cinq ans de blog, je n'ai jamais écrit une ligne sur un film
de Claude Berri. J'ai des bons souvenirs devant ses films, Jean de
Florette est l'un des rares films que j'ai vu au cinéma quand
j'étais adolescent (oui, j'allais rarement voir des films), j'ai
toujours aimé Le Maître d'école (ah, le « ces
tam-tams de Balasko) et Je vous aime m'a marqué tout autant
que certains films de Bertrand Blier. Et puis j'aime parler des films
et des cinéastes dont personne ne parle plus, alors me voilà lancer
dans une longue rétrospective Claude Berri.
Je
commence bien naturellement par Le Poulet tourné en 1963 et
qui reçut un Oscar en 1965 (finalement son unique récompense – ou
presque). Court-métrage de 16 minutes sur une charmante famille, le
père (Jacques Marin), la mère (Viviane Bourbonneux) à l'embompoint
qui témoigne de leur sympathie tout autant que de leur condition
modeste et le gosse (Martin Serre). Tout commence comme un film
modeste, la petite famille se réveille. La mère prépare le café,
le gosse va vite faire du tricycle dans la cour et le père traîne
au lit.
C'est
dimanche, au lieu d'aller à l'église, ils grimpent dans la 2 CV
(maman est derrière) pour aller visiter une ferme (des connaissances
de la famille). Le gosse va choisir un poulet, il le prend dans ses
bras, il veut en faire son animal de compagnie. Quel sourire au
milieu du visage de l'enfant. Le sourire est d'ailleurs l'une des
marques de fabrique de ce film. La mère avec sa dentition
défaillante, le père avec sa moustache, il y a de la tendresse dans
ces portraits que Claude Berri fait de cette femme, de cet homme et
de cet enfant.
Le
gamin demande ce qu'on va bien faire du poulet. Le manger répond le
père. Les poulets ça se mange parce que ça ne pond pas, les poules
ça se mange pas parce que ça fait des œufs (justement, ils mangent
des mouillettes ce matin-là). Le père et la mère se lèchent déjà
les babines du poulet du dimanche. Ça cogite dans le cerveau du
gosse. Il faut qu'il trouve une solution pour garder ce poulet qu'il
chérit. Il lui faut agir vite, le poulet est prévu pour très vite.
Tout va venir des œufs que le gosse va venir mettre sous le cul du
volatile.
Puisque
le film prend la forme d'une gentille fable, le gosse parvient à
convaincre que le poulet est une poule, jusqu'au moment où le matin
le père est réveillé par les chants du coq qui commence à émerger
du poulet. La fable c'est la perte de l'innocence du gosse, c'est la
découverte de la cruauté de la vie. Le ton de la comédie traverse
tout le film, je ne le connaissais pas ce plaisant court-métrage qui
mêle habilement un certain réalisme, celui de la France sous
Charles de Gaulle, avec une bonne dose de fantaisie.
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