Il
a fière allure Tom Mix (Bruce Willis) sur son cheval traversant la
prairie pour sauver une dame d'une attaque de diligence. Il n'hésite
pas à sauter de son cheval pour grimper sur les chevaux tout en
tirant sur les gangsters, une bonne demi-douzaine, qu'il abat les uns
après les autres. « Coupez » lance le réalisateur de ce
western de la fin du parlant quand se situe Meurtre à Hollywood.
Un autre western de tourné. Dès la fin de la scène, il remet son
costume blanc immaculé.
Le
parlant avance à grands pas, même la Fox Chaplin veulent s'y mettre
dit Alfie Alperin (Malcolm McDowell), producteur de ce film de Tom
Mix. Il faut passer au parlant et changer le cinéma de sa vedette.
Il faut passer du blanc au noir de Wyatt Earp. Voici le projet
d'Alfie, un biopic sur Wyatt Earp. Tom Mix est vexé, il n'a jamais
joué autre chose que son propre personnage, il ne voit pas pourquoi
il devrait incarner quelqu'un d'autre.
Alperin
a décidé d'engager Wyatt Earp (James Garner). Oui, il est encore
vivant. Il sera conseiller western sur le film, il observe les
bagarres, les coups de feu, les décors et costumes. Quand on lui
demande si ça s'est vraiment passé comme ça, il répond
régulièrement « Oui, à un ou deux mensonges près ».
Il se rappelle du règlement de comptes à OK Corral dans un court
flash-back que Blake Edwards filme comme un Sam Peckinpah à grand
coup de ralenti.
La
mise en abyme, le film dans le film, n'est pas ce qui va intéresser
le plus Blake Edwards, il a déjà beaucoup dit de choses sur le
monde du spectacle et ses simulacres dans Victor Victoria. Il choisit
de faire bifurquer sa parodie de western vers le film noir avec Wyatt
Earp qui se prend toujours un peu pour le marshall de Tombstone et
Tom Mix se voit aussi comme un marshall, les deux hommes vont
traverser Hollywood pour sauver tout un tas de jeunes femmes.
Un
meurtre a eu lieu dans un bungalow derrière une boîte de nuit
dirigée par Cheryl (Muriel Hemingway). Dans son costume nœud
papillon, elle a un petit air de garçonne, de Marlene Dietrich dans
Blonde Venus. L'enquête peut commencer avec ses
chausse-trappes, ses embûches et ses mensonges. Tom Mix et Wyatt
Earp, avec leur caractère opposé, vont devenir complémentaires, le
premier impulsif, le second plus réservé.
Hollywood
est un monde bien plus dangereux que le Far-West. La police de
Hollywood tentent d'intimider Wyatt Earp. Le chef de la police du
studio, Chef Dibner (M. Emmett Walsh) commence à appeler Earp par
son prénom, il se verra rétorquer « pour vous, c'est M. Earp,
ou Marshall ». La tension augmente avec le Capitaine Blackworth
(Richard Bradford) qui voit d'un mauvais œil que les deux cow-boys
marchent sur ses plates-bandes.
Le
prédateur le plus dangereux s'avère être Alperin. Quand il arrive
dans le film, on ne peut voir en lui qu'un type sympathique. C'est un
ancien clown dont le surnom est Happy Hobo (le vagabond joyeux). Mais
petit à petit son portrait se fait plus sombre. Il se démarque par
son sadisme. Il frappe non seulement son chauffeur Arthur qui n'a pas
réussi à empêcher Wyatt Earp de voir la femme d'Alperin, Christina
(Patricia Hodge).
On
constate qu'il frappe les femmes, son épouse qu'il a fait chuter
dans l'escalier, sa sœur Victoria (Jennifer Edwards), blonde platine
mariée à un patibulaire Dutch Kieffer (Joe Dallesandro), un malfrat
du coin. Son passé est obscur, sa progéniture complexe. Ainsi il
laisse son fils Maichael (Dermot Mulroney), qu'il déteste, un
alcoolique notoire – en pleine période de prohibition – être
accusé du meurtre du bungalow.
Les
secrets sont une chose mais Blake Edwards décrit tout un monde de
corruption, d'hypocrisie, de jalousies maladives. Certes, la comédie
est là grâce au bagout de Bruce Willis qui traverse le film avec un
candeur, mais la noirceur cerne ce monde. On imagine avec évidence
que le portrait de Hollywood de 1929 n'est pas si éloigné du
Hollywood dans lequel Blake Edwards travaillait 40 ans. « A
deux ou trois mensonges près ».
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