Ça
a failli être une mode dans les années 1980 et, heureusement, ça
s'est assez vite arrêté, demander à des musiciens de rock
progressif anglais de faire des musiques de film, on a eu Peter
Gabriel pour Birdy d'Alan Parker (c'est lui qui a commencé en
illustrant Pink Floyd The Wall), Mike Oldfield pour La
Déchirure de Roland Joffé et Alan Parsons pour Ladyhawke.
Des années plus tard, je reste circonspect devant cette alliance du
film médiéval (c'était aussi une grande mode) mâtiné de légendes
plus fantaisistes les unes que les autres et d'un rock sirupeux plein
de guitares et de claviers.
C'était
tout ce que j'avais retenu de Ladyhawke, ce mélange qui avait
dû passer pour une super bonne idée des pontes de la 20th
Century Fox et qui s'avère la plupart du temps risible. En tout cas
dans les premières minutes quand Matthew Broderick est tout seul
dans le film. J'aime beaucoup l'acteur, enfin, j'aimais beaucoup sa
bonne bouille quand il était tout jeune, c'était le temps glorieux
de La Folle journée de Ferris Bueller, de Wargames, de
Biloxi Blues puis de Torch Song Trilogy. Matthew
Broderick représente, plus que n'importe quel jeune acteur
hollywoodien d'à peu près mon âge, mon adolescence.
Il
est don tout seul dans son personnage de Philippe Gaston surnommé la
Souris parce qu'il est si fin, si agile qu'il parvient à s'évader
de toutes les geôles. Preuve à l'appui en ce début de film où
l'ambiance est posée immédiatement. On est dans un château fort où
l'on pend les manants et les prisonniers à tour de bras. On ne
rigole pas avec l'injustice. La Souris vient justement s'y soustraire
en creusant un minuscule tunnel pour s'évader. Et voilà l'acteur en
train de commenter toute l'action sur un ton badin. C'était la botte
secrète de Matthew Broderick, ces petits airs de gamin sage qui fait
des bêtises.
On
est dans un monde vite reconnaissable. Un château fort où règne un
tyran. Ce affreux jojo est un évêque. Je ne sais pas si c'est si
fréquent que ça un évêque qui a le rôle du super méchant, on
s'attend plutôt à un sorcier, mais le film y va franco dans la
charge, c'est plutôt agréable de voir un homme d'église tenir le
rôle d'un parfait salaud, d'un hypocrite, d'un homme jaloux et
revanchard. Ici c'est John Wood qui s'y colle. L'acteur britannique
était déjà dans Wargames (là encore le studio a voulu
reformer le duo avec Matthew Broderick). Il joue un méchant tout
vêtu de blanc mais à l'âme noire.
Cette
âme noire l'a poussé deux ans auparavant à jeter un sort sur
Isabeau d'Anjou (Michelle Pfeiffer) et à l'homme qu'elle aime
Etienne de Navarre (Rutger Hauer). Le jour, elle est devenue un
faucon (traduit par aigle dans les sous-titres français), la nuit,
il se transforme en loup noir. Ainsi, jamais plus ils ne peuvent se
voir. Et le petit Philippe Gaston met du temps à comprendre. Il faut
l'excuser, personne ne lui a pas expliqué. Le but du jeu est que
déjouer le sort et de punir l'affreux évêque. Ce qui sera fait
avec l'aide d'un vieux moine (Leo McKern) qui vit, depuis cette
sombre transformation, dans un château en ruine.
Ce
qui a le plus mal vieilli dans le film, n'est pas seulement la
musique mais aussi toutes les scène de sabre. Richard Donner n'était
visiblement pas à l'aise. Le pire est la scène sur le lac gelé où
les personnages manquent de se noyer. Le film est tourné entièrement
en extérieur, dans les bois et forêts d'Italie, ce qui en dit long
sur la production du film (petit budget). Finalement, ce qui reste le
meilleur est Matthew Broderick tant que son personnage cherche à
s'enfuir, tant qu'il glisse entre les épées des méchants, tant
qu'il a peur la nuit comme le jour. Dès qu'il aide à rompre le
sort, le film s'enfonce dans une mièvrerie sans fin.
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