Charles-Henri
de Perussac, Jaubert, Valentin, Monsieur Henri, Ralph Bennett. Victor
Vauthier (Jean-Paul Belmondo) porte tout un tas de noms, il a de
nombreuses personnalités dans le cerveau et il porte de nombreuses
tenues qui s'attachent à ses personnages créés. Il est
millionnaire, conseiller de Giscard, marin, avocat au barreau,
travesti, Mandrake mais il est surtout un escroc qui sort de prison.
Oh, il n'a pas pris que trois mois, apprend-on, on est dans une
comédie frivole, le héros ne peut pas être un affreux jojo.
Celui
qui vient le chercher à sa sortie de La Santé est son vieux pote
Raoul (Charles Gérard, j'ai regardé L'Incorrigible en
hommage à l'acteur disparu la semaine dernière), cet antiquaire
vient dans sa vieille Citroën. Mais avant de grimper dedans pour
rejoindre Camille (Julien Guiomar), Victor ne peut pas s'empêcher de
revenir à ses vieilles combines comme vendre le luxueux appartement
de l'avenue Foch de sa compagne Hélène Dupont-Moreau (Capucine). Ce
sera la quinzième fois que Victor vend ce bien avant de s'enfuir.
Insatiable
et incorrigible, il se déguise en marin au nom incertain pour vendre
un rafiot à un bourgeois et à sa femme (Elisabeth Tessier, oui
l'astrologue qui n'était alors qu'actrice) avant de coucher avec
elle (« ciel son mari »). C'est que Victor a plusieurs
vies et aussi une fille (Catherine Alric) née d'une liaison avec sa
mère Adrienne (Pascale Roberts), fille qui appelle Victor
« parrain », encore de l'illusion et de la comédie.
Escroc certes mais homme d'honneur prêt à tout pour ses proches.
Son
plus proche, après Raoul qui vit en face, est ce Camille exilé dans
une roulotte dans un champ de banlieue parisienne. « Antinéa,
Antinéa, Antinéa ». Camille avec son visage sinistre dont il
dit lui-même qu'il inspire l'ennui (les dialogues de Michel Audiard
sont bien mieux que d'habitude, moins vulgaires que chez Georges
Lautner), ne rêve que de cette Antinéa et de Saint-Michel. Sa
roulotte est couvertes d'images du mont, il espère mettre une digue
pour empêcher l'arrivée fatale du sable sur ce lieu qu'il vénère
mais dont il est si loin.
Le
quotidien de nos trois hommes et des quatre enfants de Raoul (il
s'est fait abandonné par toutes les mères des mioches) va être
bouleversé par l'arrivée de Marie-Charlotte Pontalec (Geneviève
Bujold), petit bout de femme qui travaille au Quai des Orfèvres.
Elle vient contrôler si Victor ne récidive pas, elle arrive par un
petit bus dans la roulotte et là c'est le grand show que nous livre
Jean-Paul Belmondo passant du crétin absolu habillé en petit
jardinier au grand mondain fonçant à toute allure dans les rues de
Paris, un parapluie à la main.
La
première heure de L'Incorrigible est virevoltante, Victor est
un personnage en mouvement perpétuel, il ne cesse de marcher dans
tous les sens d'inventer des vies tout comme le gribouille du
Magnifique s'inventait une vie d'espion. Les films ne sont pas
si différents dans leur inventivité et leur rythme effréné
jusqu'à être épuisant. Le rythme est une chose mais le tout est
que c'est d'une drôlerie intense précisément parce qu'il n'a pas
conscience d'en faire trop, Jean-Paul Belmondo n'est pas encore dans
la caricature de son image.
La
dernière demi-heure est moins enthousiasmante, elle consiste à
aller faire un cambriolage au musée de Senlis où vit
Marie-Charlotte. Elle est encore chez ses parents, son père en est
le conservateur. Camille décide d'aller voler un retable du Gréco.
Le vaudeville se réduit à peau de chagrin, à des claquements de
porte de Belmondo en maillot de corps avant de bifurquer vers la
course poursuite molle mais Daniel Ceccaldi en préfet de police est
cependant délicieux d'incompétence ridicule, il vaut bien le détour
de quelques scènes.
1 commentaire:
Ben crotte, tu m'apprends que Charles Gérard s'est fait la malle.
C'est Bébel qui doit être triste.
Une gueule, un blaire surtout, incroyable !!!
Un vrai titi parisien bien vulgaire aussi, quand
il fallait.
Il est très drôle dans "La Bonne année".
Enregistrer un commentaire