vendredi 27 septembre 2019

L'Incorrigible (Philippe de Broca, 1975)

Charles-Henri de Perussac, Jaubert, Valentin, Monsieur Henri, Ralph Bennett. Victor Vauthier (Jean-Paul Belmondo) porte tout un tas de noms, il a de nombreuses personnalités dans le cerveau et il porte de nombreuses tenues qui s'attachent à ses personnages créés. Il est millionnaire, conseiller de Giscard, marin, avocat au barreau, travesti, Mandrake mais il est surtout un escroc qui sort de prison. Oh, il n'a pas pris que trois mois, apprend-on, on est dans une comédie frivole, le héros ne peut pas être un affreux jojo.

Celui qui vient le chercher à sa sortie de La Santé est son vieux pote Raoul (Charles Gérard, j'ai regardé L'Incorrigible en hommage à l'acteur disparu la semaine dernière), cet antiquaire vient dans sa vieille Citroën. Mais avant de grimper dedans pour rejoindre Camille (Julien Guiomar), Victor ne peut pas s'empêcher de revenir à ses vieilles combines comme vendre le luxueux appartement de l'avenue Foch de sa compagne Hélène Dupont-Moreau (Capucine). Ce sera la quinzième fois que Victor vend ce bien avant de s'enfuir.

Insatiable et incorrigible, il se déguise en marin au nom incertain pour vendre un rafiot à un bourgeois et à sa femme (Elisabeth Tessier, oui l'astrologue qui n'était alors qu'actrice) avant de coucher avec elle (« ciel son mari »). C'est que Victor a plusieurs vies et aussi une fille (Catherine Alric) née d'une liaison avec sa mère Adrienne (Pascale Roberts), fille qui appelle Victor « parrain », encore de l'illusion et de la comédie. Escroc certes mais homme d'honneur prêt à tout pour ses proches.

Son plus proche, après Raoul qui vit en face, est ce Camille exilé dans une roulotte dans un champ de banlieue parisienne. « Antinéa, Antinéa, Antinéa ». Camille avec son visage sinistre dont il dit lui-même qu'il inspire l'ennui (les dialogues de Michel Audiard sont bien mieux que d'habitude, moins vulgaires que chez Georges Lautner), ne rêve que de cette Antinéa et de Saint-Michel. Sa roulotte est couvertes d'images du mont, il espère mettre une digue pour empêcher l'arrivée fatale du sable sur ce lieu qu'il vénère mais dont il est si loin.

Le quotidien de nos trois hommes et des quatre enfants de Raoul (il s'est fait abandonné par toutes les mères des mioches) va être bouleversé par l'arrivée de Marie-Charlotte Pontalec (Geneviève Bujold), petit bout de femme qui travaille au Quai des Orfèvres. Elle vient contrôler si Victor ne récidive pas, elle arrive par un petit bus dans la roulotte et là c'est le grand show que nous livre Jean-Paul Belmondo passant du crétin absolu habillé en petit jardinier au grand mondain fonçant à toute allure dans les rues de Paris, un parapluie à la main.

La première heure de L'Incorrigible est virevoltante, Victor est un personnage en mouvement perpétuel, il ne cesse de marcher dans tous les sens d'inventer des vies tout comme le gribouille du Magnifique s'inventait une vie d'espion. Les films ne sont pas si différents dans leur inventivité et leur rythme effréné jusqu'à être épuisant. Le rythme est une chose mais le tout est que c'est d'une drôlerie intense précisément parce qu'il n'a pas conscience d'en faire trop, Jean-Paul Belmondo n'est pas encore dans la caricature de son image.


La dernière demi-heure est moins enthousiasmante, elle consiste à aller faire un cambriolage au musée de Senlis où vit Marie-Charlotte. Elle est encore chez ses parents, son père en est le conservateur. Camille décide d'aller voler un retable du Gréco. Le vaudeville se réduit à peau de chagrin, à des claquements de porte de Belmondo en maillot de corps avant de bifurquer vers la course poursuite molle mais Daniel Ceccaldi en préfet de police est cependant délicieux d'incompétence ridicule, il vaut bien le détour de quelques scènes.

































1 commentaire:

Jacques Boudineau a dit…

Ben crotte, tu m'apprends que Charles Gérard s'est fait la malle.
C'est Bébel qui doit être triste.
Une gueule, un blaire surtout, incroyable !!!
Un vrai titi parisien bien vulgaire aussi, quand
il fallait.
Il est très drôle dans "La Bonne année".