mardi 24 septembre 2019

Barabbas (Richard Fleischer, 1961)

Dino de Laurentiis a produit (au moins) deux films de Richard Fleischer à 15 ans de distance, la semaine je regardais l'éprouvant mais génial Mandingo et cette semaine l'éprouvant mais navrant Barabbas. J'ai mis un bon bout de temps à trouver un moyen de voir ce Barabbas dont la réputation n'est pas très bonne, sans vraiment cherché à loir ce péplum religieux, un genre que j'affectionne tant, il faut savoir rire.

C'est Anthony Quinn qui endosse la tunique de ce brigand qui a été choisi par le peuple de Jérusalem à la place de Jésus. Barabbas est en prison pour on ne sait quel larcin mais dès qu'il sort, avec morgue, sans vraiment y croire, narguant les soldats romains, passe immédiatement dans la taverne où s'empresse de boire sans soif et de fréquenter les femmes de petite vertu et surtout Sara (Katy Jurado). Pourtant quelque chose le chiffonne, c'est l'absence de Rachel.

Puisque c'est une co-production italienne, cette jeune Rachel est jouée par Silvana Mangano. La fiancée de Dino de Laurentiis méritait une rôle à sa mesure et qu'on lui ouvre les portes de Hollywood. D'ailleurs Barabbas se réclame du grand spectacle, il faut admirer ces grands décors, reconstitutions de Jérusalem puis du Cirque Maxime en fin de film et aussi beaucoup de figurants notamment dans les premières scènes.

Parce qu'après, on sent que tout l'argent a été dépensé dans ce grandiose. Il y a moins de décor et un peu plus de carton-pâtes surtout dans sa vie après Jésus quand il est gracié par Ponce Pilate (qui s'en lave les mains au sens propre, impossible de ne pas faire cette scène, elle me fait rire chaque fois). Il se retrouve ensuite condamné aux mines de soufre. On voit encore pas mal de figurants mais les gros blocs de pierre sonnent faux.

L'idée du film repose sur l'immortalité du personnage éponyme. A partir du moment où il croise Jésus, il est choisi pour survivre et Jésus est crucifié (je pense que tout le monde connaît la légende). Barabbas serait un évangile apocryphe, l'évangile selon Barabbas, par exemple qui se déroule sur une bonne vingtaine d'années et où il croise des Chrétiens exemplaires qui n'hésitent pas à se sacrifier, Silvana Mangano mais aussi Vittorio Gassman.

Ce dernier est le dernier compagnon d'infortune de Barabbas dans la mine de soufre. Avec un sens consommé du lyrisme, Richard Fleischer égrène les années passées en galère en comptant les morts abandonnés par les chaînes de Barabbas, car les prisonniers sont enchaînés deux par deux. Le récit fait aussi vaguement penser au Ben Hur de Charlton Heston qui après des années de galère croisait aussi Jésus dans sa fin de vie.

Bref, je suis content d'avoir vu ce film, un sympathique pudding où je n'ai retrouvé la trace de Richard Fleischer que dans les scènes de gladiateurs à Rome, dans les combats menés par un Jack Palance plus étrange que jamais, il ouvre grand la bouche quand il charge avec ses habituels yeux de fou, avec un petit clin d’œil à Spartacus. Le film se termine en récit œcuménique bien cul-cul la praline où Barabbas rejoint Saint-Pierre.


Comme Spartacus, Barabbas peut être vu comme un pamphlet sur l'oppression des minorités, un allégorie gigantesque sur la ségrégation des Noirs, sur les séquelles de l'esclavage. Ces premiers Chrétiens que croise Barabbas n'ont aucun droit, ils ne sont que des proies, de la chair à canon, des forçats du travail, il sont exterminés dans la plus grand sauvagerie. On peut le voir ainsi.






























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