Dino
de Laurentiis a produit (au moins) deux films de Richard Fleischer à
15 ans de distance, la semaine je regardais l'éprouvant mais génial
Mandingo et cette semaine l'éprouvant mais navrant Barabbas.
J'ai mis un bon bout de temps à trouver un moyen de voir ce Barabbas
dont la réputation n'est pas très bonne, sans vraiment cherché à
loir ce péplum religieux, un genre que j'affectionne tant, il faut
savoir rire.
C'est
Anthony Quinn qui endosse la tunique de ce brigand qui a été choisi
par le peuple de Jérusalem à la place de Jésus. Barabbas est en
prison pour on ne sait quel larcin mais dès qu'il sort, avec morgue,
sans vraiment y croire, narguant les soldats romains, passe
immédiatement dans la taverne où s'empresse de boire sans soif et
de fréquenter les femmes de petite vertu et surtout Sara (Katy
Jurado). Pourtant quelque chose le chiffonne, c'est l'absence de
Rachel.
Puisque
c'est une co-production italienne, cette jeune Rachel est jouée par
Silvana Mangano. La fiancée de Dino de Laurentiis méritait une rôle
à sa mesure et qu'on lui ouvre les portes de Hollywood. D'ailleurs
Barabbas se réclame du grand spectacle, il faut admirer ces grands
décors, reconstitutions de Jérusalem puis du Cirque Maxime en fin
de film et aussi beaucoup de figurants notamment dans les premières
scènes.
Parce
qu'après, on sent que tout l'argent a été dépensé dans ce
grandiose. Il y a moins de décor et un peu plus de carton-pâtes
surtout dans sa vie après Jésus quand il est gracié par Ponce
Pilate (qui s'en lave les mains au sens propre, impossible de ne pas
faire cette scène, elle me fait rire chaque fois). Il se retrouve
ensuite condamné aux mines de soufre. On voit encore pas mal de
figurants mais les gros blocs de pierre sonnent faux.
L'idée
du film repose sur l'immortalité du personnage éponyme. A partir du
moment où il croise Jésus, il est choisi pour survivre et Jésus
est crucifié (je pense que tout le monde connaît la légende).
Barabbas serait un évangile apocryphe, l'évangile selon Barabbas,
par exemple qui se déroule sur une bonne vingtaine d'années et où
il croise des Chrétiens exemplaires qui n'hésitent pas à se
sacrifier, Silvana Mangano mais aussi Vittorio Gassman.
Ce
dernier est le dernier compagnon d'infortune de Barabbas dans la mine
de soufre. Avec un sens consommé du lyrisme, Richard Fleischer
égrène les années passées en galère en comptant les morts
abandonnés par les chaînes de Barabbas, car les prisonniers
sont enchaînés deux par deux. Le récit fait aussi vaguement penser
au Ben Hur de Charlton Heston qui après des années de galère
croisait aussi Jésus dans sa fin de vie.
Bref,
je suis content d'avoir vu ce film, un sympathique pudding où je
n'ai retrouvé la trace de Richard Fleischer que dans les scènes de
gladiateurs à Rome, dans les combats menés par un Jack Palance plus
étrange que jamais, il ouvre grand la bouche quand il charge avec
ses habituels yeux de fou, avec un petit clin d’œil à Spartacus.
Le film se termine en récit œcuménique bien cul-cul la praline où
Barabbas rejoint Saint-Pierre.
Comme
Spartacus, Barabbas peut être vu comme un pamphlet sur
l'oppression des minorités, un allégorie gigantesque sur la
ségrégation des Noirs, sur les séquelles de l'esclavage. Ces
premiers Chrétiens que croise Barabbas n'ont aucun droit, ils ne
sont que des proies, de la chair à canon, des forçats du travail,
il sont exterminés dans la plus grand sauvagerie. On peut le voir
ainsi.
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