Tu
mérites un amour (Hafsia Herzi, 2019)
Une
fille facile (Rebecca Zlotowski, 2019)
Le
nouveau meilleur ami de la femme est le jeune gay, un peu folle,
franchement excentrique et qui n'a pas sa langue dans la poche.
Certes, il n'est là que pour commenter les agissements de sa
meilleure maie qui s'égare dans sa recherche du plaisir sexuel ou du
bonheur amoureux, d'ailleurs il disparaît parfois du récit comme
dans Une fille facile pour revenir en fin de film pour
rappeler à la réalité sa jeune héroïne ici Naïma (Mina Farid)
qui accueille sa cousine délurée Sofia (Zahia Dehar). Dans Tu
mérites un amour, Lila (Hafsia Herzi) discute de longues minutes
avec son meilleur ami gay qui tente de la raisonner, la pauvre elle
est encore amoureuse d'un bellâtre d'une bêtise crasse. Chez
Rebecca Zlotowski, c'est la lutte des classes qui est au centre du
récit. Naïma avoue à Benoît Magimel qu'elle n'est jamais allé
sur un bateau de sa vie alors qu'elle habite au bord de la mer.
Sofia, comme son nom l'indique incarne la sagesse, et elle met à
l'amende les petites princesses italiennes qui entendaient
l'humilier. Les deux films se ressemblent, on remarque que la scène
cathartique est maintenant dans la boîte de nuit, il y a dix ans
c'était chanter à tue-tête au volant d'une voiture (exemple le
plus raté : Mario Cotillard chez les Dardenne) mais diffère
sur de nombreux points. Tu mérites un amour est plus
foisonnant, plus amusant aussi, plus tenu. Hafsia Herzi joue la
modestie, elle s'amuse du catalogue de jeunes mecs qui défilent
devant sa caméra, de toutes les couleurs, de tous les styles. Elle
mène avec habileté son récit notamment les rencontres, toujours
subtilement écrites dans ses situations variées. A suivre.
Les
Hirondelles de Kaboul (Zabou Breitman & Eléa Gobbé-Mévellec,
2019)
Il
y a quelques années, les gens qui n'aimaient La
Rafle, qui trouvaient ce film d'une lourdeur incroyable,
étaient traités de nazis par sa réalisatrice. Aujourd'hui, il y a
peu de chance que les deux réalisatrices de ce sommet de démagogie
disent que ceux qui n'aiment pas Les Hirondelles de Kaboul
sont des terroristes islamiques. Le film est un long déballage de
dialogues ultra signifiant qui visent tous à la même conclusion,
ces affreux barbus sont de sacrés hypocrites. Regardez les interdire
de vivre aux gentils mais eux écoutent les matches de foot (le film
se déroule pendant la Coupe du monde de football 1998), ils ont
droit à une sexualité libre (la scène dans le bordel). L'un des
personnages de barbu est tellement chargé qu'il s'effondre, comme
écrasé par l'amoncellement de clichés. Finalement, ce court film
d'animation pense faire œuvre de salut public en dénonçant ces
salopards de taliban, il croit être subtil mais en regardant la
scène de lapidation qui ouvre le film, je n'ai pas pu m'empêcher de
penser à celle dans La Vie de Brian tournée il y a 40 ans
déjà, quand l'Afghanistan a commencé à entrer dans l'Histoire.
Les Monty Python, eux, ne cherchaient pas à faire un film politique
mais le film, au fil des décennies, a pris une puissance incroyable
que n'arrive jamais à avoir Les Hirondelles de Kaboul.
River
of grass (Kelly Richardt, 1994)
25
ans après, on peut enfin découvrir le premier film de la cinéaste
qui m'a tant enchanté avec Old joy et ses quatre autres films. C'est
d'abord un plaisir de retrouver une image des années 1990, un grain
de pellicule, un cadre de l'époque, des acteurs à gueule comme j'en
avais découvert à cette période où le cinéma indépendant
américain explosait. Ensuite, il faut tout de même se confronter à
un récit un peu mollasson où deux solitaires, deux marginaux se
rencontrent sous le soleil de Miami. On voit là une claire volonté
de montrer le drame sous le soleil de la Floride, histoire de
rappeler que même sous le soleil l'angoisse est sourde. Le vrai
personnage de ce film est un revolver perdu et retrouvé par le
anti-héros du film. Il passe entre les mains de ce couple qui se
forme, presque contraint et forcé, et détermine leur parcours.
Parcours d'autant plus étrange que le film s'échine à faire dans
ce road movie du surplace. Les personnages sont incapables de quitter
leur vie médiocre malgré tout ce qui leur tombe sur le pif. C'est
vif et nonchalant en même temps (la marque de fabrique de la
cinéaste) avec quelques scènes drôles (quand elle éjecte son
compagnon de la bagnole).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire