dimanche 15 septembre 2019

J'ai aussi regardé ces films en septembre


Tu mérites un amour (Hafsia Herzi, 2019)
Une fille facile (Rebecca Zlotowski, 2019)
Le nouveau meilleur ami de la femme est le jeune gay, un peu folle, franchement excentrique et qui n'a pas sa langue dans la poche. Certes, il n'est là que pour commenter les agissements de sa meilleure maie qui s'égare dans sa recherche du plaisir sexuel ou du bonheur amoureux, d'ailleurs il disparaît parfois du récit comme dans Une fille facile pour revenir en fin de film pour rappeler à la réalité sa jeune héroïne ici Naïma (Mina Farid) qui accueille sa cousine délurée Sofia (Zahia Dehar). Dans Tu mérites un amour, Lila (Hafsia Herzi) discute de longues minutes avec son meilleur ami gay qui tente de la raisonner, la pauvre elle est encore amoureuse d'un bellâtre d'une bêtise crasse. Chez Rebecca Zlotowski, c'est la lutte des classes qui est au centre du récit. Naïma avoue à Benoît Magimel qu'elle n'est jamais allé sur un bateau de sa vie alors qu'elle habite au bord de la mer. Sofia, comme son nom l'indique incarne la sagesse, et elle met à l'amende les petites princesses italiennes qui entendaient l'humilier. Les deux films se ressemblent, on remarque que la scène cathartique est maintenant dans la boîte de nuit, il y a dix ans c'était chanter à tue-tête au volant d'une voiture (exemple le plus raté : Mario Cotillard chez les Dardenne) mais diffère sur de nombreux points. Tu mérites un amour est plus foisonnant, plus amusant aussi, plus tenu. Hafsia Herzi joue la modestie, elle s'amuse du catalogue de jeunes mecs qui défilent devant sa caméra, de toutes les couleurs, de tous les styles. Elle mène avec habileté son récit notamment les rencontres, toujours subtilement écrites dans ses situations variées. A suivre.

Les Hirondelles de Kaboul (Zabou Breitman & Eléa Gobbé-Mévellec, 2019)
Il y a quelques années, les gens qui n'aimaient La Rafle, qui trouvaient ce film d'une lourdeur incroyable, étaient traités de nazis par sa réalisatrice. Aujourd'hui, il y a peu de chance que les deux réalisatrices de ce sommet de démagogie disent que ceux qui n'aiment pas Les Hirondelles de Kaboul sont des terroristes islamiques. Le film est un long déballage de dialogues ultra signifiant qui visent tous à la même conclusion, ces affreux barbus sont de sacrés hypocrites. Regardez les interdire de vivre aux gentils mais eux écoutent les matches de foot (le film se déroule pendant la Coupe du monde de football 1998), ils ont droit à une sexualité libre (la scène dans le bordel). L'un des personnages de barbu est tellement chargé qu'il s'effondre, comme écrasé par l'amoncellement de clichés. Finalement, ce court film d'animation pense faire œuvre de salut public en dénonçant ces salopards de taliban, il croit être subtil mais en regardant la scène de lapidation qui ouvre le film, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à celle dans La Vie de Brian tournée il y a 40 ans déjà, quand l'Afghanistan a commencé à entrer dans l'Histoire. Les Monty Python, eux, ne cherchaient pas à faire un film politique mais le film, au fil des décennies, a pris une puissance incroyable que n'arrive jamais à avoir Les Hirondelles de Kaboul.

River of grass (Kelly Richardt, 1994)
25 ans après, on peut enfin découvrir le premier film de la cinéaste qui m'a tant enchanté avec Old joy et ses quatre autres films. C'est d'abord un plaisir de retrouver une image des années 1990, un grain de pellicule, un cadre de l'époque, des acteurs à gueule comme j'en avais découvert à cette période où le cinéma indépendant américain explosait. Ensuite, il faut tout de même se confronter à un récit un peu mollasson où deux solitaires, deux marginaux se rencontrent sous le soleil de Miami. On voit là une claire volonté de montrer le drame sous le soleil de la Floride, histoire de rappeler que même sous le soleil l'angoisse est sourde. Le vrai personnage de ce film est un revolver perdu et retrouvé par le anti-héros du film. Il passe entre les mains de ce couple qui se forme, presque contraint et forcé, et détermine leur parcours. Parcours d'autant plus étrange que le film s'échine à faire dans ce road movie du surplace. Les personnages sont incapables de quitter leur vie médiocre malgré tout ce qui leur tombe sur le pif. C'est vif et nonchalant en même temps (la marque de fabrique de la cinéaste) avec quelques scènes drôles (quand elle éjecte son compagnon de la bagnole).

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