mardi 10 septembre 2019

Deux têtes folles (Richard Quine, 1964)

La semaine s'est proposée comme une suite de hasards, les films sont venus à moi comme ça dans un alignements d'étoiles dignes du star system. Je découvre donc que Richard Quine a été acteur, je regarde La Blonde explosive tiré d'une pièce de George Axelrod, comme Deux tête folles inspiré de La Fête à Henriette de Julien Duvivier. La Blonde explosive parlait de la publicité dans le cinéma, du star system, de l'influence de la télévision. Deux têtes folles cerne la conception d'un scénario.

Autour d'une tripotée de jeunes femmes en bikini, un trio de producteurs se prélassent sur des transats. Ils sont au bord de la mer. L'un d'eux (Noël Coward) téléphone au scénariste qu'il a embauché pour écrire un script. Les 180 pages du scénario doivent être prêtes pour dans trois jours. A l'autre bout du fil, à Paris le scénariste vedette se fait bronzer la couenne dans un palace. Il affirme que tout est écrit et que l'histoire est formidable. Seulement voilà, Richard Benson (William Holden) n'a pas écrit une ligne.

Il a passé les 19 semaines payées par la production a boire des cocktails et faire la fête. C'est dans cette situation qu'il accueille dans sa luxueuse et spacieuse suite Gabrielle Simpson (Audrey Hepburn), jeune secrétaire venue pour taper le manuscrit de Benson. Ce sont deux caractères qui s'affrontent dans cet hôtel dont ils ne vont pas sortir pendant trois. Le tempérament cynique du scénariste, ses sautes d'humeur vont à l'encontre de la douceur de la dactylo, de sa timidité réelle ou feinte et son ignorance du monde du cinéma.

Ironiser sur la Nouvelle Vague devait être amusant quand George Axelrod a écrit cette histoire. Richard Benson passe une bonne partie de son temps à fustiger ces jeunes réalisateurs parisiens qui se moquaient d'un script bien tenu. Benson lui n'envisage pas de faire un bon film qu'avec une méthode académique. D'ailleurs Richard Quine non plus. Il a du mal dans son premier quart d'heure malgré le cabotinage de son acteur à décoller.

La mise en abyme arrive rapidement quand le personnage d'Audrey Hepburn prend en charge la narration damant le pion de son confrère. Elle aime la Nouvelle Vague, explique-t-elle alors elle invente un protagoniste espiègle, un jeune homme qu'on appellera Philippe (Tony Curtis) à moins que ce ne soit Maurice, non finalement Philippe qui arrive délicieusement dans un café pour retrouver sa petite amie qui sera jouée par Audrey Hepburn.

« La Fille qui a volé la Tour Effeil », tel est le titre du film inventé sous nos yeux où tout change à vue (tiens, voici Marlène Dietrich), tient voici pleins d'espions, tiens, on retourne en arrière, et si on ajoutait un vampire. Ça c'est pour le tout début, ensuite ça se calme un peu, ça traîne pour enfin revenir vers un numéro presque burlesque qui rappelle les films de Blake Edwards.


L'enjeu du film est d'aller vers une certaine sophistication, vers une légèreté constante dans les bribes de récit que le duo se raconte. Le charme ne marche que partiellement quand les aventures sont en extérieur, le film s'embourbe dans une histoire d'amour entre le scénariste et la secrétaire, encore une romance entre un vieux et une gamine, la lourdeur de Hollywood par excellence. Le théâtre finit par l'emporter sur le cinéma.


























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