La
semaine s'est proposée comme une suite de hasards, les films sont
venus à moi comme ça dans un alignements d'étoiles dignes du star
system. Je découvre donc que Richard Quine a été acteur, je
regarde La Blonde explosive tiré d'une pièce de George
Axelrod, comme Deux tête folles inspiré de La Fête à
Henriette de Julien Duvivier. La Blonde explosive parlait
de la publicité dans le cinéma, du star system, de l'influence de
la télévision. Deux têtes folles cerne la conception d'un
scénario.
Autour
d'une tripotée de jeunes femmes en bikini, un trio de producteurs se
prélassent sur des transats. Ils sont au bord de la mer. L'un d'eux
(Noël Coward) téléphone au scénariste qu'il a embauché pour
écrire un script. Les 180 pages du scénario doivent être prêtes
pour dans trois jours. A l'autre bout du fil, à Paris le scénariste
vedette se fait bronzer la couenne dans un palace. Il affirme que
tout est écrit et que l'histoire est formidable. Seulement voilà,
Richard Benson (William Holden) n'a pas écrit une ligne.
Il
a passé les 19 semaines payées par la production a boire des
cocktails et faire la fête. C'est dans cette situation qu'il
accueille dans sa luxueuse et spacieuse suite Gabrielle Simpson
(Audrey Hepburn), jeune secrétaire venue pour taper le manuscrit de
Benson. Ce sont deux caractères qui s'affrontent dans cet hôtel
dont ils ne vont pas sortir pendant trois. Le tempérament cynique du
scénariste, ses sautes d'humeur vont à l'encontre de la douceur de
la dactylo, de sa timidité réelle ou feinte et son ignorance du
monde du cinéma.
Ironiser
sur la Nouvelle Vague devait être amusant quand George Axelrod a
écrit cette histoire. Richard Benson passe une bonne partie de son
temps à fustiger ces jeunes réalisateurs parisiens qui se moquaient
d'un script bien tenu. Benson lui n'envisage pas de faire un bon film
qu'avec une méthode académique. D'ailleurs Richard Quine non plus.
Il a du mal dans son premier quart d'heure malgré le cabotinage de
son acteur à décoller.
La
mise en abyme arrive rapidement quand le personnage d'Audrey Hepburn
prend en charge la narration damant le pion de son confrère. Elle
aime la Nouvelle Vague, explique-t-elle alors elle invente un
protagoniste espiègle, un jeune homme qu'on appellera Philippe (Tony
Curtis) à moins que ce ne soit Maurice, non finalement Philippe qui
arrive délicieusement dans un café pour retrouver sa petite amie
qui sera jouée par Audrey Hepburn.
« La
Fille qui a volé la Tour Effeil », tel est le titre du film
inventé sous nos yeux où tout change à vue (tiens, voici Marlène
Dietrich), tient voici pleins d'espions, tiens, on retourne en
arrière, et si on ajoutait un vampire. Ça c'est pour le tout début,
ensuite ça se calme un peu, ça traîne pour enfin revenir vers un
numéro presque burlesque qui rappelle les films de Blake Edwards.
L'enjeu
du film est d'aller vers une certaine sophistication, vers une
légèreté constante dans les bribes de récit que le duo se
raconte. Le charme ne marche que partiellement quand les aventures
sont en extérieur, le film s'embourbe dans une histoire d'amour
entre le scénariste et la secrétaire, encore une romance entre un
vieux et une gamine, la lourdeur de Hollywood par excellence. Le
théâtre finit par l'emporter sur le cinéma.
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