La
presse cinéma de 1914 (le magazine Moving Picture World, cité dans
The Films of Charlie Chaplin édité en 1965 par Bonanza Books New
York) s'était ému de la « brutalité » de The
Property man. Pourtant ce film qui suit Le Maillet de Charlot
et Charlot dentiste n'est pas plus violent que les deux
précédents, chacun en prend pour son compte de coups de pied au cul
et de torgnoles, mais c'est sans doute que le collègue de Charlot
dans ce film a l'apparence d'un vieillard et que frapper si durement
un vieil homme a pu choquer la critique de l'époque.
En
revanche, le public lui est hilare devant le déchaînement de chutes
et cascades que les acteurs engagent sur scène. Dans la deuxième
partie du film (je commence par elle), c'est le spectacle de
vaudeville que le public regarde dans un champ contre-champ
perpétuel. Rien ne va dans ce spectacle donné, ni le Monsieur
Muscle, ni les jeunes danseuses ni la partie dramatique. Chaque fois,
tout est contaminé par l'incompétence des deux régisseurs, Charlot
et le vieil homme barbu, qui ne font rien comme il faut.
Le
décor n'est pas envoyé au bon moment, il tombe sur les comédiens
sur scène, les accessoires ne sont pas les bons (Monsieur Muscle a
de vraies altères et se fait mal au dos), Charlot rentre sur scène
et admire le popotin des deux deux danseuses. L'imagination de
Charlie Chaplin pour saboter ce qui se passe sur scène est infinie
mais toujours sur le même registre. Charlot agit comme si rien
n'existait, dans un délire quasi onirique, la réalité n'a plus
court, elle est effacée au profit d'un comique radical.
La
première partie repose sur ce même registre mais c'est Charlot qui
est la victime des divers artistes qui viennent dans les loges pour
se préparer à leur spectacle. Là, il montre leur ego
surdimensionné, leur jalousie, leur mesquinerie. Et ce pauvre vieux
est aussi la victime préférée de Charlot. Ainsi, il faut voir la
brutalité de la deuxième partie comme la monnaie de leur pièce. Si
Charlot prend un malin plaisir à saboter leurs numéros c'est qu'il
ne fait que prendre sa revanche sur eux en leur volant la vedette.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire