Comme
Six
destins,
Obsessions
est un film à sketches avec un narrateur omniscient qui passe d'une
histoire à une autre. Deux hommes dans un salon distingué
commencent à se raconter des histoires sur des obsessions qui vont
aller dans le fantastique. Ce n'est plus un objet (la veste de Six
destins) mais un genre qui se glisse dans ces trois histoires. Une
quatrième devait être tournée pour donner un récit en boucle mais
elle ne sera jamais filmée par Julien Duvivier.
Pourtant
elle semble bien là, prête à être racontée quand un corps est
soudain au centre d'une groupe de diablotins. C'est filmé comme dans
un film expressionniste avec un fort contraste dans le noir et blanc
accentuant l'aspect énigmatique, qui plus est les premiers plans de
cette bande de diablotins qui se promènent dans la rue sont filmés
en plongée comme si, en dehors de ce duo de narrateurs, une force
observaient cet étrange ballet.
Il
s'avère vite que ces diablotins ne sont pas des démons mais des
gens déguisés pour le Mardi Gras. On ne saura pas qui est cet homme
mort en début de film et le récit se porte sur un autre personnage,
une jeune femme qui se trouve laide. Elle n'ose pas avouer son amour
à une jeune homme qu'elle suit régulièrement des yeux. Là encore,
un effet visuel étonne. Julien Duvivier filme cette jeune en plaçant
une lumière sous son visage.
C'est
une étrange lumière qui se dégage de son visage totalement hors du
commun, quelques chose d'effrayant se dégage de son regard qui
disparaîtra dans l'épilogue de cette histoire. Mais ke cinéaste va
plus loin en lui faisant porter un masque blanc, ce sont des yeux
sans visage avant l'heure qui cherche à retenir le visage de cet
homme aimé, un refus de se dévoiler dans ce carnaval mais qui va
révéler le fond de son cœur (le film est terriblement mièvre).
Le
film ressemble à un assemblage de trois épisodes de Alfred
Hitchcock présente (qui sera créé des années après
Obsessions) surtout dans cette deuxième partie où Edward G.
Robinson rencontre un diseur de bon aventure (l'étrange Thomas
Mitchell) qui refuse de lui dire ce qu'il lit dans ses mains puis lui
annonce qu'il va tuer un homme. Le visage torturé d'Edward G.
Robinson est parfait pour exprimer les tourments de cet homme pris
dans un piège qu'il se tend à lui-même.
C'est
que cet homme s'est aussi vu annoncé qu'un compte à rebours a
commencé. Il sait qu'il va tuer d'ici quelques jours. Le récit
prend un tour paranoïaque lorsqu'il dialogue avec son propre reflet
dans les miroirs. Julien Duvivier sait jouer sur les fantasmagories
que l'esprit de ce futur condamné invente devant nos yeux, ses
pensées se concrétisent à l'écran. C'est le meilleur des trois
sketches, la chute d'un homme qui prétend ne pas croire à une chose
et qui matérialise cette chose.
La
dernière partie est la moins aboutie. Cela se passe dans un cirque.
Charles Boyer est un funambule qui rêve sa chute et découvre dans
ses songes Barbara Stanwick portant des boucles d'oreille en forme de
lyre. Comme dans les deux premiers épisodes, il s'agit de conjurer
le sort, de renoncer à cette obsession qui les hante. Jamais deux
sans trois concluent les deux hommes du prologue qui ferment le film
sur une petite touche d'ironie.
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