La
perte de mémoire est un ressort simple et efficace pour faire
avancer un récit à suspense. Prenons le cas de Jim Fletcher (Bill
Williams), sympathique gars au visage avenant, le pauvre se réveille
dans un lit d'hôpital sans savoir pourquoi il est là. Il se trouve
ainsi dans la même position que le spectateur qui regarde ce film,
il se découvre lui-même. Plus grave, il surprend une conversation
par une porte entrebâillée, l'infirmière qui le soigne, certes peu
loquace, souhaite qu'il soit rapidement jugé en court martiale pour
trahison.
Voilà
la situation au tout début du Pigeon d'argile film RKO de
Richard Fleischer (où un O était encore glissé entre son nom et
son prénom). Le film est court tout juste une heure et le jeune
cinéaste ne perdait pas de temps et trouvait rapidement des
solutions pour présenter son personnage. Ce héros que les autres
présentent comme un salaud, avec un nombre important de questions :
pourquoi est-il à l'hôpital, pourquoi ne se rappelle-t-il rien,
pourquoi a-t-il trahi ? Trois questions qui forment l'essentiel
du scénario et auxquelles il va devoir répondre.
Parce
que s'il ne sauve pas sa peau, il sera exécuté sur le peloton, il
s'échappe de l'hôpital. Qui dit personnage qui s'échappe, dit
course poursuite, si possible dans la nuit noire. Comme il ignore
tout, il se rend chez Martha Gregory (Barbara
Hale), l'épouse d'un de ses co-légionnaires. Il se trouve que cet
ami est précisément l'homme qui met Fletcher dans cette situation :
il est accusé d'avoir assassiné Gregory lorsqu'ils étaient
prisonniers des Japonais aux Philippines.
De
ce passé pas si lointain, Fletcher contacte aussi un troisième
homme qui était prisonnier là-bas. Ted Niles (Richard Quine, je ne
savais pas le réalisateur avait été acteur) vient immédiatement à
l'aide de Fletcher mais très vite tout se dérègle et rien ne se
passe comme prévu. Ceux qu'il cherchait à tout prix à éviter se
trouvent sur son chemin. Il y a évidemment quelqu'un qui en sait
plus que tout le monde et qui tente de piéger Fletcher.
Ça
avance à toute vitesse, ça passe par une voiture (contrôle de
policiers), par un train (on veut jeter Fletcher du train), par
Chinatown où se trouve le nœud du problème de notre bonhomme qui
commence à comprendre ce qui se passe, il commence à refaire son
puzzle quand un homme au restaurant (Richard Loo). Ce visage il le
connaît, il est celui de ce Japonais qui torturait ses prisonniers,
cet homme c'est « la fouine ».
Le
film se poursuit par le rétablissement de la vérité mais aussi un
fond de récit de corruption, une histoire romantique entre Fletcher
et la veuve éplorée. Tout est un peu cousu de fil blanc mais comme
Richard Fleischer ne prend pas le temps de faire des pauses dans son
film, tout passe en vitesse au fur et à mesure des révélations qui
tombe sur Fletcher et sur Martha. Et voilà un nouveau film du
cinéaste vu.
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