Voilà
un cas typique de ce que l'industrie du cinéma de Hong Kong pouvait
produire de plus indigent. Depuis le milieu des années 1970, après
la mort de Bruce Lee, Jackie Chan est la star du cinéma d'arts
martiaux. Il a galéré, tourné dans des navets pas possibles,
souvent réalisés par Lo Wei, il a trouvé enfin sa voie (grâce à
Yuen Woo-ping) puis il s'est mis avec bonheur à la réalisation avec
La Hyène intrépide
sorti en 1978. Il faut le rappeler Le
Cri de la hyène n'est pas la
suite de La Hyène intrépide,
il joue seulement sur le titre pour attirer le gogo.
Depuis
sa première réalisation, Jackie Chan a largement progressé, il a
peu à peu abandonné le cinéma de kung-fu pour se lancer dans la
comédie d’action. En 1983, Lo Wei – en tant que producteur –
sort Le
Cri de la hyène en
mettant Jackie Chan en tête d’affiche. Seulement voilà, la star
s’était fâché avec Lo Wei, il avait quitté le tournage. Cela
n’a pas empêché ce vieil escroc de continuer son film en faisant
jouer Jackie Chan par un autre acteur grimé. Que Jackie ne
ressemble plus en 1983 à ce qu’il était en 1977, au moment du
tournage, n’est même pas un problème pour le producteur.
Faire
jouer un seul personnage par deux acteurs, pourquoi pas. Le sosie qui
porte une moustache ou une barbe, un chapeau ou une perruque réussit
à peu près à se battre. Il imite la gestuelle si particulière de
Jackie Chan, sa manière de se déplacer, la façon dont il bouge
dans un angle à 90° son visage plus vite que ses cheveux (son
personnage a des cheveux longs), la position arquée exagérée de
ses jambes. On le sait tous, Jackie Chan c’est d’abord un
physique reconnaissable entre tous, une coiffure abondante et un peu
rebelle et son sourire comme sa bonne bouille, surtout à ses débuts.
Mais
comme l’avait Robert Clouse dans Le
Jeu de la mort 2
avec Bruce Lee, Lo Wei utilise
des morceaux d’anciens films de Jackie Chan pour palier son
absence. On le voit pécher les grenouilles et une anguille dans Le Chinois se déchaîne. Pire
que cela, le combat final entre le super méchant (Yen Shi-kwan) et
Jackie est celui de La Hyène
intrépide avec comme
modification au montage la suppression des dialogues entre les deux
hommes et l’ajout du personnage de Tung le paresseux (Austin Wai)
qui, comble du foutage de gueule, est celui qui met fin aux jours du
méchant, manière peu élégante de Lo Wei de se venger.
Car
l’autre moyen pour faire du Cri
de la hyène un long
métrage à durée classique est d’y introduire un personnage dans
une intrigue parallèle. Ce sera Tung que l’on découvre chez lui,
couché dans son lit, tirant sur des leviers pour faire venir les
objets à lui (bouffe, pot de chambre, etc) sans avoir à bouger le
petit doigt. Il se lie avec Grenouille, un trompe la faim, qui a des
dettes et qui trouve refuge dans la maison de Tung. Ils vont former
un duo comique qui repose sur leur opposition physique (l’un grand
et beau gosse, l’autre nerveux et vilain).
Le
souci dans ce film est que Lo Wei galère pour trouver un scénario
pour que Jackie et Tung se rencontrent enfin. Le récit est rempli
d’incohérences encore plus mis en avant par le festival de faux
raccords. On se croirait dans un navet de Godfrey Ho. A vrai dire,
raconter l’histoire du Cri
de la hyène n’est
pas nécessaire. Décrire les personnages vaut tout récit. Ainsi les
deux supers méchants qui cherchent à éliminer les pères de Jackie
et Tung sont affublés de grandes capes rouge et bleu et leurs rires
sardoniques préviennent tout le monde qu’ils sont d’affreux
jojos.
Ils
sont accompagnés de quatre gardes vêtus d’uniforme doré qui
accentuent le côté ridicule du film. Je ne précise pas qu’on n’y
croit pas du tout. Jackie Chan avait choisi de ne pas inclure de
personnage féminin dans La
Hyène intrépide. Lo
Wei introduit une protagoniste (Pearl Lin) qui ne sert à rien sinon
montrer une femme. Et je finirais avec la scène entre Dean Shek et
Jackie où ce dernier se fait moquer de son physique par le premier.
J’ignore si les dialogues ont été faits après le départ de
l’acteur, telle une revanche supplémentaire pour le ridiculiser,
mais ça en a tout l’air.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire