La
maison de campagne est le nouveau décor du cinéma français, c'est
le lieu idéal pour réunir tout une troupe d'acteurs pour pas cher,
un seul endroit pour un film qui se déroule pendant les vacances
(comme chez Guillaume Canet), lors d'un événement particulier,
Noël, un mariage oun un anniversaire comme chez Cédric Kahn. La
belle maison d'Andréa (Catherine Deneuve) est à quelques dizaines
de kilomètres de Paris, on vient là en voiture et c'est pas la
place qui manque. On sent une certaine classe sociale à moins
qu'elle cache bien son jeu en mode Claude Chabrol.
Andréa
est la maman et elle attend ses enfants pour son anniversaire. Cédric
Kahn choisit pour les enfants de Catherine Deneuve une catégorie
particulière d'acteurs. J'imagine que c'est très volontairement
qu'il a décidé de confier ces rôles à trois cinéastes acteurs et
actrice. Lui-même est Vincent le fils aîné, on va dire celui qui a
réussi dans la vie, bon époux, bon père de famille. Vincent
Macaigne est l'autre frère Romain, à l'opposé total de son aîné.
Jamais il ne lui viendrait à l'idée de se décrire comme un homme
qui a réussi sa vie, il n'est pas tout à fait un raté. Lui vient
avec sa nouvelle fiancée, une jeune femme d'Argentine.
Emmanuelle
Bercot joue Claire la sœur des deux autres. L'actrice comédienne a
fait tourner Catherine Deneuve dans un de ses films récents, celui
où Catherine improvisait cette demande à un vieux paysan de lui
rouler une cigarette. Ce film a plus ou moins marqué un nouveau
mouvement dans la carrière de l'actrice, plus décontractée. Elle
se retrouve aujourd'hui à être la maman de ces trois adultes qui
n'ont jamais fini d'en finir avec leurs disputes d'enfance et
d'adolescence. Disons de Fête de famille donne dans le titre
ironique, pas tellement dans une tendance Bacri Jaoui, Cédric Kahn
lorgne plutôt vers Arnaud Desplechin.
Ce
choix va dans le sens de la thématique. Chacun de ces trois enfants
se met en scène et ment pensant protéger l'autre et en premier lieu
leur mère. Le but du jeu de cette Fête de famille est de
jouer un personnage. Les enfants ont bien compris tout ça, la fille
de Claire souhaite avec ses cousins, les fils de Vincent, présenter
une pièce de théâtre à toute la famille. Quand Romain demande de
quoi il retourne, quel sera le sujet de cette pièce, l'adolescente
répond que ce sera eux, que ça causera de la famille. Il s'agit
donc de mettre en scène cette famille a priori unie et à partir de
ce moment, tout le monde va se disputer.
La
théâtralité prend une grande place dans cette journée et jamais
Cédric Kahn prend le risque d'assumer cette part de grand Guignol
(tous ces coups de théa^tre quand arrive Emmanuelle Bercot, ses
crises de nerfs, ces coups de gueule), de théâtre de boulevard
(Vincent Macaigne en tête en clown triste), de petit théâtre à la
Bergman tout en tendresse (Catherine Deneuve joue le jeu de la
grand-mère confidente). Les trois enfants forment une petite galerie
de monstres qu'on reconnaît tous à la fois dans le cinéma français
et dans nos propres familles. Le film frôle toujours le cliché et
s'en démarque aussitôt de justesse, c'est de ça dont il s'agit, de
justesse.
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