mercredi 4 septembre 2019

Fête de famille (Cédric Kahn, 2019)


La maison de campagne est le nouveau décor du cinéma français, c'est le lieu idéal pour réunir tout une troupe d'acteurs pour pas cher, un seul endroit pour un film qui se déroule pendant les vacances (comme chez Guillaume Canet), lors d'un événement particulier, Noël, un mariage oun un anniversaire comme chez Cédric Kahn. La belle maison d'Andréa (Catherine Deneuve) est à quelques dizaines de kilomètres de Paris, on vient là en voiture et c'est pas la place qui manque. On sent une certaine classe sociale à moins qu'elle cache bien son jeu en mode Claude Chabrol.

Andréa est la maman et elle attend ses enfants pour son anniversaire. Cédric Kahn choisit pour les enfants de Catherine Deneuve une catégorie particulière d'acteurs. J'imagine que c'est très volontairement qu'il a décidé de confier ces rôles à trois cinéastes acteurs et actrice. Lui-même est Vincent le fils aîné, on va dire celui qui a réussi dans la vie, bon époux, bon père de famille. Vincent Macaigne est l'autre frère Romain, à l'opposé total de son aîné. Jamais il ne lui viendrait à l'idée de se décrire comme un homme qui a réussi sa vie, il n'est pas tout à fait un raté. Lui vient avec sa nouvelle fiancée, une jeune femme d'Argentine.

Emmanuelle Bercot joue Claire la sœur des deux autres. L'actrice comédienne a fait tourner Catherine Deneuve dans un de ses films récents, celui où Catherine improvisait cette demande à un vieux paysan de lui rouler une cigarette. Ce film a plus ou moins marqué un nouveau mouvement dans la carrière de l'actrice, plus décontractée. Elle se retrouve aujourd'hui à être la maman de ces trois adultes qui n'ont jamais fini d'en finir avec leurs disputes d'enfance et d'adolescence. Disons de Fête de famille donne dans le titre ironique, pas tellement dans une tendance Bacri Jaoui, Cédric Kahn lorgne plutôt vers Arnaud Desplechin.

Ce choix va dans le sens de la thématique. Chacun de ces trois enfants se met en scène et ment pensant protéger l'autre et en premier lieu leur mère. Le but du jeu de cette Fête de famille est de jouer un personnage. Les enfants ont bien compris tout ça, la fille de Claire souhaite avec ses cousins, les fils de Vincent, présenter une pièce de théâtre à toute la famille. Quand Romain demande de quoi il retourne, quel sera le sujet de cette pièce, l'adolescente répond que ce sera eux, que ça causera de la famille. Il s'agit donc de mettre en scène cette famille a priori unie et à partir de ce moment, tout le monde va se disputer.

La théâtralité prend une grande place dans cette journée et jamais Cédric Kahn prend le risque d'assumer cette part de grand Guignol (tous ces coups de théa^tre quand arrive Emmanuelle Bercot, ses crises de nerfs, ces coups de gueule), de théâtre de boulevard (Vincent Macaigne en tête en clown triste), de petit théâtre à la Bergman tout en tendresse (Catherine Deneuve joue le jeu de la grand-mère confidente). Les trois enfants forment une petite galerie de monstres qu'on reconnaît tous à la fois dans le cinéma français et dans nos propres familles. Le film frôle toujours le cliché et s'en démarque aussitôt de justesse, c'est de ça dont il s'agit, de justesse.

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