lundi 13 mai 2019

The Doom generation (Gregg Araki, 1995)

Avec The Doom generation, Gregg Araki se lance un petit défi un peu crétin : faire un film hétéro. Il inscrit cela dans un carton du générique « a heterosexual moie by Gregg Araki » comme il inscrivait au début de Totally fucked up « another gay movie by Gregg Araki ». Deux garçons, une fille et deux possibilités, pas plus, la fille avec un garçon l'un après l'autre. Le reste est du pur jus du cinéaste, moins rugueux que son film précédent, plus abordable, plus conventionnel parfois.

Nos trois personnages ont tous un nom de couleur. Bleu, blanc et rouge, les trois couleurs du drapeau américain (et aussi de plein d'autres pays, bien entendu). Le film marque la deuxième apparition de James Duval dans l'univers coloré et délirant du cinéaste, l'acteur avec son petit sourire en coin toujours semblant gêné par ce qui lui arrive, les cheveux mi-longs comme on en portait il y a 25 ans.

James Duval est le moteur du récit pourtant son personnage n'est pas celui qui conduit la voiture, il s'appelle Jordan White. La conductrice est Amy Blue (Rose McGowan), coiffure à la Louise Brooks, jeune femme rebelle typique des films du cinéaste, toujours dans le contrôle de sa colère. Après avoir été dans une boîte de nuit, ils croisent sur le parking Xavier Red (Johnathon Schaech), variation du cow-boy ultra sexué.

Le jeu de séduction commence dans ce trio avec cette ambition de tourner autour du désir, de la sensualité, du sex appeal entre eux. Le film s'amuse avec le trash (Welcome to Hell lit-on), un couteau comme symbole phallique en guise de moyen de se rencontrer pour la première, une bagarre avec des chaînes et ça se poursuit dans la bagnole d'Amy où les corps se dénudent petit à petit et les regards se croisent langoureusement.

Jordan et Xavier, appelé X par le premier parce qu'il ne sait pas prononcer son prénom en entier, trop compliqué pour son cerveau fatigué (James Duval joue à la perfection l'abruti drogué) se retrouvent régulièrement tous seuls dans des positions où leurs lèvres se rapprochent, s'effleurent mais jamais ne se toucheront. Ce pari initial d'hétérosexualité, Gregg Araki le triture jusqu'au bout du périple qui passe par toutes les couleurs.

C'est sous la forme d'un road movie que le film avance et que le trio croise la lie de la société américaine. Des néo nazis dégénérés qui dessinent des croix gammées rouges sur leur torse, des commerçants sur-armés qui dégainent au moindre souci, chaque fois le trio achète de la bouffe et le prix est le même 6,66$. Bouillonnant et imparfait, ultra référencé Nouvelle Vague, The Doom generation lançait la météorite Gregg Araki.

























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