Les
Crevettes pailletées (Cédric Le Gallo & Maxime Govare, 2019)
Le
principe de base est un peu con, comme celui de Toute première fois
le précédent film de Maxime Govare (tourné avec quelqu'un
d'autre). Punir un nageur pour un propos homophobe en le forçant à
entraîner une équipe de bras cassés. Mais passé ce principe, le
film démarre et commence à ronronner puis au bout d'un moment s'avère très agréable. Les typages des personnages
sont pas trop putassiers pour une fois, au contraire l’exubérance
de chacun fait plaisir à voir dans un cinéma français qui n'aime
rien tant que le centrisme forcené comme Nous finirons ensemble
film macroniste. Les Crevettes pailletées s'offre le
privilège du kitsch avec une fin réussie, malgré une image plate
et un scénario « à l'américaine » (avec sa rupture et
sa réconciliation obligées). C'est bien mieux que Le Grand bain.
Passion
(Ryusule Hamaguchi, 2008)
Dans
le cinéma japonais, une photographie si pauvre est rare tout comme
la direction d'acteurs approximative. Mais j'apprends que ce premier
film est un travail de fin d'études du cinéaste. Le film est une
manière de revenir sur le plus rohmérien des cinéastes japonais et
il pourrait piquer la place de leader mondial à Hong Sang-soo. Dans
ce long récit de près de deux heures, la première demi-heure est
la meilleure, trois fiancés en goguette qui abandonnent leurs
copines pour rejoindre deux autres filles pour les consoler de la
mort d'un chat. Les dialogues sont amusant, les situations banales
mais jamais ennuyeuses. Le reste du film redéploie les personnages,
les confrontent les uns aux autres, les met à l'épreuve de leur
faiblesse. Ce sont essentiellement des discussions à deux où le
cinéaste expérimente vaguement. Ça reste très dispensable.
Nous
finirons ensemble (Guillaume Canet, 2019)
Tourné
par d'autres (mettons Claude Chabrol), un tel scénario aurait montré
tout le fossé qui sépare ces bourgeois de la réalité sociale. Les
portraits auraient été féroces et le ridicule de leur vie auraient
été transparents. Mais Guillaume Canet lui prétend aimer tous ces
parvenus qui n'ont pas d'autres soucis que la vente d'une grosse
maison en bord de plage. Ils ont des excuses, ils ne boivent que du
vin blanc, sans doute bourré de sulfite, ça leur monte à la tête,
ça les rend hystériques comme lorsque la femme divorcée vide la
cave de son ex avec le voisin (qu'est-ce qu'on se marre). Film
macroniste puisqu'il offre que des mauvaises solutions à de faux
problèmes. Le film est tellement affreux, mal écrit, mal dialogué
que j'ai eu parfois du mal à regarder l'écran. Le finale quand les
gamins sont perdus en mer est dégueulasse. Qu'est-ce que c'est
« dégueulasse » ? C'est la recherche de l'émotion
permanente à grands coups de trémolo. Cette fois, et c'est très
bien, Mathieu Chédid ne fait pas la musique, mais les chansons
sélectionnées dans un conformisme bon teint (on les connaît
toutes) semblent montées au hasard.
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