jeudi 2 mai 2019

La Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982)

Anémone était une flibustière, c'est d'ailleurs dans ce costume qu'elle débarque virevoltante à la cérémonie des César 1988 pour ne pas prendre le trophée des mains de Sabine Azéma quand elle le reçoit pour son rôle dans Le Grand chemin de Jean-Loup Hubert. 30 ans déjà que ce gentil happening a eu lieu et voici qu'Anémone qui a débute devant la caméra de Philippe Garrel pour un film au titre éponyme et qui lui a donné son pseudonyme est morte.

Les années 1980 étaient celles d'Anémone. Un autre happening mémorable est sa venue à l'émission Monsieur Cinéma de Pierre Tchernia pour la promotion du Mariage du siècle. Elle était sur le plateau avec Thierry Lhermitte et ils avaient bu avant le début de l'émission, l'hilarité était générale et le film était un peu passer à l'as, c'était une chouette comédie où l'actrice incarnait une princesse qui tombait amoureuse d'un roturier indélicat.

Autre film de sa longue carrière, Pour cent briques t'as plus rien avec Daniel Auteuil encore dans sa voie comique (il sortait des Sous-doués) et avec Gérard Jugnot portant encore sa moustache. Anémone a ainsi rencontré les membres de l'équipe du Splendid ici ou là avant et après sa participation dans Le Père Noël est une ordure, à la fois dans la pièce (moyenne) et dans le film de Jean-Marie Poiré (franchement bon).

Sa voix et sa drôle de tronche font beaucoup dans ses personnages, souvent disgracieux et considérés par les autres comme une femme ingrate. Parfois les cinéastes lui donnent un rôle à contre emploi, par exemple Michel Deville dans Péril en la demeure, l'affublant d'une canne et d'un sale caractère. Tonie Marshall lui offre un rôle de détective, d'homme, ou presque, dans le si bien nommé Pas très catholique.

Dans Le Père Noël est une ordure elle est qualifiée de femme au physique pas facile comme le disent les autres personnages. Face à elle dans ce centre d'écoute des personnes dépressives, Thierry Lhermitte et Josiane Balasko, pas franchement des bonnes âmes, au contraire des gens qui appellent, surtout cette affreuse Madame Musquin, plus mesquine que jamais qui ne veut rien d'autre que partir à son Noël.

Marie-Anne Chazel et Gérard Jugnot forment un couple de cloches bêtes et méchants, Christian Clavier incarne Charles Bronson et Bruno Moynot fabrique des pâtisseries à partit de saccharose de synthèse et de margarine. Le portrait est très chargé surtout celui que Pierre a peint de Thérèse avec ce cochon et cette femme aux gros seins devant une église. Thérèse a tricoté un gilet pour Pierre qui n'avait rien pour sortit les poubelles.

La petite voix frêle, la pose de visage un peu penchée, le léger sourire gêné de Thérèse, voilà qui compose le seul personnage un peu sensé du Père Noël est une ordure, une femme dont tout le monde va profiter, ils vont abuser de sa gentillesse, surtout Zézette et Félix. Le film fonctionne par sketches, par petites touches au réalisme exacerbé, comme dans les films français de Luis Buñuel où chacun est la part d'ombre de l'autre.


Depuis quelques années, Anémone pestait contre ses anciens camarades du film qui auraient oublié de lui payer pour ses répliques culte, comme on dit. Anémone avait ce petit côté pète-sec qui faisait le bonheur des chroniqueurs télé (comme Mocky et ses colères). C'est sans doute pour cela que Riad Sattouf l'a employé pour incarner le tyran chevalin dans Jacky au royaume des filles son dernier rôle marquant.
























Aucun commentaire: