Anémone
était une flibustière, c'est d'ailleurs dans ce costume qu'elle
débarque virevoltante à la cérémonie des César 1988 pour ne pas
prendre le trophée des mains de Sabine Azéma quand elle le reçoit
pour son rôle dans Le Grand chemin de Jean-Loup Hubert. 30
ans déjà que ce gentil happening a eu lieu et voici qu'Anémone qui
a débute devant la caméra de Philippe Garrel pour un film au titre
éponyme et qui lui a donné son pseudonyme est morte.
Les
années 1980 étaient celles d'Anémone. Un autre happening mémorable
est sa venue à l'émission Monsieur Cinéma de Pierre Tchernia pour
la promotion du Mariage du siècle. Elle était sur le plateau
avec Thierry Lhermitte et ils avaient bu avant le début de
l'émission, l'hilarité était générale et le film était un peu
passer à l'as, c'était une chouette comédie où l'actrice
incarnait une princesse qui tombait amoureuse d'un roturier
indélicat.
Autre
film de sa longue carrière, Pour cent briques t'as plus rien
avec Daniel Auteuil encore dans sa voie comique (il sortait des
Sous-doués) et avec Gérard Jugnot portant encore sa
moustache. Anémone a ainsi rencontré les membres de l'équipe du
Splendid ici ou là avant et après sa participation dans Le Père
Noël est une ordure, à la fois dans la pièce (moyenne) et dans
le film de Jean-Marie Poiré (franchement bon).
Sa
voix et sa drôle de tronche font beaucoup dans ses personnages,
souvent disgracieux et considérés par les autres comme une femme
ingrate. Parfois les cinéastes lui donnent un rôle à contre
emploi, par exemple Michel Deville dans Péril en la demeure,
l'affublant d'une canne et d'un sale caractère. Tonie Marshall lui
offre un rôle de détective, d'homme, ou presque, dans le si bien
nommé Pas très catholique.
Dans
Le Père Noël est une ordure elle est qualifiée de femme au
physique pas facile comme le disent les autres personnages. Face à
elle dans ce centre d'écoute des personnes dépressives, Thierry
Lhermitte et Josiane Balasko, pas franchement des bonnes âmes, au
contraire des gens qui appellent, surtout cette affreuse Madame
Musquin, plus mesquine que jamais qui ne veut rien d'autre que partir
à son Noël.
Marie-Anne
Chazel et Gérard Jugnot forment un couple de cloches bêtes et
méchants, Christian Clavier incarne Charles Bronson et Bruno Moynot
fabrique des pâtisseries à partit de saccharose de synthèse et de
margarine. Le portrait est très chargé surtout celui que Pierre a
peint de Thérèse avec ce cochon et cette femme aux gros seins
devant une église. Thérèse a tricoté un gilet pour Pierre qui
n'avait rien pour sortit les poubelles.
La
petite voix frêle, la pose de visage un peu penchée, le léger
sourire gêné de Thérèse, voilà qui compose le seul personnage un
peu sensé du Père Noël est une ordure, une femme dont tout
le monde va profiter, ils vont abuser de sa gentillesse, surtout
Zézette et Félix. Le film fonctionne par sketches, par petites
touches au réalisme exacerbé, comme dans les films français de
Luis Buñuel où chacun est la part d'ombre de l'autre.
Depuis
quelques années, Anémone pestait contre ses anciens camarades du
film qui auraient oublié de lui payer pour ses répliques culte,
comme on dit. Anémone avait ce petit côté pète-sec qui faisait le
bonheur des chroniqueurs télé (comme Mocky et ses colères). C'est
sans doute pour cela que Riad Sattouf l'a employé pour incarner le
tyran chevalin dans Jacky au royaume des filles son dernier
rôle marquant.
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