Les
cheveux plaqués à la gomina, la moustache fine, le porte-cigarette
à la main, Fernando Cefalù (Marcello Mastroianni) rentre dans sa
ville natale en train. Féfé, comme toute le monde le surnomme,
n'est pas n'importe qui dans la commune de Agromonte, il en est le
baron, un nobliau dont il porte les signes distinctifs dans cette
posture distingués. Il sort de son compartiment et traverse le wagon
et retrouve sa ville de Sicile.
C'est
la voix off de l'acteur qui décrit l'environnement dans lequel il va
évoluer et qui va permettre de comprendre pourquoi il est dans ce
train. C'est d'abord une présentation statistique de la ville, le
nombre d'habitants et surtout d’illettrés. Puis il en vient à
présenter toute sa famille qui l'attend. Le tout est fait avec une
belle ironie, on comprend assez vite le peu de sympathie que Fernando
a pour à peu près tout le monde.
Il
raconte qu'il est marié depuis 12 ans avec Rosalia (Daniela Rocca)
au visage ingrat. Elle porte une moustache de duvet sur les lèvres
et surtout ces deux sourcils sont joints. Chaque soir, Féfé refuse
les câlins qu'elle lui offre sous n'importe quel prétexte. Ce qu'il
n'ose pas dire est qu'il est amoureux de sa jeune nièce Angela
(Stefania Sandrelli) qui est encore au lycée. Evidemment, cette
passion doit rester secrète du reste de la famille.
Pietro
Germi montre ses membres comme autant de monstres. Les parents
possessifs, le grand-père qui met la main aux fesses de la petite
bonne, la sœur à lunettes qui est amoureuse d'un ami, un
croque-morts, l'oncle qui se dispute sans cesse avec le reste de la
famille. Tout le monde se retrouve le dimanche sur les premiers bancs
de l'église, à écouter le curé ordonner de voter pour la
démocratie chrétienne (gag hilarant).
L'ensemble
du film ne se départ pas d'un ton sarcastique qui enrobe tous ces
hypocrites et en premier lieu Féfé qui, quand il est chez lui,
n'est pas aussi fringant que lorsqu'il est en représentation. Bien
au contraire, il ne quitte jamais son pyjama rayé (comme s'il était
en prison), il ne se coiffe plus gardant ses cheveux hirsutes,
laissant son petit tic de la bouche prendre le dessus. Et plus Féfé
repousse sa femme, plus il a envie de la jeune Angela.
Petit
à petit, il manigance un plan pour se débarrasser de sa femme et
c'est cela le récit profond du film, car en Italie on ne divorce
pas, et surtout pas en Sicile, c'est illégal et en plus ça
déshonore la famille. Avec une joyeuse ironie, tout va se faire le
soir de la projection de La Dolce vita dont on voit quelques
extraits et surtout une séance où toute la ville semble venue voir
ce film, où on ne voit pas Marcello Mastroianni mais seulement Anita
Ekberg.
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