mercredi 8 mai 2019

Les Météorites (Romain Laguna, 2019)


Sans dire que c'est une nouvelle mode, il y a un certain étonnement à voir le recrudescence du format 1:37 dans le cinéma français, d'autant plus que la plupart des films se passent à la campagne où il serait facile pour les jeunes cinéastes de filmer les larges paysages, campagne, montagne etc, avant Les Météorites tourné dans l'Hérault et le Gard, entre Béziers et les montagnes estivales alentour, on avait eu Un violent désir de bonheur de Clément Schneider ou Pour le réconfort de Vincent Macaigne.

C'est d'abord un pont de construction ancienne qui lance le récit avec cette jeune femme qui le traverse à toute vitesse, c'est Nina (Zéa Duprez) qui est en retard pour prendre son car. Elle a beau crier à l'encontre du chauffeur, le car lui passe sous le nez. Elle est donc en retard pour arriver à son boulot et sa collègue Djamila (Oumaima Lyamouri), à peine plus âgée qu'elle, la rappelle à l'ordre. Le boulot : caissière dans un parc d'attractions local, un « dinoparc » avec des diplodocus en latex que Nina doit nettoyer avec un balai.

Elle troque vite son uniforme jaune pour sa tenue de ville, c'est-à-dire en cet été plutôt caniculaire, une tenue plutôt légère. Le corps de Nina balance entre ceux de deux jeunes hommes, le blond Alex (Nathan Le Graciet), un gars relativement insipide, elle lui tond les cheveux parce qu'il a décidé de s'engager à l'armée, comme pour prouver sa virilité. Elle le rejette mollement, il lui rend secours de temps en temps quand son tempérament lui joue des mauvais tours (une claque à un gamin insolent dans le dinoparc) et il la fait embaucher aux vendanges où il bosse.

L'autre gars est le frère de Djamila, il s'appelle Morad (Billal Agab). Sa première incartade dans le récit se fait derrière un grillage comme pour marquer la séparation entre lui et Nina, une apparition où il cause à sa sœur pour récupérer les clés. Il est sur son scooter, sans casque, palmier de cheveux sur le crâne, le petit con par excellence, l'exact opposé du gentil Alex. C'est le jour où elle voit une météorite dans le ciel qu'elle croise pour la première fois le regard de ce Morad, elle voit un signe d'un amour qui irait au-delà des éléments.

Le cinéaste filme ces deux corps qui cherchent à se compléter dans une sensualité que procure l'été (les couleurs chaudes) mais que la ville leur interdit (la ville est une ruine) dans un sens du contraste qui exprime toute la difficulté que les deux amoureux vivent avec intensité, les scènes d'amour sont aussi intenses que leurs disputes, des fights verbaux où chacun fait preuve d'intransigeance, où personne ne veut céder le premier ou la première. Pourtant Djamila avait prévenu Nina que son grand frère n'était pas pour elle.

Le film ne tient pas sur toute la longueur, pourtant il est déjà assez court, et parfois il est peu différent de ce jeune cinéma français qui tente de filmer l'autre France, celle de Shéhérazade, celle de Meltem, sorti il y a quelques semaines. Les Météorites a pour lui un sens du rythme décoiffant, au moins dans sa première heure quand les deux tourtereaux se tournent autour sans savoir où ils vont. Quand Morad quitte le récit, le film est un peu plus faible avant le finale dans une séquence organique au milieu de la nature qui donne envie de voir le deuxième film de Romain Laguna.

Aucun commentaire: