Comme
dans Dodgeball,
le premier film de Rawson Marshall Thurber, le groupe hétéroclite
de gens disparates qui n'auraient jamais vraiment dû se rencontrer
constitue la base de We're the Millers (Les Miller une
famille en herbe, quel titre couillon). Il s'agira ensuite à ce
groupe de se battre contre un abruti fini, Dans Dodgeball, le
groupe de Vince Vaughn affrontait le machisme de Ben Stiller. C'est
donc la famille Miller qui doit se créer de toutes pièces.
A
Denver, dans le Colorado, l'affaire de David (Jason Sudeikis) est
florissante. En quelques minutes, on découvre son business de
vendeur d'herbe d'une organisation redoutable. David reçoit un SMS
de son client, il prépare la dose, se rend au rendez-vous et son
coffre caché dans sa table basse est toujours rempli. David vit une
vie simple sans souci d'argent, jusqu'au jour où tout part en
couilles et qu'il se fait tout voler, cannabis et pognon.
Son
fournisseur, le dingo Brad Gurdlinger (Ed Helms) le reçoit chez lui.
Comme Ben Stiller dans sa salle de gym moderne et aux allures
martiales, le home sweet home de Brad est d'une mégalomanie
délirante. Il a construit un immense aquarium où nage une orque. Le
type est d'une vulgarité sans nom, il humilie David, il est
l'archétype de l'homme d'affaires sans foi ni loi, l'ultra libéral
qui va proposer un marché de dupes à David.
Il
faut bien que le film commence et que la famille se constitue (peu
importe comment notre vendeur de joints trouve l'idée d'une fausse
famille). David change non seulement son nom de famille, il devient
un Miller mais aussi troque sa tenue de loser (cheveux gras en
bataille, sweat, vieux jean') pour celle plus passe-partout de petit
cadre moyen sans histoire (raie au milieu, polo et pantalon marron).
Le voilà un type conformiste.
Les
voilà partis dans un spacieux camping-car. La mère Rose (Jennifer
Aniston), strip-teaseuse lassée de son patron, la fille Casey (Emma
Roberts), une fille à papa qui a fui la maison familiale, une ado
arrogante et méprisante et le fils Kenny (Will Poulter), un voisin
de David, un ado pas futé et qui dans un teen-movie aurait été un
NERD. Les voilà tous les 4 embarqués, après un passage au stand
costumes (saut Kenny) pour le Mexique.
Le
road-movie aller- retour de Denver au Mexique pour chercher des
tonnes de shit est parsemé de rencontres. We're the Millers
est surtout un film où nos quatre tocards sont confrontés à des
situations qu'ils ne soupçonnaient pas, tel ce flic mexicain (Luis
Guzman) qui réclame un pot de vin. Chaque fois, David et les autres
doivent trouver une solution, si possible très scabreuse (ici
satisfaire sexuellement le flic qui préfère les hommes, David force
Kenny à faire ça).
Le
gros du comique tient à la participation d'une deuxième famille,
les Fitzgerald, Don (Nick Hofferman) et Edie (Kathryn Hahn) et leur
fille Melissa (Molly Quinn). C'est d'abord une opposition de classe
sociale, pour le dire vite les Fitzgerald seraient des coincés, des
conservateurs quand les Miller seraient plus émancipés (la fameuse
scène de baiser familial), plus progressistes. Mais ces deux bouts
d'Amérique vont faire le chemin ensemble.
Ceux
qui ont vu Parks & recreations et des épisodes du Saturday Night
Live, savent que ces comédiens sont les champions de
l'improvisation. Le récit global n'a en lui-même pas franchement
d'importance. Ce qui plaît dans We're the Millers, l'un des
meilleurs films comiques de la décennie, est justement cet
attachement aux répliques qui forment le bon gag (tendance salace,
parfois scabreuse) dans une situation initiale et pour cela la forme
du road-movie est idéale.
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