Sur
une belle image colorée de galaxie intersidérale, le nom de
Diamantino s'affiche quelques secondes. Il est une star du football,
adulé par des milliers de supporters venus dans ce stade immense que
la voix off compare à la Chapelle Sixtine, rien de moins. Le
football, surtout au Portugal, est une religion et Diamantino
(Carloto Cotta, l'acteur était le très joli moustachu dans le très
beau Tabou de Miguel Gomes) est le Dieu du ballon rond. Ce
long travelling au dessus de la ville nocturne et qui débarque sur
ce stade embrase le destin de Diamantino.
Le
match de foot qui entame Diamantino se soldera par l'échec du
tir au but du joueur. Il s'imagine aidé dans sa tâche majestueuse
par des « petits chiens poilus » qui débarquent sur la
pelouse du stade le tout dans un nuage vaporeux rose qui flotte tel
une rêverie ouatée. Des petits chiens qui apparaissent comme des
toutous géants et remplacent les autres joueurs. Diamantino est
l'homme phare du football portugais, le seul, l'unique, mais en
ratant son tir, il devient le moins que rien, le paria du football,
et le pauvre gars ne comprend pas ce qui lui arrive.
Que
faire quand il ne joue pas au football, traîner sur son yatch avec
son papa chéri et découvrir que parfois la vie n'est pas marrante.
Sur une faible embarcation, il croise des réfugiés africains. Tino,
comme l'appellent ses deux sœurs, des jumelles méchantes comme les
sœurs de Cendrillon, qui profitent son argent et de sa notoriété,
a envie d'aider les gens et il veut adopter un petit « fugié »,
le pauvre footballeur n'est pas capable de dire « réfugié »,
il ne sait même pas ce que ça peut être un réfugié, il croit que
tout le monde est riche.
Dans
son château, loin de la ville, loin des tumultes, dans la campagne,
il va accueillir Rahim (Cleo Tavares), petit immigré africain. Il
lui installe une chambre avec plein de jouets, il lui donne à boire
du soda Bongo, il le nourrit avec des gaufres au nutella et à la
chantilly. Tino, torse nu, fier de son corps athlétique (Carloto
Cotta est souvent à moitié nu, en slip, en short, en survèt),
arrive dans la chambre du fils adoptif et tel un Cristiano Ronaldo
plus vrai que nature, fait quelques photos pour les réseaux sociaux,
content de sa bonne action.
A
vrai dire, le film ne serait pas franchement palpitant s'il n'était
qu'une critique du star system et s'il s'en prenait qu'au pauvre
Cristiano. Les deux cinéastes américains, qui signent leur premier
long-métrage, prennent des voies plus surprenantes et font dévier
leur récit vers le fantastique et la science-fiction avec un haut
sens de l'absurde et un constant humour. Il est aussi une farce
politique où le spectre de l'extrême droite hante les simples
d'esprit, les manipule, Tino sera l'objet d'enjeux politiques et
scientifiques qui le dépassent.
Rahim
n'est pas un adolescent mais une femme nommée Aisha et Aisha aime
Lucia (Manuel Guedes) qui se déguise parfois en religieuse. La
sexualité est l'un des motifs les plus troublants de Diamantino,
son personnage éponyme ignore ce qu'est le sexe, Son corps se
transforme comme celui des jeunes garçons sauvages de Bertrand
Mandico se transformaient. Il faut voir dans ces films comme une
Nouvelle vague sur les cinéma des genres, sexualité et série B
comme le renouveau d'un cinéma d'auteur d'économie modeste mais
puissant en évocation.
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