Deux
jeunes et sympathiques gaillards, le brun et futé Travis (Ben
Johnson) et le roux et candide Sandy (Harry Carey Jr) espèrent
vendre les chevaux qu'ils viennent de capturer en territoire navajo.
30 $ pièce espère Travis, le gentil Sandy est incapable de compter
combien ça ferait, mais il n'aurait jamais eu autant d'argent en
poche. Ils débarquent dans un village du far West et les proposent
au shérif. Il en choisit un, grimpe sur son dos et Sandy, facétieux,
siffle, le cheval se cabre et fiche par terre le shérif.
Observant
de loin, deux hommes et une femme s'approchent. Elder Wiggs (Ward
Bond) demande aux deux jeunes s'ils boivent, s'ils fument, s'ils sont
mariés. Non, non, non. Il demande le prix, 50 $. Là, l'ancien
éructe, commence à jurer sous le regard réprobateur de Perkins
(Russell Simpson) qui le gronde de professer de telles paroles quasi
blasphématoires. Prudence (Kathleen O'Malley) la jeune femme, sourit
de la dispute entre son père et Wiggs à moins qu'elle ne réponde
au sourire de Sandy qui la trouve ravissante.
Le
shérif est ravi que les deux vendeurs de chevaux acceptent de guider
Wiggs et sa troupe. « Les Clegg, des colporteurs, des Mormons,
des vendeurs de chevaux, on n'en veut pas dans cette ville ».
Car Wiggs et Perkins sont Mormons. Ils traversent les Etats-Unis pour
s'installer au bord de la rivière San Juan. Le Convoi des braves
est un road movie où une caravane va traverser des paysages
superbes (en noir et blanc) et rencontrer, à peu près toutes les 20
minutes, histoire de relancer le récit, des groupes d'autres
voyageurs.
Comme
le shérif l'a annoncé, ce sont d'abord les colporteurs qui sont sur
leur chemin. Au milieu du désert, sans eau, ils ont été obligés
de boire de l'alcool pour ne pas mourir de soif. Un docteur, au
chapeau claque, Miss Phyffe et Denver (Joanne Dru) que Travis trouve
à son goût. Comme toujours chez John Ford, les femmes ne se donnent
pas facilement aux hommes et la tentative de séduction de Travis
dure pendant tout le film. Elle se refuse à lui, pestant qu'il ne
lui plaît pas mais avouant à Miss Phyffe qu'elle est amoureuse.
Lors
d'une étape, tout le monde danse sur une piste aménagée. Parmi les
musiciens, Sœur Leydard (Jane Darwell), personnage comique,
elle joue de la corne terriblement mal, cassant les oreilles de tous.
Travis invite Denver et Sandy invite Prudence, créant la jalousie de
Jackson (Chuck Hayward), un Mormon à qui elle est destinée. Ceci
étant, les quelques scènes de danse sont parmi les plus belles du
film. John Ford les réussit toujours, elles organisent les rapports
entre les personnages, leur révélant leur vérité.
La
danse est interrompu par Clegg (Charles Kemper) et ses quatre fils,
le troisième fardeau selon le shérif. Les Clegg, des affreux jojos,
sont présentés en ouverture du Convoi des braves, avant même que
le générique ne soit lancé, ce qui était en 1950 une chose
inédite. Les Clegg sont des gangsters sans foi ni loi, John Ford les
filme la plupart du temps accroupis comme s'il s'agissait de chiens,
d'animaux sauvages, leurs yeux sont ceux de fous, toujours envieux de
posséder ce que les autres ont, femmes comme biens.
Le
convoi repart avec ces cinq nouveaux pensionnaires avant de croiser
des Indiens, la quatrième plaie. L'un des fils Clegg veut « en
abattre un » par pur plaisir, mais les Mormons vont discuter
avec les Apaches. Difficile de contrôler ces quatre fistons Clegg,
l'un tente de violer une Indienne, Elder Wiggs condamne le à être
fouetté en public, c'est Jackson qui pratique le châtiment,
imaginant sans doute que c'est Sandy, son rival amoureux, qui reçoit
les coups. Plus tard, les Clegg se vengeront en prenant les rennes du
convoi.
Tourné
entre La Charge héroïque et Rio Grande, sans vedettes
(Henry Fonda ou John Wayne) pour porter le film, Le Convoi des
braves adopte une forme plus nonchalante. Coupant rapidement
court à l'éventuelle combat contre les Indiens, une question de
budget. Le film rappelle la traversée du trio du Fils du désert,
on en retrouve quelques éléments sur la part de moral à adopter.
Le Convoi des braves est l'un des rares films à mettre en
scènes des Mormons dans une vision bienveillante et contrastée non
dénuée d'humour.
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