lundi 5 novembre 2018

Le Convoi des braves (John Ford, 1950)

Deux jeunes et sympathiques gaillards, le brun et futé Travis (Ben Johnson) et le roux et candide Sandy (Harry Carey Jr) espèrent vendre les chevaux qu'ils viennent de capturer en territoire navajo. 30 $ pièce espère Travis, le gentil Sandy est incapable de compter combien ça ferait, mais il n'aurait jamais eu autant d'argent en poche. Ils débarquent dans un village du far West et les proposent au shérif. Il en choisit un, grimpe sur son dos et Sandy, facétieux, siffle, le cheval se cabre et fiche par terre le shérif.

Observant de loin, deux hommes et une femme s'approchent. Elder Wiggs (Ward Bond) demande aux deux jeunes s'ils boivent, s'ils fument, s'ils sont mariés. Non, non, non. Il demande le prix, 50 $. Là, l'ancien éructe, commence à jurer sous le regard réprobateur de Perkins (Russell Simpson) qui le gronde de professer de telles paroles quasi blasphématoires. Prudence (Kathleen O'Malley) la jeune femme, sourit de la dispute entre son père et Wiggs à moins qu'elle ne réponde au sourire de Sandy qui la trouve ravissante.

Le shérif est ravi que les deux vendeurs de chevaux acceptent de guider Wiggs et sa troupe. « Les Clegg, des colporteurs, des Mormons, des vendeurs de chevaux, on n'en veut pas dans cette ville ». Car Wiggs et Perkins sont Mormons. Ils traversent les Etats-Unis pour s'installer au bord de la rivière San Juan. Le Convoi des braves est un road movie où une caravane va traverser des paysages superbes (en noir et blanc) et rencontrer, à peu près toutes les 20 minutes, histoire de relancer le récit, des groupes d'autres voyageurs.

Comme le shérif l'a annoncé, ce sont d'abord les colporteurs qui sont sur leur chemin. Au milieu du désert, sans eau, ils ont été obligés de boire de l'alcool pour ne pas mourir de soif. Un docteur, au chapeau claque, Miss Phyffe et Denver (Joanne Dru) que Travis trouve à son goût. Comme toujours chez John Ford, les femmes ne se donnent pas facilement aux hommes et la tentative de séduction de Travis dure pendant tout le film. Elle se refuse à lui, pestant qu'il ne lui plaît pas mais avouant à Miss Phyffe qu'elle est amoureuse.

Lors d'une étape, tout le monde danse sur une piste aménagée. Parmi les musiciens, Sœur Leydard (Jane Darwell), personnage comique, elle joue de la corne terriblement mal, cassant les oreilles de tous. Travis invite Denver et Sandy invite Prudence, créant la jalousie de Jackson (Chuck Hayward), un Mormon à qui elle est destinée. Ceci étant, les quelques scènes de danse sont parmi les plus belles du film. John Ford les réussit toujours, elles organisent les rapports entre les personnages, leur révélant leur vérité.

La danse est interrompu par Clegg (Charles Kemper) et ses quatre fils, le troisième fardeau selon le shérif. Les Clegg, des affreux jojos, sont présentés en ouverture du Convoi des braves, avant même que le générique ne soit lancé, ce qui était en 1950 une chose inédite. Les Clegg sont des gangsters sans foi ni loi, John Ford les filme la plupart du temps accroupis comme s'il s'agissait de chiens, d'animaux sauvages, leurs yeux sont ceux de fous, toujours envieux de posséder ce que les autres ont, femmes comme biens.

Le convoi repart avec ces cinq nouveaux pensionnaires avant de croiser des Indiens, la quatrième plaie. L'un des fils Clegg veut « en abattre un » par pur plaisir, mais les Mormons vont discuter avec les Apaches. Difficile de contrôler ces quatre fistons Clegg, l'un tente de violer une Indienne, Elder Wiggs condamne le à être fouetté en public, c'est Jackson qui pratique le châtiment, imaginant sans doute que c'est Sandy, son rival amoureux, qui reçoit les coups. Plus tard, les Clegg se vengeront en prenant les rennes du convoi.


Tourné entre La Charge héroïque et Rio Grande, sans vedettes (Henry Fonda ou John Wayne) pour porter le film, Le Convoi des braves adopte une forme plus nonchalante. Coupant rapidement court à l'éventuelle combat contre les Indiens, une question de budget. Le film rappelle la traversée du trio du Fils du désert, on en retrouve quelques éléments sur la part de moral à adopter. Le Convoi des braves est l'un des rares films à mettre en scènes des Mormons dans une vision bienveillante et contrastée non dénuée d'humour.






















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